jeudi 7 janvier 2016

Je me souviens...



Ceci n’est en rien de la nostalgie ou des regrets, ce sont juste des cartes postales qui rejaillissent du fond de la gibecière de ma mémoire. Peut-être feront-elles écho en vous… Je ne me tourne pas vers le passé avec nostalgie, ce sont juste des images qui remontent à la surface, avec une certaine sympathie. 

Quand j’étais petit, les Fruitella s’appelaient des Sugus, les Délichoc s’appelaient des Bichoc (il y avait des éclats de sucre du côté chocolat, ou côté biscuit, je ne sais plus).
Quand nous partions en vacances à la côte, ou en en revenant, lors des WE de grandes affluences, l’autoroute de la mer était fermée dans un sens, et le trafic se faisait dans la même direction de chaque côté de la berme centrale.
On ne pouvait pas manger de viande le vendredi, chez les catholiques s’entend. Au collège du Sacré cœur, il y avait du poisson froid en conserves avec des frites le vendredi, et… avec de la mayonnaise.
A Bruxelles, il y avait un viaduc « provisoire » entre le canal et le parc Elisabeth (près du  métro Simonis, qui n’existait pas à cette époque). Il y a avait trois bandes de circulation ; aux heures de pointes pour entrer dans la capitale, deux bandes étaient accessibles vers le centre. Et le soir, pour faciliter la sortie, deux bandes de circulation étaient ouvertes en direction de la Basilique. Ce trafic était réglé par des feux rouges ou verts suspendus. Ce viaduc provisoire a bien existé une quarantaine d’années.
En parlant de la Basilique de Koekelberg, je l’ai connue sans son dôme. Et c’est dans la Basilique que j’ai reçu une petite carte avec le nouveau texte du Notre Père. C’était une révolution : on tutoyait Dieu !!!
Quand j’allais en vacances chez les cousins de France, je pouvais rouler sur un vélomoteur, ce que je ne pouvais pas faire en Belgique, car l’âge minimum pour conduire un vélomoteur était de 16 ans, contre 14 en France.
Quand nous habitions Bruxelles, le marchand de lait passait dans la rue avec une charrette tirée par un cheval. Les camions poubelles étaient de simples camions avec une benne partiellement fermée, et tout entrait dedans, on ne triait pas, on ne recyclait pas.
Papa nous dessinait des voitures, et il y dessinait toujours sur l’aile avant une grille de ventilation, ou de refroidissement comme les voitures de son époque, ce qui ne se faisait plus alors.
Les vélos étaient souvent équipés d’un frein Torpedo, ou d’un pédalier fixe. Quand nous pouvions rouler sur un vélo normal, on avait une impression de « moderne ».
Dans la famille de papa, à Wasmes, une discussion revenait régulièrement : les bouchées Côte d’Or étaient-elles des souris, ou des éléphants ?
Lors de fêtes de familles, on était bien habillés, on avait « les vêtements du dimanche », et les petits garçons avaient une cravate avec un élastique.
A cette époque, on prenait un bain par semaine. Les autres jours, on se lavait au lavabo.
La télévision a eu une place importante dans notre enfance. Je pense à une émission de tv pour nous les enfants : l’ami Public N° 1, présenté par Pierre Tchernia. On la regardait sur l’ORTF, un poste que l’on ne captait pas toujours très bien. Ce n’étaient que des extraits de films de Walt Disney, avec l’un ou l’autre dessin animé parfois présenté en entier. Parmi les feuilletons de notre enfance, toujours en noir et blanc, il y a eu Zorro, les Chevaliers du Ciel, Max la Menace, ma Sorcière Bien Aimée, Cher Oncle Bill, Yvanhoë, Thibaut, L’Homme à la carabine ( = Joss Randall), Rintintin, la trilogie des Sébastien, suivie par le Jeune Fabre, Cent filles à marier, le Virginien, ma Mère à Moteur, Thierry la Fronde, l’Homme du Picardie, Chapeau Melon et Bottes de Cuir, Cher oncle Bill, Sacrée famille, Flipper le Dauphin, Daktari (le lion Clarence louchait… Durant notre adolescence, chaque fois que l’on voyait une fille qui louchait, on la surnommait Clarence, mais comme il n’y en avait pas beaucoup qui louchaient, celles qui étaient classées « pas importantes » étaient aussi surnommées Clarence… On a du faire pas mal de dégâts à cette époque ! Bande de p’tits cons que nous étions !). Il y a eu le feuilleton « les Galapias » (8 épisodes qui me laissent le souvenir d’une très longue série… Pour l’avoir revue il y a quelques années, qu’est-ce que nous étions naïfs de gober ainsi de telles histoires !). Et que dire du canard Saturnin, des Fous du Volant, de Calimero, des Pierre à feux, de Bonnomet et Tilapin, du Marchand de Sable avec Nicolas et Pimprenelle, de Bébé Antoine !
Pour revenir au feuilleton « Zorro », je chantais la chanson du générique mais il y a avait des paroles qui m’échappaient un peu… « Zorro, vainqueur tu l’es à chaque fois… » était devenu dans ma tête « Zorro, vainqueur, tulèze à chaque fois… ». Zorro était donc un vainqueur et un tulèze… à chaque fois ! Et dans le même genre d’interprétations personnalisées, je chantais avec les copains de la rue (Avenue Edouard Bénès, à Bruxelles) le refrain de la chanson de Henri Salvador « le travail c’est la santé » et je continuais en chantant « rien fercelle à conserver ». Voilà, il n’y avait pas de fercelle à conserver… De même, plus tard, dans la chanson de Michel Delpech, paix à son âme, je chantais sans comprendre ce que je disais « White is white, tilamis tilam… » alors que le chanteur nous disait « Dylan is Dylan ». J’en connais une qui chantait les paroles de Cliff Richard « Congratulation » (en anglais) et en avait fait « commatulation » (elle m’a demandé de ne pas révéler son identité, faute de quoi elle refuserait de dormir avec moi).
