Voici bien
longtemps que je n’ai plus posté de cartes postales… Peut-être ma vie est-elle
moins dangereuse ? Ou moins comique ? Encore que … avec (ou
grâce à) ma femme, il y a de bonnes raisons de rire chaque jour dès le matin !
Comment ne pas
relever ici tout ce qui nous met de bonne humeur dès le réveil ?
Complicité, rires partagés, taquineries, … Quand je vois comme la vie de
Madicte a été bouleversée le 12 juin 2014, j’admire sa capacité de rebondir,
d’encaisser. Mais aussi de ne pas se laisser faire. Ainsi, il y a quelques
semaines, le garage m’avait conseillé de venir faire faire un entretien de ma
camionnette. Je prends rendez-vous, nous convenons Madicte et moi qu’elle
viendra me rechercher quand j’aurai conduit la bête au garage. Il fallait bien
calculer, car elle n’était pas libre à volonté la coquine. Nous rentrons à la
maison, et le téléphone sonne : le garage m’informe qu’il n’est pas
nécessaire de faire un entretien. Je peux donc venir rechercher mon
camion ; on me demande juste quelques minutes pour préparer la facture.
Re-transfert dans la voiture de Madicte (à chaque fois elle démonte ma chaise
pour l’entrer dans son coffre, puis remonte la bête quand je dois sortir de sa voiture).
Nous arrivons au garage, Madicte en tête se rend à l’accueil pour demander en
quoi consiste la facture, étant donné que l’entretien n’était pas nécessaire.
Nous faire payer une facture juste pour un peu de vent, ça ne va pas le
faire ! C’est le garage qui me fait prendre rendez-vous et puis qui nous
dit que ce n’est pas nécessaire. Bref, le jeune homme qui débute dans le métier
dit qu’il va aller demander « en haut ». Madicte lui a donc dit avant
qu’il ne disparaisse qu’elle n’était pas prête à payer quoi que ce soit et
qu’elle compte bien que cela en reste là. Très poliment. Deux minutes plus tard
il revient en disant que tout est en ordre. Ah mais… c’est qu’on ne la lui fait
pas hein ! Fini d’être gentille et naïve. Mais c’est la même personne qui
peut danser et chanter autour du lit sur l’air de la salsa du démon… Ou chanter
l’Alleluia de Haëndel. Je l’aime bien comme ça !
Mon quotidien est
parfois banal, mais entrecoupé de grands et petits bonheurs, vous venez d’en
avoir un exemple, mais il y a aussi Olivier. J’ai eu la chance de devoir m’en
occuper deux fois tout seul, durant plus ou moins deux heures et demie. Donc
cela signifie donner le biberon, veiller à ce qu’il fasse son rot, lui faire la
conversation et aussi le laisser seul dans son relax dans lequel il babille et
regarde le monde qui l’entoure. Que du bonheur nom didjo ! Il nous fait de
grands sourires chaque fois qu’il nous voit, c’est un plaisir de l’avoir
« à domicile ». Le petit bout d’homme n’a plus rien à voir avec le
nouveau-né d’il y a 3 mois et demi. Il a grandi, a pris du poids, est sorti de
la période difficile de ses débuts dans la vie. Je ne vois qu’un visage heureux
entouré de ses parents. Ah oui… pour les futurs grands-pères : quand on
donne le biberon, il faut s’assurer que le capuchon qui protège la tétine du
biberon est enlevé. L’enfant boit nettement plus quand il a accès directement à
la tétine, croyez-en un expert.
