jeudi 22 octobre 2015

Même pas mal




Quelle bizarre sensation de me retrouver à Pellenberg… les odeurs, les couleurs, l’ambiance des bruits. Et surtout les personnes ! Et à nouveau sans mon alliance… mais… mais … à nouveau avec les tranches de pain bien emballées dans du cellophane (chic !). Les sept daims sont dans le parc. Tout est en place. On peut commencer les piqures.
Madicte vous a parlé des premières heures, je ne vais pas y revenir.
Ici à Pellenberg, l’équipe était prévenue de mon arrivée. Den Pierre is terug ! Je suis impressionné par l’accueil qui m’est fait: chaque infirmière vient me dire bonjour, vient prendre des nouvelles de Madicte. L’une attend déjà que je raconte une blague, une autre pendant sa pause revient de la cafétéria avec une cornet d’amour pour moi, la dame qui nettoie est venue me rendre visite alors qu’elle était occupée à un autre étage, chacune a un mot d’accueil, un mot gentil… Dur dur de rester simple quand votre ego est tellement flatté ! Non, c’est pour rire: en fait je vois surtout combien les liens tissés il y a de nombreux mois sont restés vivants ! Je me remémore chacune de ces personnes. Il y a des prénoms qui reviennent, d’autres que j’ai oubliés, mais chacune de mes anges blancs est liée à un souvenir bien précis ! C’est beau, cette mémoire des bons moments vécus ensemble. Ce qui me paraît  étrange, c’est que les premiers jours, je ne savais presque pas employer ma main droite (pour faire ma toilette, pour me transférer, etc…), donc mes anges gardiens ont été plus actives pour moi qu’elles ne l’étaient il y a 6 mois, à la fin de ma revalidation… je craignais de régresser, heureusement, cinq jours après l’intervention, je suis presque autonome ! J’ai un programme de kiné et ergo pour toute la semaine, avec passage chez la psychologue (rapport à ma peur de la douleur). Je ne dois pas me laisser m’encrouter. J’ignore quand je pourrai rentrer à la maison ; je suppose que je l’apprendrai au début de la semaine. Au moment de finaliser ce texte, je ne sais toujours pas quand aura lieu mon retour définitif à la maison.
J’ai un voisin de chambre à qui on a amputé une jambe suite à un accident de moto. Très sympa, pas trop bavard, il parle un beau néerlandais que je comprends (oui, il y a des dialectes que je ne comprends pas, surtout au moment du repas de midi ; un voisin de table me demandait quelque chose, je ne savais pas ce que c’était… le sel ? une serviette ? de l’eau ? Je lui ai dit que j’entends très mal…). Je constate que mon colocataire est très ordonné, bien organisé, structuré… Je vais devoir faire attention de ne pas envahir plus que l’espace qui m’est dévolu dans notre cellule !
J’ai retrouvé un co-détenu qui est ici depuis presque un an. Il espère voir la fin de sa revalidation avant la fin de l’année. Et puis il y a ce monsieur très gentil qui revient pour quelques temps… Il est arrivé ce matin, m’a salué dans le couloir… je me souviens de lui, mais le prénom est un peu oublié. Nous aurons l’occasion de nous revoir aux repas, et chez les kinés.

