jeudi 22 janvier 2015

Là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté





Me revoici face à mon écran d’ordinateur… Ce qui m’occupe l’esprit ces derniers jours, hormis la santé de Madicte, hormis ma revalidation, hormis nos enfants qui encaissent beaucoup, c’est cette fameuse actualité; je pense aux attentats de Paris.
Je ne sais pas par où commencer, quel fil de l’écheveau tirer en premier lieu. Les tueries? Les chasses à l’homme? La solidarité? La récupération politique?
Je suis déjà animé par l’idée qu’aucune conviction religieuse ne doit mener à supprimer la Vie (sa propre Vie et celle des autres), qui plus est dans le contexte présent dans un but de vengeance. Je n’ai pas de dictionnaire sous la main, mais pour moi, la vengeance est réaction infligée par une personne ayant subi un dommage; pas par quelqu’un de solidaire de cette personne. Pour moi cela s’appelle de la rage, de la haine… Nous sommes ici dans un contexte particulier, celui des convictions philosophiques. Tuer au nom de Dieu, c’est se tromper de patron ! Certains veulent donner des conseils à nos frères musulmans en matière des droits de la femme (par exemple)… Sommes-nous bien placés pour le faire? Si chacun balaye devant sa porte, il faut reconnaitre que la chrétienté, pendant des siècles, n’a pas été un exemple en matière de tolérance. Aujourd’hui encore, le KKK, aux Etats-Unis, fonde son action et ses convictions sur des passages de la Bible. Pourquoi nous autorisons-nous à donner des leçons si nous, chrétiens, ne sommes pas capables de régler des problèmes internes à notre religion ? (encore que… peu de chrétiens reconnaissent le KKK comme faisant partie de leur famille religieuse !)
Un journal comme Charlie Hebdo est une machine qui a fait du droit à la liberté d’expression son fond de commerce, tout en sachant qu’il provoquait pas mal de gens avec le modus qu’on ne blesse pas les gens: on les provoque sous le « droit » à la liberté d’expression. Si je ne m’abuse, Charlie Hedbo est né des cendres du journal Hara Kiri « le journal bête et méchant ». Ces mêmes gens-qui-n’ont-pas-le-droit-d’être-blessés  réagissent de manières différentes: il y a ceux qui se taisent, ceux qui trouvent cela très bas, ceux qui se sentent blessés voire humiliés, ceux qui en rigolent, ceux qui s’énervent, ceux qui veulent « passer à l’action », et bien d’autres encore…  Dans l’émission présentée par Naguy, passée à la TV suite aux attentats (je reconnais avoir zappé et n’ai pas vu plus d’un quart d’heure en tout), j’ai été frappé par la conjugaison de deux arguments: la liberté d’expression et la suprématie républicaine de la laïcité (ou était-ce la suprématie de la laïcité républicaine ?). Mais la laïcité présentée là (je redis, je n’ai entendu que quelques morceaux de cette émission) m’a donné l’impression d’être anti-religieuse. Ce n’est pas la laïcité que je connais, ni celle que j’imagine: celle de la tolérance et du respect, celle du libre arbitre. J’ai eu l’impression qu’il s’agissait d’un Pouvoir, presque d’une dictature. Dans l’émotion du moment, les spectateurs applaudissaient, mais étaient-ils tous conscients de ce qu’ils approuvaient ?
Il y a beaucoup de malsain dans la provocation de Charlie Hebdo. Je trouve les assassinats qui répondent à de telles provocations inacceptables, loin de toute humanité et de toute éthique religieuse. Mais ils ont été provoqués. Partout et de tous temps il y a eu des « fous de dieu » (oups, j’ai oublié la majuscule), mais la moquerie gratuite, la provocation méchante et non respectueuse sont à mon sens des actes non pas à éviter mais bien à bannir. Je préfère l’humour juif, qui rit de lui-même, de ses croyances; de même que l’autodérision des chrétiens.
J’ai beaucoup aimé les liens solides qui unissaient les Français. C’était évidemment l’image que devaient donner tous les médias !  Mais… combien d’entre eux (les Français) ne se sont pas manifestés, gardant en silence leur peur, leur haine de l’étranger qui vient s’installer en France et en Europe?
Je vais en rester là concernant le chapitre «actualité », restant prêt à débattre et à échanger avec vous (venez non armés, vous serez mieux accueillis !). Un temps de prière partagée est aussi possible (j’ai une chapelle-presque-privée) si vous promettez de ne pas vous moquer de mes convictions…

