vendredi 12 juin 2020

A l’époque où Jean Sans Terre d’Angleterre était le Roi, Dominique notre père combattit les Albigeois.





Ce vendredi, il y a 6 ans que j’ai été victime d’un accident de la route. Il y a 6 ans, Olivier, tu m’as sauvé la vie ! Depuis lors je n’ai jamais regretté d’être encore là. Je sais ce que je te dois. Réanimé trois fois en un quart d’heure… il fallait que tu y croies. Tu l’as tenté, tu as réussi. MERCI encore une fois. C’est toi qui es arrivé le premier sur les lieux de l’accident (quand-même 40 m à parcourir…) et selon les procédures engagées dans un cas pareil, le premier secouriste compétent arrivé garde la gestion et la direction des opérations sur place. T’as bien fait mon gars ! Tout ça est gravé dans la mémoire de mon cœur.

La période de confinement a terriblement ralenti les activités ; je n’ai pour ainsi dire pas quitté la maison, hormis des balades en handbike dans la région. Pas de magasins, plus de visites chez les amis, plus de visites d’amis, plus de sport à Heverlee (ça c’est dur, le sport – c’est en fait de l’endurance - c’est une motivation efficace contre la prise de poids, l’ennui et la morosité, bien qu’à la maison la morosité ne soit pas de mise : vivre avec ma femme, c’est se réveiller chaque matin avec de nouvelles folies, des improvisations de danses en fonction de l’air qui occupe son esprit à l’heure de quitter le lit et de choisir les vêtements du jour).

En fait de cartes postales ce sera limité, ayant eu peu de sorties, de rencontres et d’activités. J’en épingle une, pas triste quand-même :

Notre ami Laurent passe à l’occasion m’apporter de la lecture. Voici deux ou trois semaines, il s’est arrêté devant chez nous et a engagé la conversation avec Madicte, lui sur son vélo au bord du trottoir, Madicte sur le pas de la porte. Madicte lui a confié que mes problèmes urologiques ne s’amélioraient pas, et lui a expliqué que j’ai des difficultés pour me sonder, que depuis mon retour à la maison en décembre 2019, je devais à nouveau porter des langes. Ce sont des choses que l’on peut confier à certaines personnes et Laurent en fait partie (à mon avis, vous qui lisez ceci en faites aussi partie sinon vous n’auriez pas droit à cette carte postale). Le petit « hic », c’est que Laurent a des problèmes d’ouïe et entend très très très mal… donc il a fallu parler très très très fort, tout en gardant quelques mètres de distance et parfois en devant répéter parce qu’il entend vraiment vraiment très très très mal. En pleine journée, en temps normal il y a du passage dans notre rue, mais à cause du confinement, c’était presque désert. Donc beaucoup de personnes ont loupé cette tranche de vie, dommage pour ces personnes ! Il y avait juste la porte du garage en face qui était ouverte, donc relativement peu de personnes ont eu droit au bulletin de santé du jour…

Ceci n’est pas très important, mais mon dernier plein de diesel datait de fin février. J’ai donc roulé avec du diesel très cher entre fin février et début juin, alors que les prix pétrolier avaient chuté. Quand beaucoup de gens roulaient « bon marché », je me payais le luxe de rouler au tarif élevé.

La maison familiale a été vendue. Un livre se referme. Le livre de notre enfance, de notre adolescence. Le rendez-vous chez le notaire avait quelque chose de surréaliste : autour d’une table pouvant accueillir une douzaine de personne, nous étions cinq. Je n’ai vu le visage des acheteurs qu’après être ressorti de l’étude, quand nous avons « tombé les masques ».
Je vais aussi vous partager que trois amis ont choisi comme activité pour fêter le déconfinement de venir faire une razzia au jardin : tronçonner, élaguer, couper, supprimer, … Je retrouve presque « mon » jardin d’il y a 6 ans. Cela m’a donné à nouveau l’envie de dépasser la limite de la terrasse et de pousser plus loin ! J’ai été pris d’une bouffée d’émotion en voyant tout ce qu’ils ont fait… et tout ce que je ne peux plus faire.

