vendredi 16 octobre 2015

Une complication imprévue




Ouf, voilà, le pire est passé.  Pierre a été super bien pris en charge par toute l'équipe.  Il s'est senti très calme et serein.  L'anesthésiste a pu lui mettre le cathéter dans le pied, Pierre n'a rien senti et il est parti dans les bras de Morphée sans s'en rendre compte.  Selon l'assistant du prof qui l'a opéré tout s'est bien déroulé  et il devra passer un contrôle dans 10 jours.
Vers onze heures il est de retour dans sa chambre, encore un peu dans le cirage, mais paisible.
Début d'après-midi il est temps de soulager sa vessie et ... zut alors, pas moyen  d'introduire une sonde.  Après plus d'une quinzaine de sondes et 7 infirmières qui doivent toutes l'une après l'autre déclarer forfait, on téléphone au service d'urologie qui se trouve sur l'autre montagne, vous savez, la Gasthuisberg.  Là-bas on dit qu'il faut faire venir Pierre chez eux.  Vers 16 heures,  Pierre, dans son lit, est embarqué dans la navette qui va traverser Louvain à l'heure de pointe.  Non, ce n'était pas un lit volant ni une navette spatiale! Il arrive presqu'une heure plus tard aux urgences où deux urologues le prennent en charge.  Ceux-ci réussissent sans trop de difficultés à lui poser une sonde permanente. D'ici quelques jours, si tout va bien il pourra à nouveau se sonder normalement.  
Pour le retour à Pellenberg, la navette a emprunté l'autoroute et le voyage s'est fait dans un temps record.  A 19 h 30 notre voyageur alité est de retour dans sa chambre et peut enfin prendre son premier repas de la journée.  Avouez que c'est quand même un luxe de pouvoir voyager ainsi dans son lit, il est vraiment pénard notre St-Pierre!!!

Ouf!  Quel soulagement, dans tous les sens du terme... Quel branle-bas-de-combat pour un pipi qui ne veut pas se faire! Je maudis parfois la paralysie de Pierre, mais aujourd'hui je me dis qu'avec ce qu'il a vécu, il a eu au moins cet avantage-là qu'il n'a rien senti.  
Tant qu'on est en bonne santé, on ne s'imagine pas à quel point pouvoir faire son petit pipi sans problème est  une chance.  Oui, même pour ça il faut dire merci la vie.
Etre paraplégique ce n'est pas seulement être dans une chaise roulante et ne plus savoir marcher, c'est aussi être privé de différentes fonctions naturelles et devoir les compenser de façon souvent fastidieuse . Je pense à mon homme jardinier qui aimait parfois arroser certains coins du jardin de son crû pour ne pas devoir salir la maison avec ses bottes (N.B. c'est moi qui rajoute cet argument pour lui donner une excuse valable) .  Maintenant il doit veiller à penser à sa vessie au moins quatre fois par jour. (Elle ne lui manifeste rien, sauf quand il est trop tard). Quand nous sommes en déplacement il faut penser au matériel à emporter et prévoir un endroit accessible et adéquat suffisamment propre, spacieux et discret . Les pipis natures, c'est bel et bien fini! (maintenant ce sont des pipis de luxe à environ 2,50 € la sonde)

 Pour ce qui est de la durée du séjour de Pierre dans la "montagne des pelles" on n'est pas encore vraiment fixé. Il faudra voir comment évolue son poignet et ce qu'il peut oui ou non faire. En effet s'il ne peut pas s'appuyer dessus, il ne pourra pas rentrer dans notre voiture et il faudra prévoir un transport adapté.  A la maison,  heureusement, nous avons maintenant un lift au plafond de la chambre et de la salle de bains qui lui permet de faire les transferts  entre le lit et les chaises roulantes, mais pas question de se mettre dans un fauteuil au living, impossible aussi d'aller à la mer où nous ne disposons pas d'un lift. (ça fait quatre mois qu'on attend le feu vert de l'assurance tierce pour pouvoir signer le contrat pour les travaux d'aménagement de notre appart. Cela fait parti des épreuves pour réussir notre doctorat en Patience...) 
Enfin, dans l'attente de son retour à la maison,  il se fait chouchouter comme un VIP par toute l'équipe de son étage. (c'est parce qu'il le mérite bien ...)


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