Je reviens à mes cartes postales (j’y prends goût, moi aussi).
Une première carte, assez impressionnante : dans le jargon militaire, je dirai que nous avons été renvoyés dans nos foyers vendredi. Depuis quelques jours, un vilain virus agissait à Pellenberg. Nous avons été confinés dans nos chambres dans le courant de la matinée vendredi. Interdiction de sortir, si ce n’était pour quitter le site de Pellenberg ! Le virus a pris une telle ampleur que les non malades-mais-transportables ont été invités, dans la mesure du possible, à rentrer chez eux pour le WE . Je suis donc rentré vendredi sur le temps de midi ! Retour probable ce mercredi soir…

Autre carte postale: mon retour à la maison s’est fait avec notre voiture ! J’avais commencé à apprendre le transfert dans un véhicule dans les ateliers de Pellenberg, dans une auto réservée à cet effet. Exercice difficile, pour lequel mes kinés et ergos semblaient réservés quant à son succès. Or voilà que le transfert dans notre voiture semble plus simple. Tant mieux, bien que ce ne soit que du côté passager. Côté chauffeur, c’est trop tôt pour y penser. De plus, il faudra voir si je pourrai reconduire (ce que je compte bien faire un jour !), mais on est toujours très prudent dans les pronostiques. C’est impressionnant comme en quelques mois j’ai perdu certains automatismes. Par exemple, je ne savais plus du tout comment allumer ou éteindre le moteur de la voiture! (il y a un bouton sur lequel il faut appuyer) Ma Vie à Pellenberg est vraiment loin de tout le concret, de votre quotidien. Donc : continuez à m’envoyer des cartes postales de votre Vie ! Elles me rappellent ce que sera ma Vie quand j’aurai fini ma revalidation.  Merci !!!

Carte postale maison : chaque séjour à Zepperen  nous donne l’occasion de peaufiner ce que seront nos besoins, quelles seront les adaptations nécessaires pour une vie « normale » pour moi dans nos murs. Nous sommes dans un processus encore peu précis, mais qui évolue, qui avance. J’admire Madicte qui a beaucoup de patience avec moi, qui veut faire un maximum pour moi.

Carte postale physique: je pensais avoir fait le tour des muscles qui font mal en se remettant au travail. Hé bien non: on en trouve de nouveaux chaque semaine ! Autres exercices, autres postures, mêmes douleurs. Après un certain temps, je découvre que tel exercice me  facilite un transfert, que tel mouvement se fait plus naturellement. Il arrive quasi tous les jours que, confronté à un effort physique, je jure un bon coup (style Franquin), pensant y arriver plus facilement. Il y a toujours une personne à mes côtés pour me dire son étonnement qu’en tant que prof de religion, je sois capable de tant de jurons. Ce à quoi je réponds invariablement qu’une petite prière, ça aide toujours. Revalidation est un mot « valise » qui est rempli de tant de techniques, de coordination, de patience, de confiance. Les heures d’entrainement en chaise roulante sont vraiment nécessaires. Je ne voudrais en manquer aucune ! Je ne prétends pas devenir sage, mais il est clair que ces 7 derniers mois auront été une fameuse leçon de Vie. 

Carte postale « timing »: J’ai appris la semaine passée que j’ai encore trois mois de revalidation. Cela m’a rassuré, voyant tout ce qui doit encore être acquis ! On m’a bien précisé que le retard causé par mes deux poignets cassés a été pris en compte, que je continue à faire des progrès (quand on ne progresse plus, on rentre chez soi), que je peux encore améliorer certaines techniques, que je dois encore apprendre et maitriser beaucoup de techniques. Ouf ! Une de mes craintes était justement que l’on estime que je ne pourrais plus progresser (peur personnelle, non fondée ! Quand je vous disais que la peur est la pire des conseillères ! Je découvre chaque jour le rôle néfaste de la peur, croyant la connaitre, mais chaque jour elle revient sous une autre forme). Donc je suis encore à Pellenberg jusque mi avril. Mais si les virus nous éloignent de Pellenberg, on rajoutera quelques jours !