Il me revient une carte postale que j’avais oubliée ici. Je ne pense pas vous l’avoir envoyée, celle-là… Je la retrouve en entrant dans le local des ergos. Voici… Nous étions en train de réapprendre divers gestes, manipulations, en train de réaffiner notre motricité (bref, c’était un atelier cuisine). Nous avions suggéré et obtenu de pouvoir faire des crêpes. Le quatuor des dangereux se met à la tâche, sous la férule de notre ergo en chef, parfois en train de rire avec nous, parfois inquiète de nos gamineries. L’humour et surtout l’autodérision sont une médecine mentale efficace ! La pâte est prête, nous laissons reposer un peu (la pâte et l’ergo). On attaque la cuisson, à tour de rôle nous cuisons quelques crêpes. Rapidement le tas de crêpes monte, monte (un peu comme l’abbé bête). Autre apprentissage: dresser la table, là aussi nous jouons plus que nous n’obéissons. Après quelques fou-rires, nous pouvons passer à table. Mais nous voyons bien que nous n’arriverons pas à vider le plat. Notre maestria nous suggère d’aller en porter dans la salle de travail des ergos (nous sommes à la cuisine). Me croyant le plus fiable (c’est ma lecture des faits, peut-être étais-je simplement plus près de la porte ?), elle me demande d’aller porter une assiette à un monsieur nouvellement arrivé, ce sera un petit geste d’accueil, pour lui montrer comme nous l’aimons déjà (« Je t’aime petit frère » comme disait le philosophe Cruchot) . Deux crêpes sur l’assiette, l’une au sucre , l’autre au choco. Pour me mettre au courant, afin de ne pas commettre d’impair, notre chèfe me dit que le nouveau est un grand brulé qui vient terminer sa revalidation chez nous. Je démarre avec l’assiette sur mes genoux, ainsi qu’avec une serviette et des couverts et au moment de franchir la porte  je me retourne et demande à notre gentille organisatrice si je peux dire « Attention, c’est très chaud ! ». J’ai souvent vu son visage changer quand la crainte l’envahissait, mais là c’est la peur qui a pris possession des traits de son visage ! Elle a crié « Nee ! » plus paniquée que fâchée. Je suis entré dans la salle avec les larmes aux yeux, entendant les rires deux pièces plus loin ; sans rien laisser transparaître, j’ai offert l’assiette au monsieur avec un gentil mot d’accueil. Il a juste retenu qu’il y avait une très bonne ambiance chez les ergos. Si un train peut en cacher un autre, un sourire peut aussi en cacher un autre.

Souvent je pense à mon côté gamin… Il m’a parfois joué de vilains tours, mais je sais aussi que cet humour m’a permis de passer au-delà de certaines difficultés, sans pour autant les occulter. Il m’arrive de tourner certaines situations en dérision. Je ne pense pas que ce soit une fuite. Mais dédramatiser certaines situations aide parfois à franchir l’obstacle. Quelqu’un parmi vous, chers lecteurs, m’a offert un livre de Patrick Sébastien « Les joyeux guérissent toujours ». Je n’aime pas le personnage, mais sa philosophie de Vie est un fameux moteur ! Les exemples de son livre sont parfois dérangeants, mais souvent vrais (pour moi !). Madicte et moi rions souvent de nos situations respectives, non par dépit, mais avec l’idée non dissimulée « ça aurait pu être plus grave, voyons ce qu’il nous reste, faisons du neuf avec du vieux, avec du cassé ». Ce qui a été épargné l’an passé (accident et maladie) est ressorti plus fort, donc ce sont là de bonnes bases pour reconstruire du solide. Les pièces du puzzle ne s’assemblent pas aussi facilement, il faut adapter, poncer, trouver le bon accord, la bonne place… mais nous voyons ce qui se reconstruit.
Nous avons pris conscience ces derniers temps que je ne suis pas malade et que Madicte, avec son traitement, se sent comme malade, affaiblie, parfois sans énergie. Lorsque nous avons de la visite, c’est surtout du bonheur, mais pour Madicte, il y a la fatigue en plus. Je dois un peu me brider pour ne pas exagérer. De même pour les déplacements : c’est toujours ma Belle qui est au volant, ce qui arrivait rarement avant l’accident. Et en plus elle doit subir mes peurs et mes tensions quand elle conduit ! 

Une carte postale de notre réfectoire: nous y sommes nombreux : 16 ou 17. J’ai la chance d’avoir en face de moi un monsieur très gentil qui déborde de tous les côtés de sa chaise roulante (croulante ?), mais qui enfourne sa tartine en entier dans sa bouche, qui rit très fort quand il rit la bouche pleine, nous avons droit à des échantillons gratuits), qui avale plus ses mots que ce qu’il n’a dans sa bouche (c’est parce qu’il n’y a pas assez de place pour la nourriture ET les mots ensemble dans sa bouche ?). Nous nous faisons à l’occasion un clin d’œil, mon voisin de chambre et moi: pas besoin de beaucoup de mots pour nous comprendre. Mais ce monsieur est vraiment sympathique, ce qui fait qu’on lui passe beaucoup de ses excès à table. Nous en parlions tous les deux, et nous sommes d’accord: une éducation différente ne provoque pas systématiquement une scission, ou un clan à part. Ici, nous avons tous un point commun dans notre passé… et nous appartenons un peu à la même famille. En tout cas tant que nous vivons en communauté, autour de la même table.

