Voilà… la
semaine passée, il y a eu un an que j’ai eu un accident ! Une des
différences avec l’année passée, c’est que j’étais à la maison le lendemain de
ce piteux anniversaire, pour fêter l’anniversaire de Madicte. Ca, c’est une
très bonne chose !
J’ai
retrouvé une carte postale de Pellenberg: il y avait dans ma rue une
institutrice maternelle qui, suite à un très grave accident, avait été amputée
d’une jambe. Circulant à vélo, elle avait été renversée par un camion, qui lui
avait roulé dessus. Très vite des automobilistes se sont arrêtés pour lui porter
secours. Entre autres un monsieur qui lui a fait un garrot en haut de la cuisse
et a inscrit l’heure à laquelle il l’avait fait. Ce monsieur a disparu. Quand
les secours sont arrivés, on a demandé à la dame depuis quand elle avait ce
garrot. Elle n’en savait rien; c’est alors que le médecin arrivé sur les lieux
a remarqué que l’heure de la mise en place du garrot était écrite sur sa jambe.
Un geste civil, discret, un anonyme qui a apporté sa petite pierre à l’édifice.
(dire que je pensais pouvoir écrire ceci sans verser une larme ! Ca ne
s’améliore pas !)
Ici, à
Zepperen, les choses bougent: les travaux d’adaptation vont commencer, du moins
la première phase. La chambre, la salle de bains, le dressing vont être adaptés
à mes mesures et besoins. J’aurai un coin bureau dans la chambre ! A moi
de ne pas envahir la chambre avec mon brol. Quand j’avais mon bureau au
grenier, mon ordre à moi ne dérangeait personne. Ici, je vais devoir me
discipliner… Après un an sans devoir rien gérer en matière de rangements, on va
rigoler ! Je commence à voir le jardin presque comme il était
« avant »; grâce à Frédéric qui vient deux fois 3 heures par semaine,
grâce à papa, Geneviève et Bernard. Sans oublier les coups de mains ponctuels
de Jacques et Martine, de Gaëtan et Hilde, de Annemie et Michel !
Madicte
est dans une période de grande fatigue, sans grande énergie. Les jours passent,
avec leur charge administrative, la gestion du matériel, … Rajoutons les visites,
le temps que nous prenons à deux, un peu de lecture et voilà comment en fin de
journée elle souhaite se laisser aller dans le canapé. Les conséquences de ses
traitements continuent, parfois s’accentuent (articulations douloureuses). Mais
à côté de cela, les cheveux repoussent ! Encore courts, très doux, ils ne
seront plus aussi roux qu’avant, mais restent très sombres, avec des nuances
rousses ! Il y a des vagues dans ses cheveux, cela me fait penser au
manteau d’astrakan de bonne-maman. Je l’appelle mon crollé bèdot ! Combien
de fou-rires, combien de larmes nous unissent !
Je
reste surpris par notre sérénité, par notre manière d’aborder les évènements,
de les encaisser. Il y a de nombreux mois, je disais que ce qui nous arrive est
arrivé au bon moment de notre Vie: la même chose quand les enfants étaient
petits aurait sans doute été une catastrophe. Notre manière de vivre l’instant
présent, de prendre ce qui vient, de relativiser le temps, faire de la Patience
un mode de Vie sont autant de moyens de rester sereins. Mais l’absence de
soucis financiers est aussi un soulagement (par exemple :Medex nous refuse
tel remboursement ? tant pis, on payera nous-mêmes !) . Je peux vous
dire que ça chiffre vite, le matériel médical ! J’ai côtoyé des
revalidants qui avaient de vrais
problèmes financiers une fois rentrés chez eux. Dans des cas comme ça, je suis
rappelé à l’ordre par les circonstances, et je sais que j’ai juste le droit de
fermer ma gu…!
Le
quotidien « clinique » m’a un peu sorti du circuit de la réalité
(disons que c’est une autre réalité, mais moins conventionnelle que le
quotidien de monsieur et madame tout-le-monde) : je n’avais pas à me
soucier de grand-chose. Mon horaire était fait pour moi, je recevais la
nourriture que j’avais choisie (dans un menu, hein ! pas tout-à-fait sur
commande !), je n’avais pas de soucis de vêtements, pas de questions
d’argent à régler, je pouvais dormir avec les tentures et les volets
ouverts ! Maintenant que me voici à la maison, je dois me discipliner pour
me maintenir en forme, je dois me discipliner pour mobiliser mes jambes
moi-même les jours où le kiné ne vient pas à la maison. Tant que je n’ai pas
accès à la toilette, j’ai une infirmière qui s’occupe de moi ; je pense
que je régresse par rapport à la fin de mon séjour à Pellenberg… Il est temps
que cette situation change !