Je confie à vos pensées, à vos prières, Madicte qui rame chaque semaine avec la chimio (dernière séance ce mercredi, puis après une pause de deux semaines, on continue avec un autre produit pendant un an, et fin février ou début mars, on commence les rayons tous les jours durant 5 semaines). Je vous confie aussi nos enfants qui traversent une période difficile, mes parents, nos familles. Chacun à sa manière est solidaire. Chacun avec ses sensibilités partage et porte avec nous larmes et sourires. Je n’oublie pas tous ceux qui traversent des heures pénibles, non liées à ce que nous vivons.

Cette fois-ci, pas de proposition de musique, mais un très beau film à revoir ou à découvrir :  Bucket List ! En français, ce film s’appelle « Sans plus attendre ».

lundi 12 janvier 2015

Les jours repoussent et les cheveux rallongent, ou est-ce le contraire?

 Il y a tout juste 7 mois ...



Ces dernières semaines je n'ai plus été très prolixe sur le blog.  Je suis un peu une ourse qui hiberne.  D'accord, je ressemble plus à un écureuil qu'à une ourse, mais je n'ai pas trouvé de pull écureuil.

Les séances hebdomadaires de chimio finissent par entamer mon énergie et je vis plutôt au ralenti.
J'essaye de faire de la résistance aux assauts chimiques, mais c'est une histoire de David et Goliath.  Il n'y a que ma force mentale qui refuse encore de sonner la retraite.  Heureusement qu'il y a les tranchées de la fraternité, de l'amitié et de l'amour qui m'offrent leurs espaces de force et de paix pour continuer la lutte.
Je décomptais les séances de chimio en me disant qu'après ça je pourrais enfin souffler.  Malheureusement j'étais trop optimiste car la radiologue m'a convaincue avec des arguments de poids que la radiothérapie n'était pas une option, mais bien une nécessité.
Au menu: 25 séances de rayons en 5 semaines.  Avec une trêve les week-ends. Premier traitement prévu début mars. (au plus tard)
Je n'avais aucune envie de passer à cette casserole-là, mais si cela me permet d'augmenter sérieusement mes chances de non-récidive je trouve que je n'ai pas le droit de laisser ce traitement de côté. Une consolation? Je pense à mon père qui parlait de personnes qui feraient le bonheur des anthropophages tant elles étaient bien en chair.  Pas de risque de ce côté-là en ce qui me concerne.  Non seulement ces cannibales n'auraient que des os à ronger, mais en plus ils seraient empoisonnés et irradiés ... Ils auraient l'avantage de ne pas devoir me tondre, mais pour le reste ils feraient une mauvaise affaire. (voilà que mon humour prend des accents de Charlie....). N'empêche que Pierre et moi sommes des adeptes inconditionnels de la force de l'amour mais aussi de l'humour.  C'est une arme redoutable contre la désespérance et la déprime. J'adore sa façon à lui de prendre la balle au bond et d'être le clown de service, je me demande parfois où il va chercher ses idées.  Il est clair qu'il porte avec lui son sac à malices et en un tour de main, hop, il nous invente un truc irrésistible. Il n'y a que les esprits chagrins qui ne supportent pas ses bêtises.  En tout cas, moi, j'en redemande et je veux revivre longtemps et en bonne santé avec lui. En attendant j'apprends à traverser les épreuves en regardant surtout devant moi pour garder le bon cap. (ça doit être le Cap Espérance)

Nous vivons une période de transition dans notre vie, sachant ce à quoi nous devons renoncer, mais non pas ce qui nous attend.  On ne peut que développer notre foi en la Vie, en l’Amour car nous nous voyons très démunis ayant perdu nos anciennes certitudes, c’est l’Essentiel qui persiste.  Nous voulons croire qu’il y aura une nouvelle vie qui pourra nous faire grandir et rendre nos âmes plus limpides.  Quelque part nous sommes obligés de retrouver notre cœur d’enfant confiant et plein d’espérance pour ce qui nous attend.  Cela nous pousse à faire confiance et à accueillir ce qui viendra.

dimanche 11 janvier 2015

Lève-toi, prends ton fardeau, et marche!




