jeudi 1 mars 2018

Le Colonel Moutarde, dans la bibliothèque, avec une clé anglaise



Me revoici, avec d’autres cartes postales. Pas très originales, mais c’est mon quotidien.

-      Madicte est partie en ville. Je vais essayer de lui préparer le repas pour son retour… J’avais acheté des chicons et du jambon avec l’idée de faire un gratin aux chicons. En avant ! Il faut vous dire qu’en 35 ans de mariage, j’ai toujours préparé ce plat en cuisant les chicons dans l’eau, sans jamais recevoir de plainte ou de critique. Mais voilà que cet hiver Madicte a aussi fait un plat de chicons au gratin et j’ai assisté à la préparation. Or… elle étuve les chicons plutôt que de les cuire dans l’eau ! J’ignorais… Donc aujourd’hui, je m’aligne sur sa technique et passe les chicons à la pwal (oui, petite digression : j’écris pwal, parce que ça se prononce pwal. Petit clin d’oeil à ma belle-mère qui prononçait pwèle, parce que pwal, ça avait une connotation  aisselliène, voire pubienne trop évidente ! Et donc à éviter…). Bon, j’en reviens à ma préparation : j’étuve en laissant légèrement caraméliser. Pendant ce temps-là je vais rendre visite au congélateur (voir carte postale précédente) et y trouve du fromage râpé. Avec les précautions d’usage, j’emballe les chicons dans du bon jambon, je verse la béchamel, je saupoudre généreusement de fromage râpé, non sans avoir légèrement laissé tomber un tapis de noix de muscade entre la béchamel et le fromage. On passe au four, on obtient une belle croûte. Et on sert à sa femme, ravie de n’avoir qu’à sortir le plat du four. Oui… la position du four et le manque de rotation de mon poignet m’empêchent de prendre le plat moi-même en toute sécurité. Tout ça pour vous dire que j’attends que notre cuisine soit vraiment adaptée. Potferdeke ! Tout est compliqué dans cette cuisine. Le temps devient long, long, long. Vous allez me dire de regarder ce qui est déjà fait. Merci, ça m’encourage ! Cela va faire 3 ans dans 2 mois que je suis rentré à la maison (avec des aller-retour en clinique). 3 ans de patience, ou d’impatience, c’est selon les jours. Cela me mène à la carte postale suivante :

-      J’ai relu l’entièreté de nos textes écrits depuis 3 ans et demi. Certains souvenirs précis me sont revenus en mémoire : tous les gestes que je ne savais plus faire, tout ce que j’ai réappris, reconstruit. Tout ce que j’ai appris aussi, c’est à dire faire en fonction de mes limites, apprendre à rouler en chaise roulante, apprendre à me laver seul, à aller seul à la toilette, à m’habiller seul, à aller seul au magasin, au garage, à me lancer avec mon handbike sur des chemins que je connaissais si bien autrefois, dans notre région, et qui me sont apparus comme  inconnus quand je les ai repris. Je me suis souvenu des douleurs chez les kinés, pour faire refonctionner des muscles partis en vacances, pour parvenir à plier le bras afin d’amener ma fourchette à la bouche, arriver à trouver confiance en moi pour me transférer, pour franchir des obstacles… Quand on sait le faire, on ne pense plus au chemin parcouru ! Je suis content d’avoir relu tout ça, ainsi que mon cahier de chronologie des événements. Ce qui m’amène à la carte postale suivante :
-      Parmi les stagiaires kinés de Pellenberg, il y avait Johanna.



Johanna, que vous voyez ici à mes côtés, ne travaillait pas habituellement dans cette position ! Cette photo fait partie du lot de photos prises après que je sois parvenu à décoller mon bras droit de la table (de mémoire, en septembre 2014). Nous avions tous droit à une pause cette fois-là ! Bon, j’en reviens à Johanna : depuis longtemps elle a fini ses études et pratique donc en tant que kiné. Or… il se fait qu’elle a trouvé un job de kiné en Suisse, dans une clinique pour enfants. Elle est partie début février. Nous avons fêté son nouveau boulot en allant à deux chez Pizza Hut. J’admire son courage et sa force : lâcher ainsi tout en Belgique et partir seule vers l’inconnu, ou presque. Elle va travailler dans la partie germanophone. Je lui ai enseigné les bases de survie du Belge en Suisse Alémanique : Lindt, Toblerone, Suchard, Milka, … Grâce à moi elle ne devrait pas mourir de faim. Lors de notre petit repas en tête à tête, j’ai proposé de lui montrer les aménagements de la voiture et donc après avoir vidé nos assiettes, nous nous sommes rendus sur le parking, où je lui ai montré comment je me transférais. Elle qui ne m’a connu que dans une chaise électronique, ne sachant pas me transférer, tombant régulièrement dans les pommes, ou qui est venue me rendre visite à Gasthuisberg lors de mes opérations, a été surprise par la fluidité et la précision de mes gestes (un peu fier, que j’étais ! mais aussi cela m’a rappelé d’où je venais en matière de revalidation !).

