Nous revoici à nouveau face à l’écran, pour de nouvelles cartes postales.
Mais avant cela, notre grand jeu de l’été !!! trois bonnes réponses me
sont parvenues. Trois personnes aussi atteintes que moi ? Non, juste trois
personnes qui ont le sens du symbole, le sens de l’humour (si c’est comme moi,
alors c’est grave, quand-même !)
C'est une maison bleue
Adossée à la colline
On y vient à pied
On ne frappe pas
Ceux qui vivent là
Ont jeté la clé
Adossée à la colline
On y vient à pied
On ne frappe pas
Ceux qui vivent là
Ont jeté la clé
(Maxime Leforestier)
Une carte postale datant du 8 août: nous nous sommes rendus à Gasthuisberg
pour un contrôle suite à l’opération de juin. J’ai fait part de mes craintes au
Professeur (moins de force dans les doigts, de motricité dans le bras gauche,
douleurs aux épaules et à la nuque après l’opération, …). Il m’a rassuré, me
disant que je ne devais pas m’en faire, que c’est le chemin normal après cette
opération. Les douleurs sont dues aux muscles qui ont été déplacés, étirés, peu
ou pas utilisés par après. C’est aussi un cercle vicieux: je fais peu
d’exercices physiques, donc j’ai peu de force; si je fais de la musculation,
cela me fait mal, donc j’en fais peu. Peu d’exercices signifie prise de poids,
donc plus d’efforts pour me mouvoir… Tout est une question de patience… qui se
compte en mois. C’est vrai que je commençais à paniquer, craignant de perdre
force et motricité dans le bras, de me retrouver avec un bras paralysé. Je ne
voulais pas alarmer Madicte (mais en même temps, c’est elle qui m’habille et me
déshabille chaque jour, n’ayant réellement plus de force dans le bras gauche;
donc elle voit que ça ne va pas). Il n’en est rien ! Le soir même, soulagé
en repensant aux paroles du Professeur, je me sentais terriblement émotif. Nous
regardions la TV et les larmes coulaient discrètement: toute la tension s’en
allait. Je reste encore avec cette limite physique, mais, comme dirait le
philosophe Prohey – Minand, grand ami de Annaïk Laborné, sans cette épée de
Damoclès qui me pend au bout du nez…
Carte postale « auto » : la nouvelle voiture est arrivée au
garage où elle va subir les transformations et adaptations pour que je puisse
la conduire seul. Premiers essais : fauteuil chauffeur, commandes
accélérateur et frein à positionner correctement. Le lift est déjà en
place ! Madicte disait qu’elle voyait des étincelles dans mes yeux… C’est
vrai que cette échéance se rapproche ! Bientôt autonome… pour les
déplacements. J’ai fait un tout petit tour pour que le mécano m’explique le
principe des commandes manuelles (gaz et frein).
Une carte postale difficile à qualifier: dans mon chemin vers l’autonomie,
je me vois demandeur de certaines choses qui me rassurent, qui me permettent de
m’affirmer. Le besoin d’avoir mon trousseau de clefs de la maison, de
l’appartement, pouvoir payer moi-même des achats avec ma carte de banque,
m’occuper seul des poubelles, du tri des cartons et papiers, choisir un livre
ou une BD dans la bibliothèque. Mais dans le même temps je dois faire appel à
Madicte quand un sac poubelle est trop lourd, j’oublie mon trousseau de clefs,
n’ayant plus le réflexe de devoir penser à de tels détails quand nous partons
quelque part. Si nous sommes ensemble au magasin, Madicte va sortir sa carte de
banque pour payer, sans penser à mal… juste par habitude. Il me faut passer par
un intermédiaire pour avoir un livre ; et encore… dans certains cas c’est
à moi de dire précisément où peut se trouver le livre souhaité. Or… depuis que
nous habitons au rez- de-chaussée, tout l’étage a été chamboulé ! La
bibliothèque est devenue une caverne d’Ali Baba ; on y a entreposé les BD
horizontalement: bonne chance pour aller pêcher un livre tout en-dessous de la
pile ! J’ai l’impression que mon univers se rétrécit: plus de travaux au
jardin, pour ainsi dire plus de travaux ménagers, etc… Déjà vivre en chaise
roulante, c’est assez diminuant (si si, quand-même), mais quand de petits
détails viennent rajouter une frontière à mes limites, c’est dur. Dois-je me
défaire de mon trousseau de clefs ? Si nous faisons des achats ensemble,
qu’est-ce que ça peut faire que ce soit Madicte qui paye, ou moi ? Il y a
cependant la nouvelle voiture qui arrive bientôt… ce sera une sensation de
liberté, d’autonomie !
