lundi 30 novembre 2015

Des bateaux...



“…Des bateaux, j’en ai pris beaucoup, mais le seul qui ait tenu le coup, qui n’ait jamais viré de bord, … naviguait en père peinard sur la grand mare des canards, et s’appelait les Copains d’abord… »

Marre ! Ras-le-bol ! Voici quatre semaines que je me paye une infection bactériologique ! Et une inflammation musculaire ! Plus beaucoup d’énergie… Ce n’est pas marrant de porter un lange, d’avoir la désagréable surprise de découvrir les fuites en tous genres ! Marre des « odeurs corporelles » (c’est dit pudiquement, hein ? Mais qu’est-ce que j’ai envie de lâcher tous les jurons les plus crapuleux, les plus plats, les plus parlants !!!).
Ces dernières semaines ont été secouantes, peu sereines. Une fois ce sont les draps qui doivent être changés, une fois les vêtements et les draps ; parfois deux douches par jour, parfois en sortant de la douche, on peut me suivre à la trace ; parfois je ne remarque rien mais Madicte me dit pleine de tact que « c’est encore arrivé »… Résultat, je me confine à la maison (à la demande de tante Jacqueline, il n’y aura pas de photo). Comparer ne sert à rien, mais je pense parfois à « avant » et à tout ce qui allait bien. A moi de faire avec ce que le présent me donne ! Entre découragement, envie de gueuler à m’en faire éclater les cordes vocales, ou encore rester sans réaction… tout me passe par la tête. Et puis je vois le calme de Madicte, sa sérénité, son Amour, sa douceur. Alors elle déteint sur moi, je sais que je ne dois pas m’excuser, je lui dis « merci » pour sa disponibilité, sa patience, alors qu’elle est elle-même en traitement (dernière chimio ce mercredi  2 décembre), qu’elle essaye de faire une sieste chaque jour (souvent de mauvaise qualité, soit à cause du bruit dans la rue, soit à cause du sommeil qui ne veut pas d’elle), alors qu’elle-même aurait droit à toutes les attentions… c’est elle qui me tire vers le haut, qui me maintient la tête hors de l’eau.  Je pense à un poème écrit par papa il y a une quarantaine d’années, où il disait « … oui femme, tu es la plus belle des créations… ».
Rajoutons à cela que j’ai tout le temps froid, que je n’arrive pas à me réchauffer. Je vois aussi que je n’arrive pas à manger proprement: sans ma grande serviette blanche (elle est blanche la première fois que je l’emploie), à la mode de nos grands-parents, mon pull, ma chemise, peuvent passer à la lessive.
Et tant que nous y sommes… J’essaie à ma manière de faire de petites tâches ménagères, pour décharger Madicte. Parfois je veux soulever quelque chose (un bac Curver par exemple); si c’est très lourd, c’est moi qui rejoints le bac et non le bac qui monte sur mes genoux ! N’ayant pour ainsi dire plus de muscles abdominaux, je ne sais pas me redresser sans l’aide de mes bras (mais si ceux-ci sont occupés à soulever  quelque chose… c’est mission impossible !). Quand je me vois sur ma chaise roulante, le torse nu, je vois la forme d’une grosse poire ! D’accord, je n’étais pas mince avant l’accident, mais maintenant c’est dur à supporter… C’est à ces moments-là que je hais les miroirs !
Rajoutons la tension artérielle qui ne descend pas, depuis plus d’un mois…
Cette fois-ci, les humeurs sont plutôt noires !

Une idée musique ? Sur Youtube, il y a quelques versions de la chanson « Alleluia » vraiment poignantes (une version longue, par Léonard Cohen ! Par contre, très décevante, la version d’Elvis Presley…). De fil en aiguille, sur Youtube, laissons aller Léonard Cohen avec sa voix profonde, un bon bouquin sur les genoux… Ambiance cocoon assurée.

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