vendredi 24 avril 2015

« …Or, c’était maladroit. Vous qui cherchez à plaire, ne mangez pas l’enfant dont vous aimez la mère. »



Voilà près de 3 semaines que je suis rentré à la maison, dans notre maison.
Retour serein, certes émouvant (on ne se refait pas !), mais oh combien porteur de promesses. Je vais devoir camper longtemps encore (on ne règle pas les problèmes d’assurances en deux coups de cuiller à pot…). Cela signifie faire ma toilette sur le lit, avec une bassine. Et bien d’autres choses sont encore en attente. Mais à côté de cet inconfort, il y a tout le bonheur de nous retrouver à deux, de nous endormir l’un près de l’autre, de nous réveiller ensemble, … Il y a les achats faits ensemble, la vaisselle (j’essuie, elle lave et range…), il y a le plaisir de profiter du soleil, fort présent depuis mon retour. Madicte  a trouvé un moyen pour que je prenne une douche dans notre salle de bains ! Elle y a mis une chaise de jardin, puis à l’aide de la « grue », avec notre infirmière, elle me transfère de ma chaise roulante jusque sur la chaise de jardin ! Et hop, un homme tout propre ! c’est du bricolage, il faut être deux à la manœuvre, mais le résultat est là ! Super !!! Etant donné l’énergie nécessaire, ce n’est pas à faire tous les jours ; disons qu’une ou deux fois par semaine sera un bon rythme. Je peux un peu participer aux préparations de repas (couper les légumes). Dresser la table est moyennement facile : les objets ne sont pas facilement accessibles et actuellement peu ou pas déménageables. On attend les travaux d’adaptation (je fais une spécialisation après mon doctorat en patience : abandon et lâcher prise…), travaux qui devraient me rendre l’autonomie quotidienne. Avec la limite que je n’aurai plus accès à l’entièreté de la maison (chambres, bureaux, bibliothèque, grenier, DoJo Reiki, …) !
Mon retour me donne la joie de revoir les oiseaux au jardin. On y revoit une grive ! Les colombes et les ramiers occupent beaucoup de place. Les pinsons se font entendre, les merles ont commencé leurs parades amoureuses. Les mésanges sont toujours là, gourmandes et méfiantes, aussi bien les mésanges charbonnières qui partagent les boules de nourriture avec les mésanges bleues, que les mésanges nonettes, qui restent dans le fond du jardin. Le rouge-gorge, ainsi que le troglodyte s’approchent de nous sur la terrasse. Nous avons observé des hirondelles, qui avaient déjà un petit peu montré le bout du bec l’an passé ! Les pics sont là, les moineaux qui vivent au crochet de nos poules (les grains pour les poules leur conviennent parfaitement) restent bien actifs. Des geais viennent régulièrement faire du bruit dans les jardins, c’est nouveau depuis cette année. J’ai aussi ressorti le fusil car les pies sont toujours là… (tout me revient un peu à la fois en mémoire : consignes et gestes de sécurité en maniant l’engin ; il faut dire que la première fois que j’ai tiré, j’avais l’œil beaucoup trop près de la lunette… et avec le recul, je me suis payé un bel hématome sur l’arcade sourcilière). Il y a également les papillons : le Petit Blanc du Chou et, plus rares ces dernières années, des Petites Tortues.
A côté de cette image bucolique, j’ai aussi des frissons désagréables qui reviennent : réécouter la radio (la Première, Classic 21) et retomber sur les radio-guidages de Pierre Collard-Bovy. Aie aie aie ! L’entendre avaler la moitié de ses mots, bafouiller, respirer, hésiter, … Oh que j’étais bien avant !
Je me rends compte que dans mes bagages, j’ai emporté des cartes postales de Pellenberg. En voici une qui a fait (un peu) de bruit :
Le mercredi 1 avril, je suis réveillé par l’infirmière de nuit, qui me demande si je sais quel jour on est… Elle a une proposition de blague : elle me tend un sachet pour récolter les urines, dans lequel elle a versé un peu d’encre. Vers huit heures du matin, je remplis ledit sac. Il prend une couleur peu enviable. Quelques minutes plus tard arrive une infirmière qui vient voir si tout se passe bien, si j’ai pu commencer ma toilette, si le petit sac est bien rempli. Prenant un air très minable, je lui dis mon inquiétude en voyant la couleur de mes urines. Quand elle découvre le sac, elle ne peut retenir un cri d’effroi, met de suite des gants, me demande  si j’ai mal, veut prendre ma température, est prête à appeler collègues et médecins, etc… Elle prend le sac, l’examine les bras tendus, dirigé vers la lumière. Je lis réellement son inquiétude pour moi dans son regard (on s’aime bien, tous les deux). Je lui dis alors de regarder l’arrière du sac (il y a un côté opaque et un côté transparent) ; elle le retourne… et voit un gros poisson dessiné au marqueur ! Soupir de soulagement ! Puis gentille remontrance à mon égard… Et enfin éclats de rires. La Vie est belle !
