mardi 10 novembre 2015

Si vis pacem para bellum




La Vie continue à Zepperen… Je suis rentré de Pellenberg depuis deux bonnes semaines. On m’a enlevé les fils du poignet. Cela a modifié certaines manières de réagir chez moi…
Depuis le début de mon séjour au CTR à Brugman, j’ai commencé à développer une peur des piqures… Avec le temps, cette peur est devenue une panique, puis une phobie. C’était clairement la peur de la douleur. Une fois que j’ai pu mettre les mots justes sur cette phobie, il m’a encore fallu du temps pour comprendre pourquoi… Lors de mon séjour à l’hôpital St Pierre à Ottignies, puis à Brugman, j’ai reçu des piqures, on m’a pris du sang, etc … et à chaque fois j’avais droit à des encouragements du genre « Vous verrez, ça ne fait presque pas mal… Ca va un peu faire mal… Attention, vous n’allez presque rien sentir… Ca ne va pas faire mal… Ne bougez pas, ce sera court…» Idem lors d’examens pendant lesquels on m’injectait un produit contrastant dans les veines. Je ne pouvais que subir ces petites ou grandes douleurs, bloqué avec mes bras entravés, ou les deux poignets cassés… Sans oublier la fois où l’on m’a enlevé le drain du poumon : « Je vais vous ôter le drain, ça ne fait pas mal, vous allez juste sentir le tuyau glisser ; je le tire en une fois comme ça vous en êtes directement quitte ». Oui, c’était une bonne idée, mais… la gentille infirmière qui ne voulait pas me faire mal avait un peu zappé le fait que le drain était cousu à ma peau et que, en tirant d’un coup, elle emmenait mon épiderme et ma confiance. Jusqu’à ce que mon cri lui fasse prendre conscience à quel point j’étais attaché à mon drain.
Lors de la préparation pour une petite intervention à Gasthuisberg, j’expliquais à l’anesthésiste à quel point j’avais peur des piqures. Il me disait me comprendre et notait mes remarques. Comme les infirmières de Pellenberg me prenaient du sang dans le pied, là où je ne sens rien, on mettait au point un plan de bataille du même style. Tout était bien, jusqu’au lendemain, peu avant l’opération : l’infirmier (Gasthuisberg) n’a aucunement compte de ma peur de la douleur. « Vous allez voir, j’emploie une aiguille qui ne fait presque pas mal (parce qu’ils en ont aussi qui font mal, pour les patients qui le demandent) ». Il avait été prévu de me donner un calmant, éventuellement de mettre une pommade qui endort l’endroit où l’on va piquer. Balayé, tout ça ! Il a juste consenti à me donner une petite pilule calmante, mais m’a piqué dix secondes après ! Bref, ma confiance a été ramenée à zéro. Et puis, voilà à peu près un mois, j’apprends que l’on va m’enlever la ferraille que j’ai encore dans le poignet. A moi de rester calme, de me préparer psychologiquement… Le docteur Kiekens a bien entendu ma peur, tout comme les infirmières. Et la veille de l’intervention, j’ai rencontré l’anesthésiste. J’ai redis mes peurs, je lui ai expliqué que puisque les moyens existent, on peut les employer. Je lui ai dit que si l’on ne tenait pas compte de tout cela, l’opération se ferait sans moi. Je lui ai dit que je pourrais sans difficulté enjamber les barreaux de mon lit si l’on ne tenait pas compte de moi ! Je lui ai dit que je lui faisais confiance, mais qu’il lui appartenait de ne pas abuser de cette confiance, de vraiment tenir compte de cette demande. Il m’a écouté, compris et s’est engagé à veiller personnellement à ce que tout se passe bien de manière à me mettre à l’aise. Il a suggéré de me donner un calmant le lendemain matin. De plus mes infirmières m’ont dit avoir contacté leurs collègues du bloc opératoire pour leur expliquer mon problème. L’infirmière de nuit m’a donc donné un calmant à 6.00 h. A 6.30 h, l’anesthésiste était dans ma chambre ! Il a essayé de piquer dans le pied (pour le baxter) et a vu que ça marchait (la piqure, pas le pied)! Tout était bien. A 7.30 h on me conduisait vers le bloc opératoire. Je ne me souviens plus de la suite… tant j’étais détendu et en confiance.
Tout ceci pour en revenir au début de ce texte :  certaines choses ont changé en moi. J’ai ( je pense) retrouvé la confiance. Je serais même prêt à accepter une prise de sang dans le bras. Il y a eu comme un déclic lors de mon dernier passage à Pellenberg. Comme je l’ai dit, l’écoute et la compréhension du docteur Kiekens, l’appui des infirmières, l’attitude de l’anesthésiste, la compréhension de Carine, la psy de Pellenberg qui m’a aidé à mettre les mots justes sur ce que je vivais, tout cela a ouvert une porte ! Porte qui était cadenassée depuis plus d’un an…
Dans le même ordre d’idées, j’ai découvert, après mon retour à la maison en avril, comme j’avais peur des chiens… C’était nouveau aussi. Grâce à Norbert, qui m’a fait rencontrer ses grands chiens, et m’a expliqué comment me comporter, quelle attitude avoir (physiquement) en leur présence, comment interpréter leurs aboiements… je peux aussi dire qu’une autre porte s’est ouverte. Je n’irai pas dormir dans le chenil, mais je ne m’arrêterai plus, tout paniqué, en voyant un chien sur mon chemin.
Une petite carte postale, toute fraîche de cette semaine: un matin, je sors sur la terrasse de notre chambre avec l’intention de me recouper les cheveux. Autrefois je faisais cela debout, face au miroir de la salle de bain (j’ai toujours le miroir, la salle de bains, mais plus le debout). Maintenant, pour ne pas éparpiller mes cheveux partout autour de l’évier, je fais ça dehors, à tous vents. Tout se passe bien, je suis content de l’efficacité de la tondeuse. Quand je crois avoir fini, je me retourne pour rentrer dans la chambre et découvre mon reflet dans la porte fenêtre. En me voyant je réalise que j’ai oublié que sur la tondeuse, il y a un réglage à faire: choisir la longueur de tonte. J’ai donc rasé sur la position « longueur minimum » ! me voilà avec une coupe « GI », prêt à entrer dans un centre d’instruction… Mais il parait que ça repousse, dixit Madicte.

Autre carte postale de Zepperen : je devais me rendre chez notre docteur de famille pour un contrôle (Madicte prend le rendez-vous pour moi via internet). En arrivant chez notre toubib, nous avons la bonne surprise de voir qu’elle a placé une rampe pour la marche d’accès à sa salle d’attente. Vraiment bien, notre toubib ! Tous ces petits gestes qui sont autant de marques d’attention…
Ce soir, avant de conclure, je vous envoie une photo de nos deux familles: parents, frères, sœurs, beaux-frères, belles-sœurs, oncles et tantes, cousins, cousines, leurs enfants et petits-enfants. Nous sommes vraiment soutenus par nos deux familles de manière incroyable ! Ce sera l’image finale de ce texte, en sachant que parmi tous ce monde, il y a de la souffrance, des pleurs. Mais aussi des sourires, des éclats de rires !

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