Le jardin reste un sujet de préoccupation… Nous sommes aidés par la
famille, par les amis, et autant j’apprécie tout ce qui est fait, autant je me
sens encore rongé par tout ce que je ne sais plus faire. Lâcher le passé fait
partie de mon chemin, mais je sens que ce passé s’accroche à moi (ou peut-être
est-ce moi qui m’y accroche ?) Ma nouvelle Vie avance, elle est devant moi
mais il m’arrive de me retourner. Le bon sens (et vous tous) me dit qu’il ne
faut pas rester tourné vers le passé. Et pourtant certains domaines font mal
dans leur nouvelle version. Mes calculs montrent qu’une aide mensuelle (famille
et amis qui viennent retrousser leurs manches au jardin) représente en moyenne
70 heures. Ce sont 70 heures que je prestais moi-même autrefois. « C’est
là qu’est l’os ! »
Het is echt
moeilijk voor het ogenblik. Soms blijf ik “droog” een paar dagen, en soms op
een dag heb ik 3 of 4 luiers nodig, en soms evenveel propere broeken, en
evenveel douchen! En mijn lieve Bénédicte die blijft rustig, die zegt dat het
niet erg is, dat ze is daar om mij te helpen. Een engel!!! Altijd met rust
actief zijn, klaar om mij te steunen. Ik vind het zo leuk als jullie thuis
komen: babelen, snoepen, hulp voor een afwas die daar lag, water geven aan de
bloemen. Samen lachen. Ik mis contact met mensen. Oh, het is zo leuk, zo mooi
om met Bénédicte te zijn, maar soms heb ik anderen contacten nodig. Ik zal
binnenkort mezelf kunnen verplaatsen, maar ondertussen wacht ik op jullie
bezoeken.
Bénédicte is een
week met een vriendin naar zee geweest. Juist als de vorige keer was ik thuis
alleen: kiné drie keer/week, poetsvrouw twee keer/week, psy aan huis een
keer/week, vier bezoeken op deze week, Emilie en Jan wonen hierboven, levering
materiaal thuis, verpleegster twee keer/dag, … Noemt U dat Pierre thuis alleen
laten?
We zijn de eerste
week van september naar Oostende geweest, een week sessie voor Bénédicte (Op
adem komen aan zee). Het was in de vroegere Koninklijke Villa. Personeel echt
vriendelijk: kleine familiale sfeer. Een week (nog!!!) zonder zorgen, zonder
laptop, zonder administratie. Ik mocht mee, maar niet deelnemen aan de
activiteiten: het was juist voor mensen die kanker hebben, of hebben gehad. Voor
Bénédicte (en ook voor mij) was het de gelegenheid om ongelofelijke en moedige
mensen te ontmoeten. We waren met drie echtgenoten ter plaats. Soms samen, soms
elk op zijn weg appart. Ik heb veel kunnen lezen en wandelen met de handbike.
Merci pour les encouragements, les visites, les repas apportés tout
préparés ou faits sur place: vous êtes des anges gardiens !
Idées musique ?
Une chanson de mon enfance, à cette époque je ne comprenais rien aux paroles,
à 10 ans c’est la mélodie qui compte: Le ruisseau de mon enfance, de Salvatore
Adamo. Je n’ai jamais su s’il parlait de la Trouille ou de la Haine… Tiens,
savez-vous que c’est la Haine qui a donné son nom au Hainaut ?
Avez-vous vu Johnny Clegg avec Nelson Mandela (Asimbonanga) ? Le
sourire de Mandela est terrible ! Quel Homme !!!
Et aussi, pour finir, quelques variations sur un même thème… (Dueling banjos) :