Je me rendais à la fontaine pour remplir ma petite carafe d’eau. Et un souvenir m’est revenu: presser sur le bouton de la fontaine était un exercice douloureux, les premiers mois. Etant donné la position du bouton, je ne savais le faire qu’avec la main droite (celle qui était en plus mauvais état). Quel chemin parcouru, que j’ai un peu oublié, ou disons qui est éclipsé par le quotidien; pas besoin de repenser au passé; s’il me revient ainsi à l’occasion, je ne peux que me réjouir de ce chemin parcouru. Les douleurs chez les kinés, mes peurs, la crainte de ne pas y arriver, etc… c’est si loin tout ça ! Par contre restent bien vivants les souvenirs de vos encouragements, de vos sourires, de vos mots simples, justes, de vos présences, de vos prières, de vos rires et de vos larmes, de vos visites, de vos courriers en tous genres, et aussi de chaque progrès, de chaque nouvelle étape atteinte durant les 9 mois de revalidation. Vous êtes bien entendu incluse dans cette énumération, ma chère femme !!!

Il y a mon petit monde de plaisirs et de bêtises que je vous raconte, mais il y a aussi la Vie autour de nous, avec ses côtés brillants et ses côtés durs. Ce lundi était enterrée Annick, une amie. Difficile de ne pas penser à ses mois de souffrance, et à Jean-Benoît son mari, et à leurs enfants. J’ai regardé les photos de nos vacances en Provence avec eux et avec Brigitte et Jean-Philippe; c’était ma manière à moi de lui dire au-revoir. Le soir, je suis passé à la chapelle, toujours aussi déserte. J’avais emmené le livre de Anselm Grün et l’ai ouvert au hasard (mais, bon, le hasard…hein !) et suis tombé sur le texte de l’ange de la séparation, du deuil !

Je m’apprêtais à envoyer mon texte à Madicte, pour qu’elle le publie sur la toile, quand j’ai appris que je peux rentrer définitivement demain à la maison (vendredi 23.10). Grande joie de retrouver mes pénates, de pouvoir à nouveau m’endormir près de ma belle ! Et de me réveiller à nouveau à ses côtés. Les séparations, ça ne nous réussit pas ! Les jours à venir vont être une découverte de mes possibilités, en fonction des bandages de mon poignet. Je n’ai pas encore vu ma cicatrice, mais je la sens ! Voilà, rien à ajouter sinon que la Vie est belle.

vendredi 16 octobre 2015

Une complication imprévue




Ouf, voilà, le pire est passé.  Pierre a été super bien pris en charge par toute l'équipe.  Il s'est senti très calme et serein.  L'anesthésiste a pu lui mettre le cathéter dans le pied, Pierre n'a rien senti et il est parti dans les bras de Morphée sans s'en rendre compte.  Selon l'assistant du prof qui l'a opéré tout s'est bien déroulé  et il devra passer un contrôle dans 10 jours.
Vers onze heures il est de retour dans sa chambre, encore un peu dans le cirage, mais paisible.
Début d'après-midi il est temps de soulager sa vessie et ... zut alors, pas moyen  d'introduire une sonde.  Après plus d'une quinzaine de sondes et 7 infirmières qui doivent toutes l'une après l'autre déclarer forfait, on téléphone au service d'urologie qui se trouve sur l'autre montagne, vous savez, la Gasthuisberg.  Là-bas on dit qu'il faut faire venir Pierre chez eux.  Vers 16 heures,  Pierre, dans son lit, est embarqué dans la navette qui va traverser Louvain à l'heure de pointe.  Non, ce n'était pas un lit volant ni une navette spatiale! Il arrive presqu'une heure plus tard aux urgences où deux urologues le prennent en charge.  Ceux-ci réussissent sans trop de difficultés à lui poser une sonde permanente. D'ici quelques jours, si tout va bien il pourra à nouveau se sonder normalement.  
Pour le retour à Pellenberg, la navette a emprunté l'autoroute et le voyage s'est fait dans un temps record.  A 19 h 30 notre voyageur alité est de retour dans sa chambre et peut enfin prendre son premier repas de la journée.  Avouez que c'est quand même un luxe de pouvoir voyager ainsi dans son lit, il est vraiment pénard notre St-Pierre!!!

