Le temps passe… Il y a peu de nouvelles, le confinement est de rigueur, le
quotidien presque banal. Certains de nos proches amis ont été touchés par le
corona mais s’en remettent bien. C’est presque difficile à dire, mais nous
avons de la chance d’habiter à la campagne: nous sommes très vite dans les
champs, dans les plantages quand nous voulons nous aérer; les personnes vivant
en ville, en appartement ont parfois moins d’occasions de s’échapper pour aller
s’oxygéner.
J’ai quelques cartes postales à partager.
La première est une carte postale pleine de bonne humeur. Il faut voir
Madicte le matin, au petit déjeuner ! Il y a quelques jours, elle s’est
mise à danser sur l’air du « Ma na ma na » des Muppets ! Une
autre fois elle réinvente du Simon et Garfunkel, une autre fois c’est gare au
gorille, une autre fois elle cherche les paroles d’une chanson de Renaud… Un
matin elle était à la salle de bains et cherchait les paroles de la Salsa du
démon. Et j’en passe ! Le matin n’est jamais triste ici. Je ne vous
décrirai pas certaines chorégraphies autour du lit quand elle va chercher ses
vêtements au dressing. Courage, bonne humeur, force, elle a tout l’attirail de
la joie !
Une autre carte postale pleine d’émotion… Les extrêmes se cotoyent sans
état d’âme. Myselle, la demoiselle qui a été présente auprès de Madicte et de
toute sa fratrie pendant plus de 20 ans, s’est éteinte en douceur une semaine
avant Pâques ; A cause du corona, nous ne pouvions plus lui rendre visite,
mais par Whatsapp nous avons pu lui dire au-revoir. Elle ne savait plus parler,
mais on voyait qu’elle était présente quand Madicte lui chantait un chant en
direct. Elle caressait l’écran du smartphone de son infirmière en y voyant
Madicte. Pendant des années elle a donné, elle a été présente auprès de chacun.
A partir de sa mise à la pension, elle passait chaque semaine une journée à la
maison, et durant des années elle allait encore un WE sur deux chez mes
beaux-parents. Elle s’est occupée de la génération suivante, elle nous a tant
donné (à nous et aux autres de la fratrie), je ne saurais pas tout citer. Pour
Madicte, c’est un grand vide, une histoire qui se termine. Merci Myselle !
Une carte postale « même dans les vieux couples, il y a encore des « première
fois ». Madicte commençait à trouver ses cheveux trop longs… Elle
m’a fait confiance et je les lui ai recoupés. D’abord j’ai dégrossi aux ciseaux
en essayant d’imiter les coiffeurs dans leur manière de tenir les cheveux et de
couper ce qui dépassait des deux doigts de longueur. Puis j’ai égalisé avec la
tondeuse. Résultat pas trop catastrophique, elle n’a pas demandé le divorce
pour maltraitance, humiliation en public ou abus de pouvoir. Nous avons fait
cela au jardin, laissant les cheveux dans l’herbe. Le lendemain matin Madicte a
photographié une bergeronnette qui emportait des (petites) touffes de cheveux
pour améliorer la douceur de son nid ! Rien ne se perd ! Une autre
« première » : j’avais demandé à Madicte de s’occuper du
renouvellement de l’antivirus de mon ordi. Le lendemain elle me parle de
l’antivirus et me donne des détails qui ne trouvaient pas leur place dans la
case « compréhension » de ma p’tite caboche. Elle parlait de mon ordi
et moi, ayant en tête le problème du corona, je ne voyais pas ce que
l’informatique allait régler au niveau planétaire.
Emilie nous demande ce dont nous avons besoin quand elle va faire des
courses, nous sommes donc épargnés de courir le risque dans les magasins. Nos
seules sorties se font au jardin ou lors des balades à vélo. La campagne est
belle avec les arbres en fleurs sous le soleil et sans trop de touristes, tout
cela nous donne une impression de calme, de sérénité. Madicte suit ses cours de
photographie via vidéo-conférence. Elle a cousu des masques pour des amies
infirmières qui font des visites à domicile. C’est du travail sérieux: il y a
des plis à faire, il faut une poche intérieure pour y glisser un filtre. Dans les
coffres à trésors de ma femme, il y a de nombreux tissus qui parfois me
donnaient envie de faire un grand feu… Voilà que certains ont trouvé une
nouvelle destination : ses draps « de jeune fille » de l’époque
où elle était au pensionnat, de vieilles serviettes damassées blanches très
grandes, comme on n’en emploie plus. Tout ça a servi !
Depuis le début du confinement, nous avons droit à un mini concert chaque
soir à 20.00 h ! Mon beau-frère Yvan nous chante quotidiennement une
chanson de Renaud ! Bravo mec ! Talent, constance, plaisir !
Je suis touché comme beaucoup veillent sur nous: des mails, des coups de
fils, etc… Raymond a emporté mes roues pour y injecter un produit anti-fuites.
Tant qu’il y était il a pulvérisé nos buis, qui ont pour la première fois cette
année accueilli ces chenilles qui se régalent des feuilles de buis. C’est bien
la plante que je préfère dans notre jardin, il y en a un peu partout,
d’origines diverses, venant de Wasmes, de Thimougies, de chez Marcel le voisin,
de St Michel d’Euzet, de Nieuwenhoven, … Ils ont tous une histoire. Je serais
triste de les voir crever.
Quelques idées « musique » : j’ai trouvé sur Youtube la
musique générique de fin du feuilleton « Alice Nevers, le juge est une
femme », il s’agit du groupe Pride, le morceau s’appelle Syntax. Il y a
aussi tous les concertos (certains puristes préfèrent le pluriel concerti) de
Vivaldi pour piccolo. Enfin une version étonnante de la chanson de Barbara
« Quand reviendras-tu ? » par Gérard Depardieu (si si).
Courage, le déconfinement est en vue à l’horizon ! (horizon :
ligne fictive qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on s’en rapproche)