Parmi
nos occupations, il y a pas mal de choses à évacuer de la maison: ce qui ne
servira plus, ce qui ne sert plus depuis longtemps et qui encombre, prend de la
place ici et là (vous savez : dans le genre « ça pourrait servir un
jour, peut-être »). Dans le nouvel aménagement de la maison, il faut
réorganiser armoires et rangements. Dans le cadre de ce réaménagement, nous
avons commencé à évacuer de vieux vêtements. Madicte m’a descendu des paniers
de vêtements à liquider, après approbation. Je tombe sur un panier avec mes
vêtements de jogging (Tshirts, leggings, chaussettes, shorts, etc…). Avec un
gros pincement de cœur, je me dis qu’en effet je ne courrai plus et que donc je
ne dois pas les garder. Pas marrant, mais il faut aller de l’avant !
Allez, hop, c’est parti ! J’accepte la situation… Enfin, c’est ce que
j’essaye de croire. Je ne ferai plus de jogging, mais de nouveau ceci me
confronte à mon nouveau statut. Pas marrant. Un peu plus tard, nous en parlons
à deux; c’est alors que Madicte me dit que je me suis trompé de panier:
les vêtements de sport ne sont pas à évacuer… En faisant le tri, Madicte a tout
rassemblé et se dit que cela me sera utile pour mes entrainements de handbike. Ouf !
Quelle femme ! Elle pense à tout.
Nous
continuons à fonctionner de la même manière depuis mon retour à la
maison : Madicte démonte et remonte ma chaise roulante quand nous nous
déplaçons en voiture. Elle entre et sort la chaise dans le coffre. Je pouvais
le faire à Pellenberg, dans le véhicule des ergos, mais ces mêmes gestes sont
impossibles avec notre voiture (un jour, peut-être, l’assurance acceptera que
nous changions de véhicule…). Donc, en plus de se taper tous les km au volant, elle
est aussi bodygard ! Je suis parfois gêné de voir tout ce qu’elle fait
pour moi, tout ce qu’elle fait et que je faisais avant l’accident. Reconnaissant,
impressionné, en admiration, plein de respect… mais mal à l’aise: j’essayais de
ménager ma douce, de lui épargner certaines tâches physiquement lourdes. Et
maintenant je la vois faire tout ce que je faisais avant. Ma petite femme, tu
es extraordinaire, tu es le plus beau cadeau que la vie m’ait donné ! Je
n’ai qu’admiration pour toi, pour tous les combats que tu mènes. Tu as encaissé
mon accident, puis ont commencé les parcours dans les arcannes de
l’Administration, et ton combat contre le cancer, puis la gestion du quotidien,
les visites à Ottignies, Brugman, Pellenberg, tes différentes thérapies, la gestion
du quotidien, les payements et avances diverses, les commandes de matériel dont
tu suis l’évolution, le courrier, les mails, et tant et tant ! Au risque
de me répéter, « souvent je me demande de quoi le ciel m’était redevable
pour qu’il me paye avec toi ».
Les
quelques lignes qui suivent pourraient s’intituler « coup de
gueule », mais je préfère « état d’âme »… cette période
anniversaire de la bataille de Waterloo est abondamment couverte par les médias
(francophones). Je n’ai rien contre ce genre d’évènements (reconstitutions),
mais ce que je trouve bizarre, presque incongru, c’est l’absence de
représentants officiels français. Hormis l’ambassadeur. Quand on commémore
certains évènements de la première Guerre, on sort tout le beau linge. On est
réconciliés, on est devenus alliés, on est devenus amis, nos enfants se
marient, on va en vacances chez l’un comme chez l’autre, on s’achète des
voitures, etc… En prenant à peu près les mêmes, on pourrait refaire Waterloo
(pardon : Braine l’Alleud). Mais dans ce cas, on exclut les Français. Leur
chef était trop vilain ? Ils étaient tous méchants ? On ne s’est pas
réconciliés ? Vous me direz que les chefs de toutes les grandes familles
étaient présents, qu’ils se sont serré les mains ensemble, qu’ils ont appelé à la
Paix et à la fraternité des peuples (tiens, personne ne l’a jamais fait !).
On réunit le gotha des grandes familles descendants des guerriers de jadis, ils
s’embrassent (poliment), se racontent de bonnes blagues. Mais si certains chefs
d’Etats étaient présents, pourquoi pas les Français ? je ne comprends pas,
mais il est vrai que l’on ne m’a pas demandé mon avis cette fois-ci.
Petite
anecdote: sur le champs de bataille, côté français, se trouvait le général
Travers, baron de Jevers, qui s’illustra lors d’une charge impressionnante,
citée ici et là. En face de lui, dans le camp anglais il y a avait un officier
anglais, l’un des aides de camp de Wellington, sir Thomas Wetthnal. Six
générations plus bas, on leur trouve des descendants communs… ma femme et sa
famille. Si c’est pas une belle réconciliation, ça ?
Voilà…
pour cette fois, je m’arrête. Plusieurs d’entre vous m’ont demandé pourquoi je
trainais tellement entre deux textes… je n’ai pas de réponse précise. Je
commence un texte, puis l’abandonne pendant plusieurs jours.
Merci à
chacune et chacun pour votre soutien, vos encouragements, votre présence, vos
attentions, cadeaux, surprises, … Nous ne nous sentons jamais seuls ! Nous
savons que nous pouvons compter sur vous en telle ou telle circonstance, si le
besoin se présente nous faisons appel à l’équipe !
Soyez
heureux ! la Vie est belle !
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