vendredi 25 décembre 2015

Joyeux Noël




Les nouvelles que Pierre avait mises sur le blog il y a un peu moins d'un mois n'étaient pas vraiment joyeuses. Parfois, trop c'est te veel et il faut faire sauter la soupape pour éviter d'exploser.
Heureusement le traitement d'antibiotiques a été efficace et le sale microbe a quitté la vessie de Pierre, à notre grand soulagement à tous deux.  Pierre reprend du poil de la bête, il reste cependant avec des problèmes d'inflammation au bras.  Suite à son opération en octobre il a dû épargner son poignet droit et a surchargé son côté gauche. Ce qui explique cela. 

Cette semaine j'ai pu, pour la première fois depuis des mois, me dire que je ne devais pas aller à l'hôpital pour recevoir ma dose chimique. Je peux enfin clore ce chapitre et avoir d'autres perspectives.  Je sais bien qu'il me faudra le temps de me désintoxiquer.  Personne ne peut me dire dans quelle mesure je serai entièrement ou non libérée de tous les effets secondaires qui sont apparus au fil du temps des traitements subis. L'oncologue dit que ses patients après un certain temps s'en plaignent moins, mais que c'est sans doute aussi parce qu'ils apprennent à "vivre avec"...

Bonne nouvelle, c'est quasi par hasard que nous avons appris que la mutuelle a un service social qui aiguille et aide les personnes comme nous qui sommes inondées de soucis administratifs divers. Nous avons été très bien accueillis et contrairement à certains bureaucrates qui ne voient en nous que des dossiers et des contentieux à régler, l'assistante sociale a pris le temps de voir tout ce que ses services pouvaient faire pour nous aider et pour m'alléger la tâche. Elle est la première professionnelle qui m'a dit clairement que mon congé de maladie était là pour me donner les moyens de guérir et de me reposer et non pas de régler tous les problèmes liés au dossier de l'accident de Pierre et de pallier aux lacunes qu'ils crée.  Donc, chers amis, si un jour vous êtes confrontés à la gestion de plein de dossiers liés à des problèmes de santé, sachez que votre mutuelle a un service social qui peut vous aider. Quand soi-même on essaye de garder la tête en dehors de l'eau, c'est une vraie bouée qui vous est offerte. Je ne souhaite à personne de vivre ce que nous avons vécu et vivons, mais être entourés et aidés comme nous le sommes, ça c'est un privilège qui nous donne le courage de garder le moral le mieux possible.

Après six mois nous avons enfin reçu le rapport de l'expert architecte de la partie tierce concernant les adaptations à notre maison et l'appartement. Comme douche froide, il n'y a pas mieux. On pourrait supposer que le type est payé en fonction des réductions des dédommagements à payer qu'il parvient à obtenir ... il n'y a pas à dire, comme moyen démoralisant c'est efficace.  Je vous donne deux exemples: il pose la question de savoir si c'est vraiment nécessaire que Pierre puisse cuisiner dans notre appartement à la mer, puisque c'est un logement de vacances... Il se demande aussi si ça se justifie que nous demandions une extension de notre domicile au rez-de-chaussée, vu que les enfants n'y habitent plus et que la maison est déjà grande.
Nous ne pouvons surtout pas bénéficier de quelque avantage que ce soit par rapport à notre vie antérieure. Tout est passé au crible fin, tout doit se justifier jusqu'au moindre détail. Je souhaiterais que cet "expert" qui doit examiner nos dossiers soit obligé de passer une semaine en chaise roulante dans notre maison et appartement, qu'il soit obligé de faire des transferts du lit au fauteuil, du fauteuil à la voiture, qu'il doive circuler dans les pièces en bougeant parfois des chaises ou des objets qui sont dans le chemin, qu'il essaye de se laver les mains et d'aller dans une salle de bain dont la porte est trop étroite, qu'il attende que la télé soit allumée par un tiers pour qu'il puisse la regarder, qu'il essaye de se réchauffer une assiette dans le four auquel in n'a pas accès, qu'il dorme dans le couloir dans un lit d'hôpital parce qu'il ne peut pas rentrer dans la chambre, que pour aller à selle il ait besoin d'une infirmière qui lui fait un toucher rectal sur le lit, que pour se déplacer en voiture il est toujours dépendant d'un chauffeur.  Je me demande si après ça il considèrerait encore nos demandes comme démesurées.
Je sens en moi une colère gronder depuis des mois par rapport à la façon dont l'assurance de la partie tierce nous traite, je devrais dire maltraite.  Mais on ne va pas se laisser faire, heureusement que nous avons des professionnels compétents et bienveillants qui nous soutiennent.  Restons zen, mais nom d'une pipe, j'en ai parfois ras-le-bol de devoir passer tant de temps à m'occuper des paperasses afin de prouver tous les frais que nous avons et justifier les besoins qui résultent des conséquences de l'accident. On pourrait presque croire que nous sommes suspectés de vouloir nous enrichir et de profiter de la situation pour rouler les assurances.  Tout coupable a le droit de bénéficier de la présomption d'innocence, mais les victimes, elles, on leur a foutu leur vie en l'air et elles doivent se dém... pour essayer de ne pas sombrer et de reconstruire une vie qui ne sera plus jamais comme avant. Elles doivent épuiser leurs économies, attendre des mois, des années parfois, avant de pouvoir s'engager à faire des frais importants et pourtant si nécessaires et toucher le moindre dédommagement. Après il faudra encore dire merci à messieurs les assureurs d'avoir bien voulu accéder à une partie de nos demandes...
Je dois dire que notre vécu par rapport aux assurances me dégoûtent et que je suis bien heureuse de ne pas être actionnaire de l'une d'elle, j'aurais l'impression de toucher des dividendes sur le dos des victimes qu'on essaye de flouer et de priver de dédommagements auxquels elles auraient droit. Alors qu'au départ ces assurances devraient représenter un système de solidarité où les primes payées permettent de dédommager les sinistrés, aujourd'hui, comme les banques, leur premier objectif est de faire des bénéfices.  Et elles en font! Il suffit de voir les avantages et les parachutes dorés que certains cadres s'octroient....

Mais ne soyons pas amers, c'est pas bon pour la santé, surtout, ne pas rester dans la colère ou la frustration.... Ne soyons pas des Kaliméro!  Quand j'ai la vague à l'âme, je me dis que j'ai de la chance, que nous avons de la chance.  J'ai failli perdre l'amour de ma vie et il m'a été rendu, certes un peu cassé, mais à choisir, je préfère que tout fonctionne au-dessus du nombril plutôt qu'il puisse encore marcher mais que dans sa tête il déménage.... Alors je me dis que peu de femmes ont la chance d'avoir un époux aussi tendre et attentionné, aussi courageux et joyeux malgré toute l'adversité que la vie lui impose. Alors je me dis, en rencontrant tant d'autres personnes qui rament, que l'expression flamande "elk huisje heeft zijn kruisje" est bien vraie et que nous ne choisissons pas toujours les évènements et les circonstances de notre vie, mais que la façon dont nous y réagissons est davantage le résultat de notre choix.
Souvent des personnes nous demandent comment nous faisons pour rester aussi positifs et je me rends compte que c'est le seul chemin possible pour garder une certaine qualité de vie.  Nous n'avons pas envie de nous empoisonner l'un l'autre d'énergie négative.  Nous nous savons dépendants de l'humeur de l'autre, donc nous essayons de regarder toujours la bouteille à demi pleine et pas celle à demi vide. Je connais des personnes qui présentent leur foi comme le bâton sur lequel elles s'appuient pour avancer dans la vie. Chez moi, c'est plus qu'une foi, c'est la certitude enracinée que l'Amour est une force inégalable qui pousse ceux qui se laissent habiter par Lui à se dépasser et à faire émerger le divin qu'ils portent en eux.
Ça me fait penser à un texte que vous connaissez sans doute, il reste universel qu'on soit croyant ou non, il suffit d'être pleinement humain et de suivre la voix de son âme pour y adhérer:
J'aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel,
Si je n'ai pas la charité, s'il me manque l'amour,
je ne suis qu'un cuivre qui résonne,
une cymbale retentissante .
J'aurais beau être prophète,
avoir toute la science des mystères,
et toute la connaissance de Dieu,
et toute la foi jusqu'à transporter les montagnes,
s'il me manque l'amour,
je ne suis rien.
J'aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés,
j'aurais beau me faire brûler vif,
s'il me manque l'amour,
cela ne me sert à rien.

L'amour prend patience,
l'amour rend service,
l'amour ne jalouse pas,
il ne se vante pas,
ne se gonfle pas d'orgueil,
il ne fait rien de malhonnête,
il ne cherche pas son intérêt,
il ne s'emporte pas,
il n'entretient pas de rancune,
il ne se réjouit pas de ce qui est mal
mais il trouve la joie dans ce qui est vrai,
il supporte tout,
il fait confiance en tout,
il espère tout, il endure tout
L'amour ne passera jamais.

première lettre de Saint Paul, apôtre, aux Corinthiens (12,31 -13,8a)
Belle fête de Noël!

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