Ce sera tout pour cette fois. Prenez soin de vous ! 
Ik durf niet in het Nederlands schrijven… Dom hé? Ik weet hoe jullie dat appreciëren, maar het blijft moeilijk voor mij: praten ok, schrijven… minder ok. Ik weet dat er zijn even veel lezers van mijn  teksten in het Vlaams gebied (inbegrepen Nederland) als in het zuiden van België. Dus ga ik eindigen met ne dikke knuffel. En een speciaal gedachte aan alle collega’s die in echt speciaal omstandigheden terug naar school gaan.



vendredi 1 mai 2020

Et ces albums-là, les connaissez-vous ?




Le temps passe… Il y a peu de nouvelles, le confinement est de rigueur, le quotidien presque banal. Certains de nos proches amis ont été touchés par le corona mais s’en remettent bien. C’est presque difficile à dire, mais nous avons de la chance d’habiter à la campagne: nous sommes très vite dans les champs, dans les plantages quand nous voulons nous aérer; les personnes vivant en ville, en appartement ont parfois moins d’occasions de s’échapper pour aller s’oxygéner.
J’ai quelques cartes postales à partager.
La première est une carte postale pleine de bonne humeur. Il faut voir Madicte le matin, au petit déjeuner ! Il y a quelques jours, elle s’est mise à danser sur l’air du « Ma na ma na » des Muppets ! Une autre fois elle réinvente du Simon et Garfunkel, une autre fois c’est gare au gorille, une autre fois elle cherche les paroles d’une chanson de Renaud… Un matin elle était à la salle de bains et cherchait les paroles de la Salsa du démon. Et j’en passe ! Le matin n’est jamais triste ici. Je ne vous décrirai pas certaines chorégraphies autour du lit quand elle va chercher ses vêtements au dressing. Courage, bonne humeur, force, elle a tout l’attirail de la joie !


Une autre carte postale pleine d’émotion… Les extrêmes se cotoyent sans état d’âme. Myselle, la demoiselle qui a été présente auprès de Madicte et de toute sa fratrie pendant plus de 20 ans, s’est éteinte en douceur une semaine avant Pâques ; A cause du corona, nous ne pouvions plus lui rendre visite, mais par Whatsapp nous avons pu lui dire au-revoir. Elle ne savait plus parler, mais on voyait qu’elle était présente quand Madicte lui chantait un chant en direct. Elle caressait l’écran du smartphone de son infirmière en y voyant Madicte. Pendant des années elle a donné, elle a été présente auprès de chacun. A partir de sa mise à la pension, elle passait chaque semaine une journée à la maison, et durant des années elle allait encore un WE sur deux chez mes beaux-parents. Elle s’est occupée de la génération suivante, elle nous a tant donné (à nous et aux autres de la fratrie), je ne saurais pas tout citer. Pour Madicte, c’est un grand vide, une histoire qui se termine. Merci Myselle !


Une carte postale « même dans les vieux couples, il y a encore des « première fois ». Madicte commençait à trouver ses cheveux trop longs… Elle m’a fait confiance et je les lui ai recoupés. D’abord j’ai dégrossi aux ciseaux en essayant d’imiter les coiffeurs dans leur manière de tenir les cheveux et de couper ce qui dépassait des deux doigts de longueur. Puis j’ai égalisé avec la tondeuse. Résultat pas trop catastrophique, elle n’a pas demandé le divorce pour maltraitance, humiliation en public ou abus de pouvoir. Nous avons fait cela au jardin, laissant les cheveux dans l’herbe. Le lendemain matin Madicte a photographié une bergeronnette qui emportait des (petites) touffes de cheveux pour améliorer la douceur de son nid ! Rien ne se perd ! Une autre « première » : j’avais demandé à Madicte de s’occuper du renouvellement de l’antivirus de mon ordi. Le lendemain elle me parle de l’antivirus et me donne des détails qui ne trouvaient pas leur place dans la case « compréhension » de ma p’tite caboche. Elle parlait de mon ordi et moi, ayant en tête le problème du corona, je ne voyais pas ce que l’informatique allait régler au niveau planétaire.
Emilie nous demande ce dont nous avons besoin quand elle va faire des courses, nous sommes donc épargnés de courir le risque dans les magasins. Nos seules sorties se font au jardin ou lors des balades à vélo. La campagne est belle avec les arbres en fleurs sous le soleil et sans trop de touristes, tout cela nous donne une impression de calme, de sérénité. Madicte suit ses cours de photographie via vidéo-conférence. Elle a cousu des masques pour des amies infirmières qui font des visites à domicile. C’est du travail sérieux: il y a des plis à faire, il faut une poche intérieure pour y glisser un filtre. Dans les coffres à trésors de ma femme, il y a de nombreux tissus qui parfois me donnaient envie de faire un grand feu… Voilà que certains ont trouvé une nouvelle destination : ses draps « de jeune fille » de l’époque où elle était au pensionnat, de vieilles serviettes damassées blanches très grandes, comme on n’en emploie plus. Tout ça a servi !
Depuis le début du confinement, nous avons droit à un mini concert chaque soir à 20.00 h ! Mon beau-frère Yvan nous chante quotidiennement une chanson de Renaud ! Bravo mec ! Talent, constance, plaisir !
Je suis touché comme beaucoup veillent sur nous: des mails, des coups de fils, etc… Raymond a emporté mes roues pour y injecter un produit anti-fuites. Tant qu’il y était il a pulvérisé nos buis, qui ont pour la première fois cette année accueilli ces chenilles qui se régalent des feuilles de buis. C’est bien la plante que je préfère dans notre jardin, il y en a un peu partout, d’origines diverses, venant de Wasmes, de Thimougies, de chez Marcel le voisin, de St Michel d’Euzet, de Nieuwenhoven, … Ils ont tous une histoire. Je serais triste de les voir crever.