Ouf!  Quel soulagement, dans tous les sens du terme... Quel branle-bas-de-combat pour un pipi qui ne veut pas se faire! Je maudis parfois la paralysie de Pierre, mais aujourd'hui je me dis qu'avec ce qu'il a vécu, il a eu au moins cet avantage-là qu'il n'a rien senti.  
Tant qu'on est en bonne santé, on ne s'imagine pas à quel point pouvoir faire son petit pipi sans problème est  une chance.  Oui, même pour ça il faut dire merci la vie.
Etre paraplégique ce n'est pas seulement être dans une chaise roulante et ne plus savoir marcher, c'est aussi être privé de différentes fonctions naturelles et devoir les compenser de façon souvent fastidieuse . Je pense à mon homme jardinier qui aimait parfois arroser certains coins du jardin de son crû pour ne pas devoir salir la maison avec ses bottes (N.B. c'est moi qui rajoute cet argument pour lui donner une excuse valable) .  Maintenant il doit veiller à penser à sa vessie au moins quatre fois par jour. (Elle ne lui manifeste rien, sauf quand il est trop tard). Quand nous sommes en déplacement il faut penser au matériel à emporter et prévoir un endroit accessible et adéquat suffisamment propre, spacieux et discret . Les pipis natures, c'est bel et bien fini! (maintenant ce sont des pipis de luxe à environ 2,50 € la sonde)

 Pour ce qui est de la durée du séjour de Pierre dans la "montagne des pelles" on n'est pas encore vraiment fixé. Il faudra voir comment évolue son poignet et ce qu'il peut oui ou non faire. En effet s'il ne peut pas s'appuyer dessus, il ne pourra pas rentrer dans notre voiture et il faudra prévoir un transport adapté.  A la maison,  heureusement, nous avons maintenant un lift au plafond de la chambre et de la salle de bains qui lui permet de faire les transferts  entre le lit et les chaises roulantes, mais pas question de se mettre dans un fauteuil au living, impossible aussi d'aller à la mer où nous ne disposons pas d'un lift. (ça fait quatre mois qu'on attend le feu vert de l'assurance tierce pour pouvoir signer le contrat pour les travaux d'aménagement de notre appart. Cela fait parti des épreuves pour réussir notre doctorat en Patience...) 
Enfin, dans l'attente de son retour à la maison,  il se fait chouchouter comme un VIP par toute l'équipe de son étage. (c'est parce qu'il le mérite bien ...)


jeudi 15 octobre 2015

Nouvelles de dernière minute

Pierre est le premier sur la liste pour être opéré demain à 07:30. Il a rencontré l'anesthésiste qui a pu le rassurer concernant la méthode utilisée pour l'endormir. (on va essayer de le piquer dans le pied, si ça ne marche pas on met un sparadraps anesthésiant sur le bras avant d'y introduire l'aiguille.) Il est rassuré, moi aussi. Il sera opéré par "la référence" en chirurgie pour le poignet. Il est en de bonnes mains.
On l'a installé dans le service où il a passé 9 mois avant son retour à la maison le 3 avril. Les infirmières défilent dans sa chambre pour venir le saluer. On prévoit de le garder minimum une semaine, maximum deux semaines. On verra bien...

lundi 12 octobre 2015

M’asseoir sur un banc, cinq minutes avec toi et r’garder les pigeons tant qu’y en a


Voici 6 mois que je suis revenu définitivement à la maison. Quelques cartes postales ont encore été imprimées depuis lors. Les voici:

Il y a quelques semaines, Madicte était en goguette pour une soirée avec ses copines. De mon côté, je rangeais le garage à ma manière : nous y avons remonté la réserve de nourriture « sèche » (pâtes, sucre, CHOCOLAT, biscuits, pots de mayonnaise et autres sauces, etc…). Il restait une étagère entière libre. Je me suis attelé à y ranger les produits d’entretien, de manière à voir ce que nous avons et pour avoir accès à tous les produits. Je range les éponges, les flacons, je jette discrètement une série de loques qui ont fait leur temps (ne rien dire à Madicte !), je mets de côté certains produits assez vieux dont nous ne faisons plus usage depuis des années: cire pour cirer les meubles, etc… J’aimerais bien encore sentir cette bonne odeur des meubles cirés, qui me rappelle les maisons des parents et des grands-parents… mais bon, les temps changent, les produits évoluent. On verra quand Madicte rentrera. Tiens, voilà un pot de confiture couvert de poussière. Mais il ne contient pas de confiture. C’est un liquide incolore… Serait-ce du vinaigre ? Je crois que Madicte en utilise à l’occasion pour l’une ou l’autre lessive. Vraiment sale, ce pot. On garde? Dans les pyramides, on a bien retrouvé certains produits qui étaient encore comestibles, peut-être ce vinaigre le serait-il aussi ? Je vais l’ouvrir pour savoir ce qu’il en est. Pas fou, je le tiens à bout de bras, tournant le visage sur le côté. Hum… dur à ouvrir ce bocal. Allez, j’ai quand-même récupéré un peu de force dans les bras, je dois y arriver ! Et voilà que ça s’ouvre. Le pot était sous pression, un gaz en jaillit avec un bruit de décompression assez impressionnant et me saute au visage. En une fraction de seconde, mes yeux, mon nez me brûlent de manière horrible ! Bocal déposé sur le meuble, j’ouvre la porte du garage, je sors pour m’aérer, respirer de l’air pur. En moins d’une minute, je suis couvert de bave, de glaires, mes yeux pleurent comme deux fontaines. Je n’ose plus respirer par le nez. A quoi ai-je échappé ? Les minutes passent, ça ne va pas mieux. Je me sens sans forces. Mon GSM, vite ! je compose le 112, il est juste 22.00 h. J’explique ce qui m’est arrivé, entre deux sanglots, sentant perdre mes forces. Le correspondant me pose quelques questions, mais me dit ne pas attendre la fin de la conversation et envoie déjà l’ambulance. A 22.09 h l’ambulance s’arrête devant le garage. Le premier à en sortir est le convoyeur, il porte des gants et a un masque relié à une bonbonne (d’oxygène, je suppose ; je ne pense pas qu’il s’agisse de gaz hilarant). Très rapides, lui et son collègue s’occupent de moi, me mettent à l’aise, m’aident à respirer et me demandent à voir le produit. L’un des deux, avec précaution (comme nous apprenions au cours de chimie) essaye de découvrir quelle substance m’a joué ce vilain tour. Il n’est pas certain, mais avance l’idée de l’ammoniaque. Le nez dégage toujours autant de glaires, les yeux vont mieux, je respire par la bouche. Ils me proposent de me rincer les narines avec de l’eau injectée par une seringue. Je dois faire attention de bien recracher l’eau. OK, ça aide fort, je me sens mieux. Les ambulanciers contrôlent l’oxygène dans le sang, ma pression artérielle, … Une demi- heure s’est écoulée depuis leur arrivée. Je respire à nouveau tout à fait normalement. Maintenant la question est: On m’embarque en observation pour la nuit, ou on me laisse à la maison ? Je reste, ma femme va rentrer, elle sera là pour m’euthanasier, si besoin était (ils ont de l’humour, ils rient et voient que je vais mieux). Une heure plus tard Madicte rentre ; je suis sorti d’affaire. Ouf ! Nous nous souvenons qu’il y a une quinzaine d’années nous avions une femme de ménage qui employait de l’ammoniaque pour nettoyer les vitres.

