“…Des bateaux, j’en ai pris beaucoup,
mais le seul qui ait tenu le coup, qui n’ait jamais viré de bord, … naviguait
en père peinard sur la grand mare des canards, et s’appelait les Copains
d’abord… »
Marre ! Ras-le-bol ! Voici quatre semaines que je me paye une
infection bactériologique ! Et une inflammation musculaire ! Plus
beaucoup d’énergie… Ce n’est pas marrant de porter un lange, d’avoir la
désagréable surprise de découvrir les fuites en tous genres ! Marre des
« odeurs corporelles » (c’est dit pudiquement, hein ? Mais
qu’est-ce que j’ai envie de lâcher tous les jurons les plus crapuleux, les plus
plats, les plus parlants !!!).
Ces dernières semaines ont été secouantes, peu sereines. Une fois ce sont
les draps qui doivent être changés, une fois les vêtements et les draps ;
parfois deux douches par jour, parfois en sortant de la douche, on peut me
suivre à la trace ; parfois je ne remarque rien mais Madicte me dit pleine
de tact que « c’est encore arrivé »… Résultat, je me confine à la
maison (à la demande de tante Jacqueline, il n’y aura pas de photo). Comparer
ne sert à rien, mais je pense parfois à « avant » et à tout ce qui allait
bien. A moi de faire avec ce que le présent me donne ! Entre
découragement, envie de gueuler à m’en faire éclater les cordes vocales, ou
encore rester sans réaction… tout me passe par la tête. Et puis je vois le
calme de Madicte, sa sérénité, son Amour, sa douceur. Alors elle déteint sur
moi, je sais que je ne dois pas m’excuser, je lui dis « merci » pour
sa disponibilité, sa patience, alors qu’elle est elle-même en traitement
(dernière chimio ce mercredi 2
décembre), qu’elle essaye de faire une sieste chaque jour (souvent de mauvaise
qualité, soit à cause du bruit dans la rue, soit à cause du sommeil qui ne veut
pas d’elle), alors qu’elle-même aurait droit à toutes les attentions… c’est
elle qui me tire vers le haut, qui me maintient la tête hors de l’eau. Je pense à un poème écrit par papa il y a une
quarantaine d’années, où il disait « … oui femme, tu es la plus belle des
créations… ».
Rajoutons à cela que j’ai tout le temps froid, que je n’arrive pas à me
réchauffer. Je vois aussi que je n’arrive pas à manger proprement: sans ma
grande serviette blanche (elle est blanche la première fois que je l’emploie),
à la mode de nos grands-parents, mon pull, ma chemise, peuvent passer à la
lessive.
Et tant que nous y sommes… J’essaie à ma manière de faire de petites tâches
ménagères, pour décharger Madicte. Parfois je veux soulever quelque chose (un
bac Curver par exemple); si c’est très lourd, c’est moi qui rejoints le bac et
non le bac qui monte sur mes genoux ! N’ayant pour ainsi dire plus de
muscles abdominaux, je ne sais pas me redresser sans l’aide de mes bras (mais
si ceux-ci sont occupés à soulever quelque chose… c’est mission
impossible !). Quand je me vois sur ma chaise roulante, le torse nu, je
vois la forme d’une grosse poire ! D’accord, je n’étais pas mince avant
l’accident, mais maintenant c’est dur à supporter… C’est à ces moments-là que
je hais les miroirs !
Rajoutons la tension artérielle qui ne descend pas, depuis plus d’un mois…
Cette fois-ci, les humeurs sont plutôt noires !
Une idée musique ? Sur Youtube, il y a quelques versions de la chanson
« Alleluia » vraiment poignantes (une version longue, par Léonard
Cohen ! Par contre, très décevante, la version d’Elvis Presley…). De fil
en aiguille, sur Youtube, laissons aller Léonard Cohen avec sa voix profonde,
un bon bouquin sur les genoux… Ambiance cocoon assurée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire