samedi 24 novembre 2018

Palestiniens, Juifs et Arméniens témoignent du fond de leurs tombeaux que génocide c’est masculin, comme un SS, un torero




Il y a trop longtemps que je n’ai plus envoyé de cartes postales… en voici donc de nouvelles.
J’ai eu la surprise de faire trois chutes ces derniers temps… Ce qui n’était plus arrivé depuis près de trois ans ! La première chez des amis : un plan incliné installé avec sueur et efficacité m’avait permis d’entrer dans leur demeure. Lors du départ, il suffisait de franchir à nouveau l’obstacle dans l’autre sens. Pas difficile, hein ? Donc juste avant d’entamer la descente je me mets en équilibre sur mes roues arrière et me lance très doucement en avant. Mais… il y avait une toute petite marche de 2 cm à franchir juste avant la descente et la combinaison du mouvement « en arrière » pour me mettre sur deux roues, combiné à la petite marche, a suffit à me déséquilibrer et je suis parti en arrière, ma tête atterrissant sur les pieds de la personne qui me suivait (donc amortissement pour moi !). Rien de grave, juste un peu de frayeur pour tout le monde.
Deuxième chute au magasin Brico de St Truiden. Je m’y rendais seul, fier de mon autonomie, pour acheter un bidon. On m’explique que je trouverai ce produit à l’étage. Facile : il y a un tapis roulant qui mène à l’étage. La dame du magasin très gentiment me demande s’il ne vaut pas mieux arrêter le tapis roulant ; très sur de moi je lui dis que non, qu’il y a une technique pour s’envoyer en l’air et que je la maîtrise parfaitement. Je monte sans problème, fais mon choix et veux redescendre par l’autre tapis roulant, celui qui descend. Ayant le bidon sur les genoux, et le tapis en pente devant moi, pour que le bidon ne tombe pas, je me dis que je vais me remettre en équilibre sur mes roues arrière. C’est logique non ? Et ça fonctionne. En tout cas sur les 30 premiers centimètres… Ici la combinaison de la pente et de mon poids sur les roues arrière m’a entrainé très vite le dos au sol. Pas de mal, pas peur… Il me suffisait de me laisser descendre jusqu’en bas de la pente. J’ai hélé la gentille dame du magasin, qui m’a attendu au bas du tapis roulant. Quelques personnes sont arrivées pour lui prêter main forte et me redresser. Parmi ces gens il y avait un couple habitant notre rue. Grâce à eux, avant mon retour à la maison, tout le quartier était au courant de ma mésaventure. Sauf ma veuve, à qui on a voulu épargner des inquiétudes. Rentré à la maison, après avoir manœuvré sur le parking, j’ai vu trois personnes passer devant moi « par hasard » et me faire un signe en me demandant si tout allait bien. Me voyant bouger, sans plâtre ni bandages autour de la tête, ils semblaient rassurés… Pour info, le bidon d’acide ne s’est pas renversé, il est arrivé à bon port (en toute sécurité).
Troisième chute, en quittant le hall de sport : la porte de sortie était fermée, il suffisait de la pousser. Pas difficile pour nous autres aguerris à toutes les difficultés du quotidien. Je pousse la porte avec une main, puis dès qu’elle s’ouvre un peu je m’accroche aux montants de la porte, vite avant qu’elle ne se referme (sinon ça fait mal aux doigts). Mais la porte étant très rapide, plus rapide que moi, je retire mes doigts et donne un grand coup aux roues pour m’élancer en contrant la porte qui se refermait. Hé hééé… là aussi, une toute petite dénivellation de deux cm maximum m’a fait basculer en arrière ! Les gentilles personnes passant par là m’ont redressé. Il y a avait entre autres Pauline, l’une de mes deux super profs de sport !
Une carte postale musicale, ça vous dit ? Madicte et moi avons un abonnement au centre Culturel de Hasselt. Nous allons régulièrement assister à des concerts. Le dernier en date offrait un panel très varié. Ca commençait avec une œuvre de Thomas Adès intitulée « Dances from Powder her Face ». Plus de 70 musiciens de très haut niveau nous ont livré une prestation hors normes : une suite de coin coin, de pataquès, de boum boum, avec l’un ou l’autre tralala tsoin tsoin et quelques dzing dzing. Confiez les instruments à des revalidants de Pellenberg et vous verrez que nous ferons aussi bien ! Je suis allergique à ce style de musique, sans doute hermétique à cet art. Heureusement a suivi le concerto pour piano et orchestre n° 5 de Beethoven (« Keizerconcerto »). Ils n’étaient plus qu’une cinquantaine de musiciens (je me suis demandé si l’on avait congédié les plus mauvais…), mais alors là, que du bonheur ! Le toucher du pianiste (Nelson Freire) était extraordinaire ! Il vivait avec son piano. Le piano respirait pour lui. Ils ne faisaient qu’un ! Comme le dit si bien le philosophe Luc Harens « WAOW ! ». Je pense que je ne touchais plus le sol à ce moment. Puis après la pause, nous avons eu droit au « Sacre du Printemps » de Stravinsky. Ici on a rappelé les mauvais car ils étaient au moins 75 musiciens. J’ai moins aimé en ce qui concerne l’aspect mélodie, dans le sens où l’on ne sait pas fredonner un air, un peu comme une rengaine ou dans un concerto, quand il y a des variations sur un thème musical. Mais assister en life à cette prestation, c’est splendide. On entend tout en le voyant : si j’écoutais cette œuvre  sur un CD je ne percevrais pas tel ou tel instrument. Ici on voit les percussionnistes (ils étaient 5), que ce soit dans de petits mouvements ou dans de grands gestes, discrets ou impressionnants, ou les hautbois, les cors et autres instruments à vent. Le balai des archets qui dansent ensemble, les musiciens qui tournent les pages de leur livret en même temps. On est au cœur de l’œuvre ! Toutes les nuances, grâce à la vue, passent aussi par les oreilles (c’est un peu le but quand on assiste à un concert). J’ai aussi eu le temps d’observer les musiciens :
-      Six contrebassistes ; certains d’entre eux tenaient leur archet en supination et d’autres en pronation. Curieux.
-      Les violonistes masculins étaient tous assis les jambes fort écartées, bien que n’ayant pas d’instrument (de musique) entre les jambes ; alors que leurs collègues féminines, habillées dans de longues robes cintrées, gardaient les jambes serrées. Par contre les violoncellistes, hommes et femmes devaient écarter les jambes pour y caler leur instrument. Ici les dames n’avaient pas de robes fuseaux…
-      J’ai compté huit femmes avec des lunettes, dont deux qui remontaient régulièrement leurs lunettes d’un petit geste avec le majeur… Geste formellement interdit dans les écoles !
-      Une exception dans les dames : une violoniste au troisième rang habillée aussi d’une robe fuseau, mais assez fendue quand même : dévoilant sa jambe gauche bien au-delà « de la mi-cuisse ». Ce n’est ni un péché ni une contre performance en soi, rassurez-vous ! Mais tout le monde n’en a pas profité … Il fallait être bien placé.
-      Pour continuer à propos de la tenue des musiciens : les hommes étaient tous en habit, sauf un. Certains portaient un gilet blanc, d’autres étaient équipés d’une ceinture en soie noire. Bref, un peu de tout. Ça me fait penser que dans notre Borinage natal, un habit se dit « un frac à queue », tandis qu’une jaquette se dit « un frac à pans ». Ne pas confondre !
-      D’où nous étions nous pouvions assister à de petites phases techniques que l’on ne pourrait soupçonner à l’écoute d’un CD : à un moment donné, le percussionniste de l’extrême gauche a donné à son collègue voisin ce qui ressemblait de loin à un gâteau, le tenant bien à plat avec précaution, comme pour ne pas le renverser. Le deuxième a transmis au troisième avec la même prudence. Je me demandais pourquoi cela, en plein concert… Etait-ce une surprise pour un anniversaire ? Je pensais aussi à la scène du film « La Grande Vadrouille » quand les musiciens  papotent entre eux. Mais je me suis rendu compte de mon erreur quand j’ai vu le troisième percussionniste taper sur le gâteau: ce que je prenais pour un gâteau était un tambourin.
Vous me direz que pour assister à un concert, si je ne fais qu’observer de la sorte, je ne profite pas vraiment de la musique. Détrompez-vous, c’est un vrai bonheur que d’assister à un concert, j’ai l’impression d’être un peu normal. J’ai le bonheur de profiter de ce plaisir en compagnie de Madicte, nous avons de temps en temps de petits regards complices, nous faisons encore des choses ensemble. L’avantage est que cela se passe à 15 km de chez nous : Madicte, qui a horreur des déplacements en voiture, n’a même pas le temps de commencer à souffrir lors de si petits trajets. Et pour ce qui est d’observer les musiciens, dans ce cas-ci, c’est certainement du au fait que je ne savais pas me laisser bercer et entrainer par la mélodie. Je tiens peut-être cela de papa : il lui arrivait en rentrant de la messe de nous faire part de ses statistiques : autant de femmes, autant d’hommes, autant du village, autant de villages voisins. Mais jamais de commentaires ou de paroles malveillantes à propos des personnes. Parfois une description comique sur un vêtement.
Carte postale « tout ça pour rien » : les kinés de Pellenberg m’ont proposé, ainsi qu’à d’autres ex-revalidants, de participer à un essai d’exosquelette. Il s’agit d’une espèce d’armature fixée aux jambes, au bassin et en partie sur le tronc qui nous permet de marcher grâce à une fine motorisation au niveau des articulations. J’avais déjà vu cela il y a trois ans : un petit film avec Marieke Vervoort équipée de ce genre d’appareil. A l’époque, cela ressemblait presque à un pantalon fait de deux Tours Eiffel. Maintenant c’est une très légère armature, vraiment discrète. Donc… je commence par remplir un questionnaire, il faut aussi l’avis de mon kiné et de notre médecin de famille. Arrivé sur place le jour prévu, je rentre mon dossier, on me propose de m’installer sur une table, on prend des tas de mesures (longueur tibias, fémurs, etc…), on me pose quelques questions. Et on termine par : « Votre poids ? » Je réponds en toute franchise « 103 kg ». Ah ben c’est bête hein ! La machine est faite pour les personnes de moins de 100 kg. Je peux donc revenir lors du prochain essai, avec 3 ou 4 kg de moins !
Une carte postale « le danger est partout » : il y a quelques jours Madicte me disait avoir vu une grosse guêpe dans le couloir menant à notre chambre. Les jours ont passé, elle a disparu (la guêpe, pas Madicte). Or… voilà que, devant plusieurs fois par jour faire usage de gants pour me sonder, je plonge la main dans la boîte de gants médicaux, en sors un gant et… une guêpe qui avait commencé son hibernation! Ça jette un froid ! Elle était en effet très grosse, mais un peu étourdie, ce qui a facilité son exécution et son décès subséquent a logiquement entraîné ses obsèques. Pas fier, le Pierrot ! Si la bestiole avait été dans le gant, que serait-il arrivé de mon doigt ? Et si elle était restée hors du gant sans que je la voie, à quelle partie de mon anatomie se serait-elle attaquée pendant que je me sondais ? Les plus optimistes d’entre vous diront que je suis de toute manière complètement insensible de ce côté-là…

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