Quelques idées « musique » : j’ai trouvé sur Youtube la musique générique de fin du feuilleton « Alice Nevers, le juge est une femme », il s’agit du groupe Pride, le morceau s’appelle Syntax. Il y a aussi tous les concertos (certains puristes préfèrent le pluriel concerti) de Vivaldi pour piccolo. Enfin une version étonnante de la chanson de Barbara « Quand reviendras-tu ? » par Gérard Depardieu (si si).
Courage, le déconfinement est en vue à l’horizon ! (horizon : ligne fictive qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on s’en rapproche)

jeudi 30 janvier 2020

Onkruid vergaat niet



Nous revoilà, ayant tourné le dos à une année qui n’a pas été que bonne. Mais il y a pire : quand je pense à Hiroshima, le 1ier janvier 1944, où les gens se sont souhaité une bonne année, je ne m’en tire pas trop mal. Chaque jour je mesure la chance que j’ai d’être toujours là, un peu diminué mais toujours vivant !
J’ai quelques cartes postales à vous envoyer…

Une carte postale intitulée « le tout est une question de discrétion » : L’action se passe à St Truiden, au magasin de la Mutuelle, où je me rendais pour acheter des culottes anti-fuites. Imaginez un grand espace où les gens font la file de manière désordonnée devant un guichet qui est en fait un bureau ouvert sans aucune intimité. Quand vient mon tour je m’approche de la table et discrètement je demande à la dame si elle a en stock des « Pands ID », ou des « optrek broeken ».
-La dame, supposant que je suis sourd et peut-être un peu limité, me demande bien fort « Vous ne préférez pas des langes, ce n’est pas plutôt ça que vous voulez dire ? ».
-Moi « Je ne veux pas de langes, puisque je demande des culottes anti-fuites ».
-La dame « Oui, mais quel degré d’absorption vous faut-il ? »
-Moi « Ben, des qui absorbent bien, je n’ai pas la vessie d’un hamster… »
-La dame « D’accord, et quelle taille ? »
-Moi « Certainement la taille L, je suis assez grand, ça ne se voit pas quand je suis assis ».
-La dame « D’accord, mais quelle quantité ?  Nous en avons par paquets de 10, ou par cartons de 8 paquets de 10 ».
-Moi « Je prends toujours un carton, pour ne pas devoir revenir trop souvent parce que c’est un peu gênant d’acheter ça devant tout le monde ».
-La dame « Ah mais oui, je vois tout ça dans l’ordinateur : vous prenez toujours la même chose ! Vous avez raison monsieur, c’est plus simple. Et ces culottes sont aussi plus discrètes à porter que des langes ».
Grand avantage : tout le monde autour de nous sait maintenant ce qui est le plus discret.

Une carte postale « chance » : papa m’avait parlé de la deuxième voiture de Wasmes : une Peugoet 402 de 1938. Il se souvenait qu’il en existait une photo sur laquelle on voyait bon-papa de Wasmes lorsqu’il a été mobilisé en 1938. On y voyait bon-papa en tenue militaire et dans le fond il y avait la Peugeot. Dans les 3 m³ de paperasses ramenés de St Géry, j’ai trouvé LA photo ! On y voit la voiture, ou plus exactement la moitié de l’arrière de la voiture... Cette photo complète ainsi la série de photos des voitures familiales. Pour la petite histoire, papa m’a expliqué que lorsque bon-papa a été mobilisé, il s’est vu confier la conduite d’un camion. Il a simplement refusé, disant qu’il ne conduirait jamais de camion. Il a obtenu gain de cause et a été affecté à un service administratif durant quelques semaines avant d’être renvoyé dans ses foyers.