Une nouvelle année commence, avec ses promesses de grands et petits bonheurs. Il y a un an, nous nous sommes tous souhaité une très bonne année et, si l’on excepte mon accident et la maladie de Madicte, dans nos soucis de toutes tailles, nous pouvons dire que cette année 2014 a été riche en sourires, en rencontres, en solidarité, en fraternité, en communion, en tendresse, en vérité, en découvertes, en espérance, en partages et en Amitié surtout. Vos vœux ont tenu leurs promesses !!! Le chemin parcouru a été surprenant, chaotique, secouant, dérangeant, mais tellement rempli de beauté ! Pour l’avenir, nous avons la certitude que de nouvelles portes s’ouvriront. Lesquelles ? restons veilleurs… et voyons !
Ma revalidation à Pellenberg passe à une vitesse supérieure, mais je vois de mieux en mieux la montagne qui doit encore être franchie, et c’est loin d’être gagné ! La force physique sera un élément déterminant pour progresser. J’ai mal aux muscles des bras et des épaules à force de les entrainer. On essaye de favoriser les transferts, ce qui demande technique, force et coordination des mouvements. Dur dur !!! Chaque semaine de nouveaux exercices font appel à d’autres muscles. Je vois aussi de nouvelles limites à chaque retour à la maison. Madicte et moi avons beaucoup de conversations à propos des aménagements à réaliser dans certaines pièces (salle de bains, cuisine, chambre, …). A cause de la distraction d’un automobiliste, notre Vie aura un « avant » et un « après ». L’  « après » n’est pas clair du tout : boulot ? Adaptations maison ? Organisation journalière ? Voiture ? Jardin ? Autonomie ? … J’ai envie d’une Vie la plus normale possible, dans le cadre de mon handicap. Que sera-t-elle, cette Vie ? Madicte et moi voulons affronter la suite ensemble, mais actuellement nous ignorons tout (ou presque) de ce que sera l’avenir.
Il y a parfois des avancées rassurantes: dans une autre lettre, je vous faisais part d’une sortie en ville que j’avais loupée, au cours de laquelle mes camarades avaient eu le grand plaisir d’emprunter un escalator (escalier roulant) avec leur chaise. J’y suis aussi passé il y a peu de temps. C’est très très impressionnant de grimper,  penché en arrière, chaque train de roue se trouvant sur une marche différente, les mains accrochées  de part et d’autre aux mains courantes ! Je devrai encore le faire souvent en montant avant d’oser le faire en descendant… Je disais « avancées rassurantes », mais que de peurs à franchir, à laisser tomber avant d’y arriver. Je peux me lever un matin en me disant que tout va bien, et le lendemain matin être envahi d’angoisses et d’incertitudes. Dans le même temps, j’ai envie d’offrir à Madicte un homme le moins cassé possible, donc pas question de baisser les bras. La patience est ici non une vertu, mais un mode de fonctionnement, c’est même plus que ça : c’est l’air qu’on respire. Depuis un bon mois, je n’ai plus de cloques aux mains; il m’aura fallu plus de trois mois pour endurcir la paume des mains sur les « poignées » de ma chaise roulante. Comme quoi…
J’ai pour vous quelques cartes postales de ma rue:
La première est une réédition d’une ancienne carte: Je vois partir les personnes qui ont terminé leur revalidation. Certaines partent le cœur léger, prêtes à reprendre leurs activités; d’autres partent avec une valise remplie de craintes, d’insécurité. Toutes cependant repartent le cœur plein de reconnaissance pour les équipes qui nous encadrent. Je vois partir les gens avec énormément de joie pour eux, d’émotion aussi, surtout quand un lien s’est tissé entre nous. Je ne suis pas jaloux, certainement pas,  mais je me rends compte du chemin qu’il me reste à parcourir. C’est là que le mot « handicap » prend tout son sens ! En plus de six mois, je ne suis pas encore parvenu à tenir debout plus de 45 minutes sans tomber dans les pommes (entendons-nous: sur la table basculante, attaché avec du velcro… Pas sur mes deux pieds !!!). Le cœur a encore du travail à faire, même s’il fait de son mieux pour pomper le sang jusqu’à la tête de manière normale. Je pense aux séances d’endurance: au début, il y a 3 mois, je pédalais (avec les mains) durant maximum 10 minutes, avec mon cœur qui battait à 105 pulsations par minute, l’objectif étant de tenir durant 45 minutes à 130 pulsations par minute. Je me sentais alors épuisé, me demandant comment il était possible de faire mieux. Un jeune homme de mon âge doit pouvoir maintenir cet effort sans difficulté. J’y arrive depuis peu…
Autre carte: Vous avez lu l’idée d’Emilie de faire envoyer des cartes d’anges par les auditeurs de Joe FM. Même les infirmières l’ont entendue à la radio! L’une d’elles a réalisé un collage, chacune a signé. L’enveloppe est arrivée à la maison avec un peu de retard, je l’ai reçue ce lundi 5 janvier, tout comme celle de Juliette: un collage extraordinaire, avec des mots si justes ! la Vie est belle !
Carte presque censurée: un des exercices avec les ergos consiste à me placer sur une table, sur laquelle je dois me déshabiller puis me rhabiller (mais oui! tout cela doit se réapprendre !!!). N’étant pas seul dans la salle, on place un paravent entre moi et les autres revalidés, pour ne pas les choquer avec mon corps d’Apollon passé sous le train. Je dois enlever mes chaussures, mon pantalon, mes bas de contention, mon T-shirt. Je peux, ou je dois, garder mon slip ! Un jour, lors de cet exercice sous la direction d’une jeune stagiaire, j’avais fini de me rhabiller et la stagiaire avait enlevé le paravent ; c’est alors que j’ai sorti un second slip de ma poche (« Il y a donc bien préméditation, messieurs les jurés ! L’accusé avait soigneusement préparé son coup, peut-être même avec le sourire !!! »), le brandissant bien haut pour attirer l’attention de la chef ergo en disant que j’avais oublié de me remettre TOUS mes vêtements. La pauvre stagiaire s’est fait fusiller du regard, et j’ai eu droit à une réprimande parce que je ne devais pas enlever mes sous-vêtements… Mon éclat de rire leur a fait comprendre que je les menais par le bout du nez… (je vous le disais… mon humour devient pipi-caca) L’humour nous permet d’évacuer énormément de tensions !
Carte postale du même domaine (sous-vêtements): un stagiaire s’est occupé de ma toilette et de mon habillage; le soir en me déshabillant, nous avons constaté qu’il avait collé la protection du slip à l’envers, donc non pas collée au slip, mais bien à mon derrière ! On doit vraiment tout leur apprendre…
Carte postale « sport »: les exercices de chaise roulante se suivent et se ressemblent. Il faut réussir certains passages d’obstacles. Franchir une bordure (monter et descendre), idem avec une rigole le long du trottoir, ou descendre un plan incliné en étant en équilibre sur les roues arrières, etc… Parfois je le fais trois ou quatre fois de suite sans problème et d’autres fois je peux rater dix fois de suite. C’est déprimant ! Cela me donne l’impression que rien n’est acquis, que rien n’est définitif.
Carte postale plus « personnelle »: je vois parmi mes voisins des personnes en chaise roulante. Chacun récupère peu ou prou de sa mobilité. En-dehors de la satisfaction de les voir évoluer, il y a cette envie d’être comme eux, de me remettre à marcher. Parfois je me dis, en voyant les amputés qui courageusement, et patiemment,  retrouvent un équilibre en marchant avec une jambe artificielle, que j’aurais préféré perdre une jambe plutôt que l’usage de mes deux jambes. Je sais aussi que c’est comme ça, que comparer ne sert à rien, qu’envier les autres n’apporte rien… Et jusqu’ici je n’ai vu ou entendu personne m’envier…