Quand j’étais petit, quand on voyait une personne handicapée, entre gamins on parlait d’un « anormal ». Je ne me souviens pas avoir entendu prononcer le mot « handicapé » avant l’âge de 8 ou 9 ans.
On achetait chez le marchand de journaux des lards, des têtes de nègres (on pouvait dire ça, oui madame…), à la pièce, présentées dans un carton sur le comptoir. Au diable l’hygiène !
L’eau pétillante s’appelait de l’eau qui pique.
Bonne-maman de Bruxelles préparait ce que je crois s’appeler des frisquins : de petites biscottes carrées tartinées avec un fromage fondu, le tout passé à la friteuse.
Quand nous étions petits, sur la plage pour rejoindre la mer, il fallait traverser une zone de coquillages écrasés et fort coupants, c’était toujours une épreuve qui finissait par la délivrance d’arriver sur une zone « non douloureuse ».
Je lisais, à 7 ans, les histoires de Trompette le petit éléphant et celles Bob Morane dans le Femmes d’Aujourd’hui. Quand j’allais acheter le Femmes d’Aujourd’hui, cela coûtait 6 fr.
Je me rappelle, quand nous habitions encore Bruxelles, que les gendarmes étaient habillés comme dans les histoires de Tintin, avec des guêtres, un képi montant très haut, un uniforme noir avec des galons rouges.
Avec les copains du village, à St Géry et Gentinnes, on allait « à gailles », c’est-à-dire jeter des bâtons dans les noyers pour récupérer les noix qui en tombaient.
Quand je suis arrivé dans ma nouvelle école à Gentinnes, en troisième primaire (nous venions de déménager, venant de Bruxelles), je suis revenu le premier jour en disant que c’était vraiment sympa de la part de l’instituteur : on pouvait l’appeler directement par son nom. A Bruxelles, il fallait dire « Madame Pranger », « Mademoiselle Strens », « Monsieur machin ». Ici à la campagne tout était plus simple, on pouvait l’appeler par son nom : Smith. Ca devait être un anglais… J’ai expliqué ça à la maison, et après concertation avec l’instituteur, on a éclairci le mystère. Les élèves disaient « Monsieur le Maître » de manière contractée : « S’ieur l’mèt, s’mèt, … » et je comprenais « Smith ». Ce n’était donc pas un anglais !
Dans notre rue à Bruxelles, il y a avait encore une prairie avec des chevaux. Il faut s’imaginer que l’on était entre la Chaussée de Gand et l’Athénée Royal de Molenbeek. On jouait dans le ruisseau qui bordait cette prairie. Plus bas, il y a avait le terrain vague, bordé d’une rangée de peupliers. C’était un lieu où l’on allait jouer en toute sécurité. On jouait dans la rue, que ce soit en trottinettes, au foot, … sans imaginer qu’il y aurait pu y avoir du danger, tant la circulation était limitée. Sur le terrain vague, il y a avait de gros camions qui venaient lâcher des pigeons pour les concours. Je n’ai plus aucune idée de la fréquence, mais je dirais une fois tous les 15 jours.
Tout existait en quantité « raisonnable » : les paquets de chips étaient de 50 grammes, la mayonnaise se vendait en tubes (taille tubes de dentifrice), il n’y avait qu’une seule taille pour les boites de Nesquick, les sachets de granulés de chocolat étaient tous de petite taille (200 g). On a poussé à la consommation ! mais pour certains produits chocolatés, je ne le regrette pas.
Quand nous tapions à la machine, en arrivant au bout de la ligne il y avait un petit timbre qui faisait « ting ».
Avec les copains, nous attachions des cartes à jouer avec des pinces à linges à la fourche de nos vélos. Quand nous roulions les cartes faisaient alors du bruit au contact des rayons des roues.
La nuit, les voitures françaises se reconnaissaient à leurs phares jaunes.
Quand nous sommes arrivés à St Géry, toutes les rues étaient encore pavées. Et les avaloirs des égouts avaient tous une grille parallèle au sens de la route. Je me souviens que nous avons souvent été mis en garde de ne pas rouler en vélo sur ces grilles, au risque de passer la tête la première tandis que le vélo restait coincé dans la grille. C’est pourtant arrivé quelques fois !
Quand nous étions en vacances à la mer, on voyait passer la Jeep publicitaire de Meli, elle tirait une remorque sur laquelle était couché un géant. C’était une aventure en soi que de raconter l’avoir vu passer devant nous !
Au parc de Meli, il y avait un ours. Maman nous disait qu’il fallait ne pas s’en approcher ; il avait déjà tué une petite fille qui avait franchi une barrière. Donc, en gros, les barrières servaient à ne pas être franchies. La pédagogie était assez simple.

Voilà, c’était autre chose… Pas de musique cette fois, mais deux beaux films (que j’ai aimé revoir) : Seven Pounds (sept vies) avec Will Smith ; et  Awakening  (l’éveil), avec Robin Williams!

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