Une carte postale « philosophie » : ces derniers mois, suite au départ volontaire  de Marieke, j’ai eu l’occasion de rencontrer des gens de tous bords pour écouter des avis, des remarques et des questionnements à propos de l’euthanasie. Des gens du monde de la Loi, de la médecine, de la psychologie, de la philosophie, des parents, des enfants, des croyants et des laïcs, des personnes en bonne santé et d’autres mal en point. C’est un sujet qui brasse des idées, des opinions très différentes, souvent opposées, parfois nuancées. J’ai entendu que la Belgique est un des rares pays qui a une loi claire et nette à ce sujet : les procédures sont définies, cadrées. Le monde de la médecine est partagé entre se tenir à l’éthique professionnelle et accepter que la science et la médecine sont impuissantes dans certaines situations, mais avouer son impuissance ne veut pas dire accepter d’ouvrir toutes les portes. Le respect de la Vie passe par le respect de la personne. Le respect de la Vie passe par l’acceptation que Dieu seul décide. Qui du conjoint ou des parents ou des enfants peut valider ou s’opposer à une décision prise par une personne ? Qui peut décider pour quelqu’un d’autre si la souffrance est supportable ? Ceci ne représente que les grandes lignes de ce que j’ai entendu. Je n’ai que peu d’expérience en ce domaine, mais pour avoir vu Marieke se tordre de douleur, tomber inanimée, crier voire hurler, alors que les anti-douleurs n’agissaient plus, n’avoir aucun répit ou période sereine, l’avoir vue ainsi, je partage son choix de dire « j’ai donné, j’ai même donné le meilleur de moi-même, sur le plan sportif, sur le plan humain (elle a soutenu nombre d’œuvres), je choisi de m’arrêter parce que je n’en peux plus ». Je repense souvent à ce petit bout de phrase d’une chanson de Jacques Brel « Mais voir un ami pleurer… » et n’avoir rien à lui offrir. C’est terrible ! J’ai connu Gunther, qui en août 2014, était un pilier pour les revalidants à Pellenberg et qui en décembre de la même année a choisi de se suicider car il n’en pouvait plus de vivre avec son corps pour ainsi dire emprisonné dans le handicap. L’actualité côté néerlandophone relance le sujet de l’euthanasie ; comme de bien entendu, la presse francophone n’en parle pas tellement…

Une carte postale « Fais attention à mes pieds, espèce d’égoïste ». Je voulais entrer dans un magasin à Koksijde ; devant moi un couple de pensionnés entre également. Monsieur franchit la porte et part à droite, madame franchit la porte et s’arrête. Elle hésite, regarde à droite, fait un pas à droite, s’arrête. Puis fait un pas à gauche et s’arrête à nouveau. Je laisse passer quelques secondes puis voyant qu’elle ne bouge plus, j’avance vers la gauche, où il y a largement assez de place pour passer. Evidemment, c’est au moment où je suis à sa hauteur qu’elle se remet en route vers la gauche. Nous nous touchons. Aussitôt elle me frappe d’un coup de poing et commence à crier que je dois faire attention, que je lui ai roulé sur le pied, que c’est toujours la même chose avec les handicapés, qu’ils se croient tout permis. Si ma roue lui était réellement passée sur le pied, elle n’aurait pas eu l’occasion de me frapper (c’est assez lourd et douloureux, demandez à Madicte ! A ce moment-là, on ne frappe pas, on se centre sur sa propre douleur). Je me suis contenté d’avancer dans le magasin en continuant son argumentation, en lui disant qu’en effet, on ferait mieux de les enfermer ces handicapés, de les attacher pour qu’ils arrêtent de nuire à l’extérieur et de causer du tort aux braves gens…

Une carte postale « Madicte au quotidien » : il y a des jours où le soleil est intérieur, où il brille dans les yeux de ma femme. Je la vois alors danser soit à la cuisine, soit dans la chambre, sur une musique qui passe à la radio. Elle chante du Simon and Garfunkel aussi bien que du Joe Dassin, du Françoise Hardy. Sa bonne humeur me porte, me relève à l’occasion. Cette chance que nous avons de faire ensemble la même croisière, avec son lot de tempêtes et de vents favorables me fait croire en la Vie ! Tu es terrible ma douce ! Tu dédramatises mes soucis, tu ris là où je voudrais râler, tu souris là où je voudrais m’excuser.