Autre changement
dans mon quotidien : le CAS a repris ses activités, et donc je retourne
chaque mardi à Heverlee pour entretenir ma condition physique. Il est clair que
les premières séances m’ont montré à quel point je m’étais encroûté durant le
confinement ! Mais la motivation est là. Je retrouve certains visages, je
fais de nouvelles connaissances. La dernière séance a été supprimée car les 24
H de Leuven se déroulaient là où nous avons nos activités. Ce sont les
différentes Facultés qui s’affrontent dans une course de 24 heures sur un
circuit de 550 m. La lutte est toujours serrée entre certaines Facultés :
les ingénieurs, les médecins et les kinés-éducation physique. Les participants
se relaient à chaque fois pour un tour de piste (se passant un relais avec une
puce pour mesurer le nombre de tours) ce qui permet de maintenir un rythme très
élevé. Quand j’étais au collège à Nivelles, notre prof d’éducation physique (surnommé
Biquette) nous avait expliqué que la distance maximale pour tenir un sprint
était le 400 m. Je vous assure avoir vu des étudiants sprinter sur les 550 m,
c’était impressionnant ! C’est une véritable compétition qui n’est pas
prise à la légère : certains étudiants s’entrainent toute l’année pour
s’améliorer, pour garder la forme et un niveau élevé. A côté de cette
compétition, il y a un groupe qui s’invite chaque année : les « Run
for Specials ». Un groupe qui a le droit de courir uniquement de 10.00
h à 17.00 h (donc seulement une partie des 24 h). Il faut dire que les
sprinters font un tour en plus ou moins 1 min 20 sec (selon mes sources) et une
chaise roulante fait le même parcours entre 4 et 8 min. Notre groupe de
Condition Physique vient se joindre à Run for Specials par solidarité. Comme
chaque groupe participant n’a qu’un seul coureur à la fois en piste, cela fait
plus ou moins une vingtaine de coureurs sur le parcours, mais pour ne pas les
gêner avec nos chaises nous roulons toujours côté extérieur de la piste. Lorsque
je me suis mis en route pour mon tour, accompagné par un étudiant, j’ai
découvert l’ambiance des supporters tout le long du circuit. Il faut l’avoir
vécu pour percevoir ce que c’est! Des étudiants à un mètre de vous par
centaines qui vous encouragent, vous félicitent, vous motivent pour ne pas baisser
la cadence. Ils s’époumonnent, crient à s’en faire péter les cordes vocales,
ont des sourires et des regards extraordinaires… Pour moi qui suis très émotif,
c’était terriblement prenant ! J’ai fait 3 relais, heureusement les deux
suivants étaient moins émotifs, mais que de visages, de sourires, de
cris ! Je pense que les sprinters ne profitent pas de cette ambiance de la
même manière que ceux qui vont moins vite, ils sont réellement dans le run et
ne voient rien d’autre que la distance à parcourir. J’ai mis 4 min 37 sec pour
un tour… rien d’extraordinaire, mais savoir que les autres du groupe sont
là et attendent le relais pour démarrer… il faut le vivre pour le comprendre. C’est
encore plus impressionnant que les 20 km de Bruxelles. Je n’ai rien vu de
l’extérieur des stands placés tout le long du parcours (à l’intérieur, ce sont
les participants qui se préparent, s’échauffent, récupèrent… Côté extérieur, ce
sont les bacs de bières qu’il faut absolument vider avant la fin de la course).
C’était ma première participation, mais je compte bien revenir l’an prochain.
Ceci était une
petite parenthèse excitante dans le déroulement d’une semaine ordinaire. Merci
Pauline de t’être donnée à fond pour que nous puissions vivre cela !
Je fais
l’expérience chaque jour de ce qu’est la lenteur. J’ai déjà évoqué le fait de
m’occuper des poubelles, ou de vider le lave-vaisselle, ou de faire la
vaisselle, passer l’aspirateur dans la camionnette, préparer le repas, etc… Je
dois envisager le temps autrement. Cela me rend parfois plus philosophe, mais parfois
ça m’énerve. Je ne me décourage pas, mais je râle. Je garde cette rage pour moi,
je n’ai pas de punching ball. Tous les repères-temps sont modifiés, c’est
parfois frustrant. C’est aussi dans ces cas-là que je vois combien les
facilités matérielles peuvent m’être utiles. Tout le petit matériel, toutes les
adaptations dans la cuisine, la salle de bains, la chambre sont
nécessaires ! J’attends maintenant la phase finale des travaux :
accès à l’étage, coin à manger à côté de la cuisine pour être plus à l’aise
sans se faire mal (on se roule parfois sur les pieds). Merci ici à Daniel et
Isabelle, nos avocats.
Petite carte
postale de dernière minute : Madicte a commencé des soirées
« danse » avec un groupes de femmes du village (j’appelle ça le
« Select High Life Womens Socity of South Limburg », car il
faut d’une part être femme -ce n’est pas donné à tout le monde- ET habiter le
village, il y a des milliards de gens qui n’y habitent pas – c’est la preuve
que c’est très sélectif). Elle m’a montré une petite vidéo où l’on voit le
groupe improviser des mouvements sur une musique en tenant à deux mains un
foulard ou un voile. Le mari d’une des participantes a dit à Madicte en voyant
cette vidéo qu’elle donne l’impression de voler, de ne pas toucher le sol. Je
partage cet avis ! Comme dirait l’autre « pleine de grâce ». Par
contre certaines des participantes donnent surtout l’impression de secouer une
nappe au balcon, pour en faire tomber les miettes de pain ! C’est juste un
peu moins esthétique mais qu’est-ce que ça fait sourire…
Une idée
musique ? J’ai retrouvé une version de Shine on you Crazy Diamond de Pink
Floyd avec un orchestre de mandolines (tapez mandolin ochestra shine on you
crazy diamond) et tout autre chose, qui fait sourire : Fellag « les
noms patronimiques ».
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