-      Nous avons passé une semaine à Koksijde : là je peux cuisiner à l’aise, faire la vaisselle, laisser Madicte se reposer, lire, tricoter, … Comparé aux facilités de Zepperen, Koksijde est vraiment bien adapté ! Un jour… on y arrivera sans doute. Pour le moment l’équilibre des tâches ménagères à la maison est très fort au désavantage de Madicte. Heureusement, elle ne compte pas !

-      Nous avons été invités à l’anniversaire surprise de Brigitte,  notre Inspectrice principale, MA Lumière des Lumières. Comment vous parler du bonheur de revoir les collègues ? De retrouver certains de leurs époux, d’en rencontrer d’autres pour la première fois? C’est un fameux bout de mon Histoire, les profs de religion du Brabant…
-      Autre beau moment : Patrick, un frère de Madicte, et Lut son épouse, nous ont invités au premier anniversaire de leur nouveau boulot. Les orages de la Vie ont voulu qu’ils repartent de zéro, ailleurs. Entreprendre cela, à l’approche de la soixantaine, cela mérite un fameux coup de chapeau !

-      Parmi les sportifs du mardi, il y a Bart, un homme très rieur. Il a été amputé d’une jambe et se déplace soit avec une béquille et sa prothèse, soit en chaise roulante. Moins lourd et davantage musclé que moi, il réalise des pointes de vitesse olympiques et a une endurance impressionnante. Voilà que notre Bart doit repasser sur le billard : infection à l’intérieur de sa cicatrice. Il va nous manquer durant quelques semaines. C’est un peu notre lot, à nous les cassés qui voulons nous tenir droit… Il y a des hauts et des bas… personne n’y échappe.

-      We zijn Marieke Vervoort gaan bezoeken in Diest. Sinds meer dan 4 weken blijft ze in bed. Het was niet duidelijk in mijn koppeke: ging ik ze bezoeken voor mij, of voor haar? Natuurlijk zou het eerst om haar te steunen zijn, om onze Marieke een plezier te doen. Maar ik weet wel hoe zij belangrijk is voor mij: wanneer we samen in Pellenberg waren heeft ze zoveel gedaan, zoveel gegeven. Hier, in Diest zei ze dat ze jaloers is op mij (van mij te zien bewegen in mijn rolstoel). Ik begreep dat heel goed, gezien haar situatie. Maar zij mocht ook fier zijn: als ik zover ben, dat is ook dankzij wat ze mij gegeven heeft. In haar kamer, toen we binnen kwamen, was er een meneer, die zich voorstelde: “Ik ben Ben”. Ik kende hem niet, dan wouw ik niet beginnen met zotte toeren… Ik had graag gezegd “Ik pierre Pierre” maar… af en toe serieus zijn, dat kan ik nog! Onder tussen is Marieke in Jette, waar Bénédicte en ik al twee keer zijn geweest om haar Reiki te geven. Oh mens! Het is echt zwaar om iemand zo te zien achteruitgaan! We hebben al mensen zien liggen sterven… het is moeilijk, maar hier iemand zien pijn hebben, die nog wil leven om afscheid te kunnen nemen van haar mama (die ook in een kliniek ligt), dit is echt heel moeilijk. Pijn 24/24 u, en zeggen “ik wacht nog om weg te gaan” (ze heeft voor euthanasie gekozen ). En toch blijft ze moedig en behoudt ze haar humor! Dank U Marieke!

Merci à tous et toutes pour votre soutien, votre amitié, votre aide si précieuse, merci pour vos attentions sous tant de formes différentes! Vous faites partie de notre route !