Nous voilà samedi soir, trois jours après l'opération de Pierre. Les douleurs terribles qu'il avait en position
horizontale avant l'opération ont disparu, signe qu'il n'y a plus de pression
sur sa moelle au niveau cervical. Il a l'impression que sa main est moins faible.
Il est extrêmement courageux, mais c'est durdur. Les infirmières sont heureusement
très gentilles et prévenantes. Le chirurgien a décidé aujourd'hui de lui donner
du valium pour diminuer la douleur aux muscles qui ont été malmenés pendant
l'intervention. Jeudi il se sentait
comme une vieille chambre à air rempli de rustines, tant il avait des petits sparadraps
sur les bras et poignets aux endroits où il avait été piqué pour les cathéters ou
les prises de sang (il a fallu piquer à plusieurs endroits avant d'avoir rempli
les différentes éprouvettes). Dire qu'il
a eu une telle phobie des piqûres! Grâce à sa psy et à notre médecin de famille
qui est très douée pour les prises de sang, il a pu surmonter quelque peu ses
peurs.
A la tête on lui avait mis de l'Isobétadine dans les cheveux au-dessus des oreilles, je me demandais bien pourquoi, jusqu'à ce que je découvre des éraflures, puis à gauche un petit trou et à droite carrément une blessure de quelques cm refermée à l'aide d'agrafes. Je ne vous dis pas ma surprise: pourtant c'était bien en salle d'op et pas en salle de dissection qu'il avait été et le chirurgien ne s'appelle pas Frankenstein...
A la tête on lui avait mis de l'Isobétadine dans les cheveux au-dessus des oreilles, je me demandais bien pourquoi, jusqu'à ce que je découvre des éraflures, puis à gauche un petit trou et à droite carrément une blessure de quelques cm refermée à l'aide d'agrafes. Je ne vous dis pas ma surprise: pourtant c'était bien en salle d'op et pas en salle de dissection qu'il avait été et le chirurgien ne s'appelle pas Frankenstein...
Il semblerait que ce soit l'armature en métal sur laquelle sa tête était
fixée pendant l'opération qui lui a causé ces dégâts collatéraux. Ça me fait
froid dans le dos. J'admire comme Pierre reste stoïque face à tout cela, moi
j'aurais envie d'avoir une explication et de demander ce qui s'est passé. Je me
doute bien que ce n'est pas le prof neurochirurgien qui est responsable de cela,
mais quand même... la tête de Pierre n'est pas un vulgaire morceau de bois
qu'on peut coincer avec des vices pour qu'elle ne bouge plus. En ses temps de
hautes technologies est-il normal d'utiliser des supports métalliques sans rembourrage
pour soutenir la tête? En tout cas, il a la tête dure mon homme, mais ça
commence à bien faire, il serait temps qu'il puisse un peu souffler et arrêter
de se ramasser la poisse...
Ses premières nuits étaient pénibles et inconfortables, j'espère que cette
nuit il pourra enfin mieux dormir. Il
somnole assez bien pendant la journée, ce qui lui permet de récupérer.
Avant son hospitalisation, Pierre a pris le temps de terminer un texte qui
était en chantier pour le blog.
Je vous le livre ici:
Je vous le livre ici:
Tout ce qui a trait à la vache m’émeut.
Ce qui suit a été écrit en plusieurs fois avant ma visite chez le
neurochirurgien, ce lundi 10 octobre ; Nous y avons appris que je dois
repasser sur le billard, comme en juin, pour les mêmes raisons. Madicte vous
l’a déjà annoncé. Cette fois ce sera quelques vertèbres plus haut. En juin,
j’appartenais au 3 % de personnes ayant une lésion qui développent une syringomyélie
après une lésion de la moelle, maintenant, je suis un cas que le Professeur n’a
plus vu depuis 30 ans… Bref, le 16 novembre on ouvre le dos pour la troisième
fois. Je vais proposer que l’on mette une tirette, on gagnera du temps les fois
prochaines.
Ce soir, c’est un peu trop. Je vais vous déballer mes petites nostalgies
comme le chante Pierre Perret. A une différence près, c’est que c’est surtout
de la colère, du ras-le-bol. Ce ne sont pas vraiment des cartes postales cette
fois.
Madicte m’achète un nouveau pantalon, je l’ai déjà « baptisé » !
Je n’ai plus de force dans les doigts de la main gauche : impossible
de presser sur mon tube de dentifrice ; impossible de débrancher une prise
de courant ; impossible d’ouvrir un sachet de chips ; impossible de
fermer un sac poubelle ; impossible de remonter les 5 mètres de la pente
depuis la boîte aux lettres ; impossible de soulever le chat pour le
mettre sur mes genoux ; impossible d’ouvrir une brique de lait ;
impossible de déboutonner une chemise ; impossible de soulever une
assiette en la gardant horizontale ; impossible de me redresser dans le
lit en poussant sur mes bras, ou en me tirant au perroquet ; impossible de
soulever mes jambes quand je suis assis au bord du lit ; impossible de me
pousser seul plus de 50 m dans ma chaise roulante ; impossible de
m’habiller ou déshabiller seul (ça fait plus de 4 mois que Madicte
s’occupe de moi matin et soir); …
Les infections à répétition, c’est usant… Les antibiotiques m’épuisent. Je
suis dans une sorte de cercle infernal, ou vicieux (au choix) : pas de
force, pas d’exercices, prise de poids, donc peu de motivation pour des
exercices physiques…
On m’a dit que cela durerait longtemps avant que tout ne revienne. Les
jours qui passent alternent peur, découragement et parfois patience.
Et toujours le sourire de Madicte, qui m’aide au moindre
« accident » - et il y en a !!! Ses paroles sont douces,
encourageantes. Pas de soupirs, pas d’agacement ; juste la douceur de son
regard, la douceur de ses mains, la douceur de ses mots. Avec au besoin une
pointe d’humour pour faire disparaître les larmes. N’oubliez pas de la soutenir, de
l’encourager. C’est elle qui porte tout. Elle a besoin de recharger ses
batteries à votre Amitié, à vos petits mots, à vos attentions, à votre prière.
Dans ce tourbillon de tourmente, il y a aussi du positif ! (« Always
look at the bright side of life ») : nous avons reçu la
nouvelle voiture. Livraison à domicile le mercredi soir ; le jeudi je
servais déjà de chauffeur pour Madicte. Elle devait passer une série de
contrôles et de tests à l’hôpital. Cette fois, elle n’a pas dû prendre le
volant d’une voiture qui la met mal à l’aise parce que trop grande. Elle n’a
pas dû chercher un parking. Elle n’a pas dû démonter et remonter ma chaise.
Elle pouvait ne penser qu’à elle, essayer de se préparer à tout ce qui
l’attendait. De mon côté, ayant parqué la voiture et en étant sorti, je me suis
senti envahi d’une bouffée d’émotion : je venais pour la première fois de
rendre service à Madicte dans le cadre de sa convalescence ! Tout ceci ne
doit pas me faire oublier de vous dire que les examens ont conclu que tout est
bon pour Madicte ! Pour revenir à la voiture, les différents baptêmes du
feu se sont bien passés : embouteillages, autoroute, manœuvres, etc…
Je me sens serein pour l’opération, je fais confiance. Les piqures ne sont
plus un souci, une inquiétude. On y passe et puis c’est tout. Merci pour les
messages d’encouragements qui arrivent ces derniers jours !
Une idée musique ? Ben, comme Léonard Cohen a décidé de nous quitter,
je me suis remis dans l’écoute de ses chansons. En fait il était fort présent
dans notre univers musical, sans que je m’en rende compte.
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