Voici une carte postale envoyée par un voisin, également en chaise roulante (elle date d’une bonne dizaine d’années): son fils ainé, qui a 17 ans, à l’âge de 5 ans est passé dans l’émission « de Droomfabriek » le soir de Noël. Il avait perdu de vue, à la rentrée scolaire de septembre, une petite fille de sa classe car elle avait déménagé et elle lui manquait beaucoup. Il a donc exprimé son vœu à la TV, en direct. Les parents de la petite fille ayant entendu l’appel, ont réveillé leur fille, l’ont embarquée en pyjama dans la voiture, où on l’a habillée. Ils sont arrivés juste à temps pour la fin de l’émission. On a pu voir les retrouvailles des deux enfants juste avant le générique. La Vie est belle, je vous le dis !
C’est avec plaisir que je vous envoie ces cartes postales, mais sachez que ce n’est qu’une partie de ce que je vis ici : il y a de l’auto-censure ! Ici, il y a beaucoup de larmes, de soupirs. Je suis reparti pour quelques dizaines d’années avec une Vie différente. Souvent je me dis, et vous me le dites aussi, que je ne dois pas regarder en arrière, que je dois me tourner vers demain, vers l’avenir, que je dois voir tout ce qui a été récupéré, tout ce qui est déjà acquis. Sur papier, c’est facile, mais il y a des jours où c‘est plus difficile à mettre en œuvre. Je vois tout ce que je ne suis plus, tout ce qui me sera impossible. Heureusement ce n’est pas mon lot quotidien, mais cela revient de temps en temps… C’est à ces moments-là que vos visites, vos messages, viennent à point nommé pour me maintenir la tête hors de l’eau !!! Je ne dirai jamais assez MERCI pour tout ce que vous faites pour moi et Madicte. Je constate avec bonheur que les visites quotidiennes continuent, les messages sous toutes les formes nous parviennent. Que c’est bon ! J’ai eu du mal à gérer les demandes de visites en décembre (fatigue, lassitude, gsm posant de plus en plus de problèmes, puis nouveau gsm qui demande de l’adaptation, de la souplesse d’esprit…). N’ayez pas peur de me relancer si votre demande n’a pas reçu de réponse. Mea culpa, maxima culpa ! Ah que c’est bon, la culpabilité !
Cette semaine, Madicte n’a pas eu de bonnes nouvelles du radiologue. Il se pourrait que des ganglions situés sous les os de la cage thoracique soient atteints… D’où obligation de passer par les rayons. Sans compter ce baxter qu’elle aura encore toutes les 3 semaines pendant un an, une fois finie la série actuelle… découragement, … on essaye chacun de ne pas trop craquer devant l’autre. Mais en même temps nous savons que nous pouvons nous laisser aller ensemble, avec l’autre, partager le découragement, le ras-le-bol.
Beste vrienden, al lang geleden hebben we niet meer in de taal van Vondel geschreven. Daarvoor heeft Benedicte weinig tijd. Voor haar operatie nam zij tijd om alles te vertalen. Ze heeft nu zelf weinig tijd om te schrijven. Maar gezien we even veel vrienden hebben in de twee kanten van de taalgrens zal ik vanaf volgende keer proberen in de twee talen te schrijven. Sorry voor de fouten; spreken is wat gemakkelijker dan schrijven.
Het wordt tijd om te stoppen, anders krijgen jullie geen nieuws deze week! Vergeet niet: het leven is mooi, zorg goed voor u en voor allen die een plaats in uw hart hebben. Vergeet niet aan de andere te zeggen dat hij, zij, belangrijk is voor u!

Quelques idées de musique ? Voici ce qui a bercé mes oreilles ces trois dernières semaines. Réécouter Bob Marley, ça fait du bien ! De même une soirée avec les cd de Rondo Venziano, ça secoue un peu les neurones ! C’est du tout bon !