Une carte postale qui peut faire sourire en ce jour de grève des services publics. Une collègue m’a envoyé une enveloppe à Pellenberg fin octobre 2014. Elle m’est arrivée début mars 2015… à la maison. Le contenu de l’enveloppe ? Une autre enveloppe. Et dans cette enveloppe ? Ben oui, une autre enveloppe ! La première (dernière dans ma description) avait une étiquette de la poste « adresse incomplète ». En y regardant de plus près, on ne peut y trouver quoi que ce soit d’incomplet ! Mais, bon, puisque la Poste en a décidé ainsi : retour à l’expéditeur !  Expéditeur qui remet le tout dans une autre enveloppe et recopie exactement la même adresse. Nous sommes fin décembre. L’enveloppe repart à Pellenberg, puis revient chez l’expéditeur avec une étiquette « ne reçoit plus de courrier à cette adresse » (je signale que tous les autres courriers continuaient à m’arriver sans problème). Ma collègue reçoit ce retour fin février ( !) et décide de me l’envoyer à notre domicile. Ce qui est la bonne solution en fin de compte. Ah, oui… le contenu de l’enveloppe ? un calendrier de l’Avent, qui m’arrive pendant le Carême. Je comprends que les services publics se mettent en grève, quand on voit le peu de respect que le public leur réserve !!!!
Une carte postale dont vous ne verrez rien, non pas par censure, mais par pudeur… les au revoir aux infirmières et à quelques revalidants. Je garde dans mon cœur et ma mémoire les mots, les gestes, les regards. Décidément, je ne suis pas fait pour les séparations !!! Quand quelqu’un quitte Pellenberg, il offre un petit quelque chose. J’ai opté pour un      T-shirt pour chaque membre du personnel, avec la mention « Patïent is content ».
Première carte postale de la maison : pour le premier repas chaud, le samedi, Madicte m’a demandé ce qui me ferait plaisir. La réponse a fusé en un quart de seconde : des patates rissolées !!! Chance, il y a avait un restant de pommes de terre au frigo : vite fait bien fait. C’est marrant : cuites, ce sont des pommes de terre ; une fois rissolées, ce sont des patates. Souvenir d’enfance ?
Depuis que je suis rentré, la Vie reprend son cours entre nos murs. Beaucoup de rires, de taquineries nous rendent complices. Les enfants sont présents et nous aident bien. J’ai eu la joie de remettre en route l’horloge du living : des gestes familiers me reviennent : tourner la clé 4 fois, tous les trois jours. Veiller à remettre à la bonne heure une fois par semaine (elle avance de 5 minutes dans ce laps de temps). Le chat n’est plus effrayé par ma chaise roulante. Une chose à laquelle je dois me réhabituer : durant 10 mois j’ai pu dormir avec les rideaux et volets ouverts (quand je dors seul, j’ai le droit de décider !), dorénavant nous redormons avec les volets fermés. Ah, ces petites concessions que le mariage nous oblige à faire…
Madicte continue à récupérer, maintenant que sont finies les séances de rayons. Elle reste fatiguée et a besoin de faire une sieste et après 16.00 h, elle n’a plus l’énergie d’entreprendre de grandes activités, mais quand je vois le travail abattu par ses petits bras musclés, je suis impressionné ! Et je te conduis la voiture, et je te fais des courses (des bouteilles d’eau de 5 litres, par 12), et je te plante des fleurs dans les bacs aux fenêtres, et je te lave les voitures à fond, intérieur et extérieur, et vas-y que je règle toute la partie administrative, et que je prépare le repas  (« tu préfères des pommes de terre ou du riz ? »), et en avant que je m’occupe de la lessive (« rappelle-moi que j’ai une machine à faire sécher »), et que je m’en vais faire quelques longueurs dans la piscine, et que je range les achats que nous avons faits ensemble … Comme le disait ce grand penseur français qu’était Michel Colluci « Jusqu’où s’arrêtera-t-elle ? » Ah, ben oui… elle s’arrête à 16.00 h, heure où elle finit sa journée active. Le coup de pompe à partir duquel il ne faut plus rien faire. Nous allons « organiser » les visites ici, car il ne faut pas que Madicte s’épuise en organisant des goûters. Nous vous sentons désireux de nous rendre visite, ce qui nous fait énormément plaisir ! Votre soutien sans failles reste pour nous une énergie vitale ! Vous restez les bienvenus !
En revenant de Pellenberg, nous avons ramené tout mon matériel, mais aussi tous vos cadeaux. J’ai peur d’en oublier en commençant à les citer. De plus il y a tout ce qui a été mangé (que ce soit acheté ou préparé-maison par vous).  Il y a surtout les paroles, les échanges, les confidences. Tout cela remplit mon cœur de souvenirs pleins de Vie. Merci à chacune et chacun d’entre vous !



Une idée musique cette fois-ci encore ? Pourquoi pas Rondo Veneziano ? Un bon mariage entre partitions classiques et instruments modernes.

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