Voilà près de 3
semaines que je suis rentré à la maison, dans notre maison.
Retour serein,
certes émouvant (on ne se refait pas !), mais oh combien porteur de
promesses. Je vais devoir camper longtemps encore (on ne règle pas les
problèmes d’assurances en deux coups de cuiller à pot…). Cela signifie faire ma
toilette sur le lit, avec une bassine. Et bien d’autres choses sont encore en
attente. Mais à côté de cet inconfort, il y a tout le bonheur de nous retrouver
à deux, de nous endormir l’un près de l’autre, de nous réveiller ensemble, … Il
y a les achats faits ensemble, la vaisselle (j’essuie, elle lave et range…), il
y a le plaisir de profiter du soleil, fort présent depuis mon retour. Madicte a trouvé un moyen pour que je prenne une
douche dans notre salle de bains ! Elle y a mis une chaise de jardin, puis
à l’aide de la « grue », avec notre infirmière, elle me transfère de
ma chaise roulante jusque sur la chaise de jardin ! Et hop, un homme tout
propre ! c’est du bricolage, il faut être deux à la manœuvre, mais le
résultat est là ! Super !!! Etant donné l’énergie nécessaire, ce
n’est pas à faire tous les jours ; disons qu’une ou deux fois par semaine
sera un bon rythme. Je peux un peu participer aux préparations de repas (couper
les légumes). Dresser la table est moyennement facile : les objets ne sont
pas facilement accessibles et actuellement peu ou pas déménageables. On attend
les travaux d’adaptation (je fais une spécialisation après mon doctorat en
patience : abandon et lâcher prise…), travaux qui devraient me rendre
l’autonomie quotidienne. Avec la limite que je n’aurai plus accès à l’entièreté
de la maison (chambres, bureaux, bibliothèque, grenier, DoJo Reiki, …) !
Mon retour me
donne la joie de revoir les oiseaux au jardin. On y revoit une grive ! Les
colombes et les ramiers occupent beaucoup de place. Les pinsons se font
entendre, les merles ont commencé leurs parades amoureuses. Les mésanges sont
toujours là, gourmandes et méfiantes, aussi bien les mésanges charbonnières qui
partagent les boules de nourriture avec les mésanges bleues, que les mésanges
nonettes, qui restent dans le fond du jardin. Le rouge-gorge, ainsi que le
troglodyte s’approchent de nous sur la terrasse. Nous avons observé des
hirondelles, qui avaient déjà un petit peu montré le bout du bec l’an
passé ! Les pics sont là, les moineaux qui vivent au crochet de nos poules
(les grains pour les poules leur conviennent parfaitement) restent bien actifs.
Des geais viennent régulièrement faire du bruit dans les jardins, c’est nouveau
depuis cette année. J’ai aussi ressorti le fusil car les pies sont toujours là…
(tout me revient un peu à la fois en mémoire : consignes et gestes de
sécurité en maniant l’engin ; il faut dire que la première fois que j’ai
tiré, j’avais l’œil beaucoup trop près de la lunette… et avec le recul, je me
suis payé un bel hématome sur l’arcade sourcilière). Il y a également les
papillons : le Petit Blanc du Chou et, plus rares ces dernières années,
des Petites Tortues.
A côté de cette
image bucolique, j’ai aussi des frissons désagréables qui reviennent :
réécouter la radio (la Première, Classic 21) et retomber sur les radio-guidages
de Pierre Collard-Bovy. Aie aie aie ! L’entendre avaler la moitié de ses
mots, bafouiller, respirer, hésiter, … Oh que j’étais bien avant !
Je me rends compte
que dans mes bagages, j’ai emporté des cartes postales de Pellenberg. En voici
une qui a fait (un peu) de bruit :
Le mercredi 1
avril, je suis réveillé par l’infirmière de nuit, qui me demande si je sais
quel jour on est… Elle a une proposition de blague : elle me tend un
sachet pour récolter les urines, dans lequel elle a versé un peu d’encre. Vers huit
heures du matin, je remplis ledit sac. Il prend une couleur peu enviable.
Quelques minutes plus tard arrive une infirmière qui vient voir si tout se
passe bien, si j’ai pu commencer ma toilette, si le petit sac est bien rempli.
Prenant un air très minable, je lui dis mon inquiétude en voyant la couleur de
mes urines. Quand elle découvre le sac, elle ne peut retenir un cri d’effroi,
met de suite des gants, me demande si
j’ai mal, veut prendre ma température, est prête à appeler collègues et
médecins, etc… Elle prend le sac, l’examine les bras tendus, dirigé vers la
lumière. Je lis réellement son inquiétude pour moi dans son regard (on s’aime
bien, tous les deux). Je lui dis alors de regarder l’arrière du sac (il y a un
côté opaque et un côté transparent) ; elle le retourne… et voit un gros
poisson dessiné au marqueur ! Soupir de soulagement ! Puis gentille
remontrance à mon égard… Et enfin éclats de rires. La Vie est belle !