Parmi les cartes postales de notre enfance, en voici d’autres retrouvées au fond d’un vieux carton :
Au début du mois de septembre, il y a avait le rituel des cahiers à recouvrir. Papa était le champion dans ce domaine. Je le regardais faire, comment il pliait, coupait, demandait que l’on mette un doigt sur un pli. Jamais il n’utilisait de papier collant : ses pliages suffisaient à tout maintenir. Quand nous allions en vacances à la mer, on faisait des trous dans le sable sur la plage pour trouver de l’eau, c’était une découverte extraordinaire à chaque fois. Quand on allumait la radio ou la TV, les lampes devaient chauffer, il fallait attendre quelques secondes avant de pouvoir entendre ou voir l’émission. A propos de chauffer, quand nous avions de la fièvre, maman secouait le thermomètre, pour baisser le niveau de mercure. Sur les bouteilles de lait Stabilac, il était écrit « Rincez-moi svp / Spoel mij aub ». Au collège à Bruxelles, il y a avait de la bière de table en bouteille pour le repas de midi (et aussi des cruches d’eau !), si je me rappelle bien, c’était de la Piedboeuf. Il y avait à la toilette chez bon-papa et bonne-maman de Bruxelles une petite bouteille qui contenait un liquide qui « sentait bon », ou qui du moins masquait les odeurs, c’était de l’Air Wick. Il y a 50 ans, quand on regardait les toits des maisons, elles avaient presque toutes une antenne TV. En 1968, le permis de conduire est devenu obligatoire : il suffisait de le demander à l’administration communale ; jusqu’alors, les gens roulaient sans permis de conduire. Dans le journal « La Libre Belgique », il y avait un supplément pour les enfants le mercredi « La Libre Junior ». A l’école, nous étions abonnés à un petit journal « Bonjour », « Dauphin » ou « Tremplin », en fonction de l’année où l’on était. Mon premier livre érotique : le catalogue UNIGRO (fin des années ’60), vite remplacé par le catalogue des 3 Suisses ! Les chaussures Kiekers sont arrivées dans le commerce quand j’avais plus ou moins 15 ans ; j’avais de trop grands pieds et il n’existait pas de Kiekers à ma pointure (gros traumatisme de l’adolescence : n’avoir jamais porté de Kiekers). Quand nous allions faire des achats à l’Innovation à Bruxelles, il y avait un grand vide au milieu du magasin, les rayons occupaient les côtés, un peu comme un grand balcon. Tout en haut il y avait un restaurant self-service. Les entretiens des voitures se faisaient tous les 4000 km ou une fois par an (mon véhicule actuel demande un entretien tous les 40 000 km). Quand j’avais 6 ans, nous sommes partis en vacances dans le Sud de la France ; il n’y avait pas d’autoroutes, le trajet a duré 3 jours. On disait, quand j’étais petit, qu’il ne fallait pas laisser un vélo exposé au soleil parce que les pneus risquaient d’éclater. Nous étions obligés d’aller au Salut le dimanche après- midi. Chaque enfant à son tour devait lancer une dizaine d’Ave, ayant entre les mains le chapelet du curé. Le jeu consistait à en faire plus que dix sans avoir de remarques de notre maître à penser. 1968 et 1969 ont été pour moi deux années importantes sur le plan voitures de courses : apparition de la Ford Escort puis de la Ford Capri, toutes deux mises sur les marches des podiums grâce à Yvette Fontaine. A la TV, quand il y avait des films interdits aux mineurs, ils étaient  signalés par un carré blanc dans le coin inférieur droit de l’écran (et la speakerine insistait sur le caractère « réservé aux adultes »). La série de films « Angélique » était cataloguée ainsi. On mettait de véritables bougies dans les sapins de Noël, mais il semble qu’il fallait être prudent quand-même.

Voilà, c’est fini pour cette fois-ci. J’ai redécouvert Donovan, un chanteur un peu « fleur bleue » du début des années ‘70. A l’époque j’aimais bien, mais à part deux ou trois titres, ça n’a pas bien vieilli…