Une autre carte postale, d’un style différent, avec effets rétroactifs : Avant l’accident, chaque matin j’enlevais mon caleçon de nuit de la manière suivante: je le faisais tomber sur mes chevilles, j’en sortais un de mes pieds puis, avec le pied encore dans la toile, je jetais le caleçon en l’air. Le but était de l’attraper au vol: si l’opération réussissait, la journée serait bonne ! J’ai souvent, très souvent eu de bonnes journées. Je vous conseille d’essayer. Si vous êtes timide, faites-le seul, si vous voulez vous amuser à deux, osez devant Madame, ou devant Monsieur. Quel que soit votre âge, amusez-vous, même pour des futilités ! Faites-le juste pour vous et profitez du résultat ! Actuellement mes journées sont souvent bonnes, même si je ne pratique plus cette gymnastique quotidienne (j’ai eu un accident). Peut-être est-ce la preuve que cela ne marche pas… mais en attendant, vous aurez souri dès le matin… Pour les personnes d’un certain âge, je conseille de vous tenir au lavabo avec la main libre.

Ce qui suit n’est pas une carte postale… C’est le fruit d’une réflexion en cours. Dans le cadre de la réorganisation de la maison, il faut aussi penser au jardin. Deux possibilités : soit un entrepreneur de jardin vient chaque semaine pour tondre, et deux ou trois fois par an pour élaguer (papa me l’avait dit : « Un jardin, c’est planter pendant 5 ans… et couper pendant 50 ans ! »). Ou alors, autre possibilité, on rase tout, on met un gazon facile à entretenir (avec un robot) et on taille les haies une fois par an. Cette deuxième solution sera certainement retenue par l’assurance de la partie adverse, étant la moins chère. Cela signifie aussi que tout le jardin que j’avais pensé, avec ses coins et recoins-surprises va disparaitre. Dur dur…

Petite carte postale « surprise : devine le prochain accident ! ». J’allais prendre ma douche lorsque nous nous sommes rendus compte que la chaise de douche… allait perdre une roue. Il y a un défaut, et cette roue n’est pas fixée. Jusqu’ici on ne s’en était pas rendu compte. La chance a voulu qu’elle se détache lors d’une manipulation « à vide ». Cela aurait pu se produire alors que je manœuvrais sous la douche; perdre une roue arrière, c’est la chute assurée. Comme je prends ma douche seul, neuf fois sur dix, combien de temps serais-je resté étalé sur le carrelage ? Les anges gardiens sont à l’œuvre en permanence chez moi. Cette fois, pas de photo de moi sous la douche ! A la demande générale d’une personne (petit clin d’œil à tante Jacqueline), les photos de nu ne seront plus publiées.

Carte postale pour le futur : Nous avons appris que je dois repasser sur le billard pour une petite intervention chirurgicale. On va m’enlever plaque et vis du poignet droit. Il est question d’un séjour d’une petite semaine en clinique après l’intervention… Youpie, on est reparti ! Je pense déjà aux piqures, prises de sang et autres joyeusetés piquantes. Pour les assoiffés de sang, rassurez-vous, je vous ferai un rapport fidèle et froid, sans concession ! Admission à Pellenberg ce jeudi 15.10, petite intervention chirurgicale le lendemain. Je vais revoir mes infirmières ! On reprend vite goût aux bonnes choses, mais en échange je serai à nouveau séparé de ma Douce…

Les mots sont toujours les mêmes pour dire MERCI. Et pourtant vos chemins de soutien sont si variés, si beaux ! Madicte et moi avons énormément de chance d’être ainsi portés par vous tous ! Vous êtes formidables !
Je m’aperçois que la liste de cadeaux est toujours incomplète. Je rajoute donc ceci, en plus du raton laveur: un escargot en fer forgé, un bon resto, une belle amitié, un coffret CD pour vire « l’ici et maintenant », un rasoir, …

Pas de proposition de musique cette fois, mais je relis pour la troisième fois ce beau livre reçu de je ne sais plus qui (*) « Petit traité de spiritualité au quotidien », écrit par Anselm Grün, un moine allemand (éditions Albin Michel). Deux ou trois pages par jour, c’est de l’énergie pour l’âme.

(*) C’est un problème… Parmi tous les livres reçus, il y en a beaucoup qui ne sont pas dédicacés, et nous ne savons plus qui nous les a offerts…