Une carte postale
qui peut faire sourire en ce jour de grève des services publics. Une collègue
m’a envoyé une enveloppe à Pellenberg fin octobre 2014. Elle m’est arrivée
début mars 2015… à la maison. Le contenu de l’enveloppe ? Une autre
enveloppe. Et dans cette enveloppe ? Ben oui, une autre enveloppe !
La première (dernière dans ma description) avait une étiquette de la poste
« adresse incomplète ». En y regardant de plus près, on ne peut y
trouver quoi que ce soit d’incomplet ! Mais, bon, puisque la Poste en a
décidé ainsi : retour à l’expéditeur ! Expéditeur qui remet le tout dans une autre
enveloppe et recopie exactement la même adresse. Nous sommes fin décembre.
L’enveloppe repart à Pellenberg, puis revient chez l’expéditeur avec une
étiquette « ne reçoit plus de courrier à cette adresse » (je signale
que tous les autres courriers continuaient à m’arriver sans problème). Ma
collègue reçoit ce retour fin février ( !) et décide de me l’envoyer à
notre domicile. Ce qui est la bonne solution en fin de compte. Ah, oui… le
contenu de l’enveloppe ? un calendrier de l’Avent, qui m’arrive pendant le
Carême. Je comprends que les services publics se mettent en grève, quand on
voit le peu de respect que le public leur réserve !!!!
Une carte postale
dont vous ne verrez rien, non pas par censure, mais par pudeur… les au revoir
aux infirmières et à quelques revalidants. Je garde dans mon cœur et ma mémoire
les mots, les gestes, les regards. Décidément, je ne suis pas fait pour les
séparations !!! Quand quelqu’un quitte Pellenberg, il offre un petit
quelque chose. J’ai opté pour un T-shirt
pour chaque membre du personnel, avec la mention « Patïent is
content ».
Première carte
postale de la maison : pour le premier repas chaud, le samedi, Madicte m’a
demandé ce qui me ferait plaisir. La réponse a fusé en un quart de
seconde : des patates rissolées !!! Chance, il y a avait un restant
de pommes de terre au frigo : vite fait bien fait. C’est marrant :
cuites, ce sont des pommes de terre ; une fois rissolées, ce sont des
patates. Souvenir d’enfance ?
Depuis que je suis
rentré, la Vie reprend son cours entre nos murs. Beaucoup de rires, de
taquineries nous rendent complices. Les enfants sont présents et nous aident
bien. J’ai eu la joie de remettre en route l’horloge du living : des
gestes familiers me reviennent : tourner la clé 4 fois, tous les trois
jours. Veiller à remettre à la bonne heure une fois par semaine (elle avance de
5 minutes dans ce laps de temps). Le chat n’est plus effrayé par ma chaise
roulante. Une chose à laquelle je dois me réhabituer : durant 10 mois j’ai
pu dormir avec les rideaux et volets ouverts (quand je dors seul, j’ai le droit
de décider !), dorénavant nous redormons avec les volets fermés. Ah, ces
petites concessions que le mariage nous oblige à faire…
Madicte continue à
récupérer, maintenant que sont finies les séances de rayons. Elle reste
fatiguée et a besoin de faire une sieste et après 16.00 h, elle n’a plus
l’énergie d’entreprendre de grandes activités, mais quand je vois le travail
abattu par ses petits bras musclés, je suis impressionné ! Et je te
conduis la voiture, et je te fais des courses (des bouteilles d’eau de 5
litres, par 12), et je te plante des fleurs dans les bacs aux fenêtres, et je
te lave les voitures à fond, intérieur et extérieur, et vas-y que je règle
toute la partie administrative, et que je prépare le repas (« tu préfères des pommes de terre ou du
riz ? »), et en avant que je m’occupe de la lessive
(« rappelle-moi que j’ai une machine à faire sécher »), et que je
m’en vais faire quelques longueurs dans la piscine, et que je range les achats
que nous avons faits ensemble … Comme le disait ce grand penseur français
qu’était Michel Colluci « Jusqu’où s’arrêtera-t-elle ? » Ah, ben
oui… elle s’arrête à 16.00 h, heure où elle finit sa journée active. Le coup de
pompe à partir duquel il ne faut plus rien faire. Nous allons
« organiser » les visites ici, car il ne faut pas que Madicte
s’épuise en organisant des goûters. Nous vous sentons désireux de nous rendre
visite, ce qui nous fait énormément plaisir ! Votre soutien sans failles
reste pour nous une énergie vitale ! Vous restez les bienvenus !
En revenant de
Pellenberg, nous avons ramené tout mon matériel, mais aussi tous vos cadeaux.
J’ai peur d’en oublier en commençant à les citer. De plus il y a tout ce qui a
été mangé (que ce soit acheté ou préparé-maison par vous). Il y a surtout les paroles, les échanges, les
confidences. Tout cela remplit mon cœur de souvenirs pleins de Vie. Merci à
chacune et chacun d’entre vous !
Une idée musique
cette fois-ci encore ? Pourquoi pas Rondo Veneziano ? Un bon mariage
entre partitions classiques et instruments modernes.
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