samedi 24 novembre 2018

Palestiniens, Juifs et Arméniens témoignent du fond de leurs tombeaux que génocide c’est masculin, comme un SS, un torero




Il y a trop longtemps que je n’ai plus envoyé de cartes postales… en voici donc de nouvelles.
J’ai eu la surprise de faire trois chutes ces derniers temps… Ce qui n’était plus arrivé depuis près de trois ans ! La première chez des amis : un plan incliné installé avec sueur et efficacité m’avait permis d’entrer dans leur demeure. Lors du départ, il suffisait de franchir à nouveau l’obstacle dans l’autre sens. Pas difficile, hein ? Donc juste avant d’entamer la descente je me mets en équilibre sur mes roues arrière et me lance très doucement en avant. Mais… il y avait une toute petite marche de 2 cm à franchir juste avant la descente et la combinaison du mouvement « en arrière » pour me mettre sur deux roues, combiné à la petite marche, a suffit à me déséquilibrer et je suis parti en arrière, ma tête atterrissant sur les pieds de la personne qui me suivait (donc amortissement pour moi !). Rien de grave, juste un peu de frayeur pour tout le monde.
Deuxième chute au magasin Brico de St Truiden. Je m’y rendais seul, fier de mon autonomie, pour acheter un bidon. On m’explique que je trouverai ce produit à l’étage. Facile : il y a un tapis roulant qui mène à l’étage. La dame du magasin très gentiment me demande s’il ne vaut pas mieux arrêter le tapis roulant ; très sur de moi je lui dis que non, qu’il y a une technique pour s’envoyer en l’air et que je la maîtrise parfaitement. Je monte sans problème, fais mon choix et veux redescendre par l’autre tapis roulant, celui qui descend. Ayant le bidon sur les genoux, et le tapis en pente devant moi, pour que le bidon ne tombe pas, je me dis que je vais me remettre en équilibre sur mes roues arrière. C’est logique non ? Et ça fonctionne. En tout cas sur les 30 premiers centimètres… Ici la combinaison de la pente et de mon poids sur les roues arrière m’a entrainé très vite le dos au sol. Pas de mal, pas peur… Il me suffisait de me laisser descendre jusqu’en bas de la pente. J’ai hélé la gentille dame du magasin, qui m’a attendu au bas du tapis roulant. Quelques personnes sont arrivées pour lui prêter main forte et me redresser. Parmi ces gens il y avait un couple habitant notre rue. Grâce à eux, avant mon retour à la maison, tout le quartier était au courant de ma mésaventure. Sauf ma veuve, à qui on a voulu épargner des inquiétudes. Rentré à la maison, après avoir manœuvré sur le parking, j’ai vu trois personnes passer devant moi « par hasard » et me faire un signe en me demandant si tout allait bien. Me voyant bouger, sans plâtre ni bandages autour de la tête, ils semblaient rassurés… Pour info, le bidon d’acide ne s’est pas renversé, il est arrivé à bon port (en toute sécurité).
Troisième chute, en quittant le hall de sport : la porte de sortie était fermée, il suffisait de la pousser. Pas difficile pour nous autres aguerris à toutes les difficultés du quotidien. Je pousse la porte avec une main, puis dès qu’elle s’ouvre un peu je m’accroche aux montants de la porte, vite avant qu’elle ne se referme (sinon ça fait mal aux doigts). Mais la porte étant très rapide, plus rapide que moi, je retire mes doigts et donne un grand coup aux roues pour m’élancer en contrant la porte qui se refermait. Hé hééé… là aussi, une toute petite dénivellation de deux cm maximum m’a fait basculer en arrière ! Les gentilles personnes passant par là m’ont redressé. Il y a avait entre autres Pauline, l’une de mes deux super profs de sport !
Une carte postale musicale, ça vous dit ? Madicte et moi avons un abonnement au centre Culturel de Hasselt. Nous allons régulièrement assister à des concerts. Le dernier en date offrait un panel très varié. Ca commençait avec une œuvre de Thomas Adès intitulée « Dances from Powder her Face ». Plus de 70 musiciens de très haut niveau nous ont livré une prestation hors normes : une suite de coin coin, de pataquès, de boum boum, avec l’un ou l’autre tralala tsoin tsoin et quelques dzing dzing. Confiez les instruments à des revalidants de Pellenberg et vous verrez que nous ferons aussi bien ! Je suis allergique à ce style de musique, sans doute hermétique à cet art. Heureusement a suivi le concerto pour piano et orchestre n° 5 de Beethoven (« Keizerconcerto »). Ils n’étaient plus qu’une cinquantaine de musiciens (je me suis demandé si l’on avait congédié les plus mauvais…), mais alors là, que du bonheur ! Le toucher du pianiste (Nelson Freire) était extraordinaire ! Il vivait avec son piano. Le piano respirait pour lui. Ils ne faisaient qu’un ! Comme le dit si bien le philosophe Luc Harens « WAOW ! ». Je pense que je ne touchais plus le sol à ce moment. Puis après la pause, nous avons eu droit au « Sacre du Printemps » de Stravinsky. Ici on a rappelé les mauvais car ils étaient au moins 75 musiciens. J’ai moins aimé en ce qui concerne l’aspect mélodie, dans le sens où l’on ne sait pas fredonner un air, un peu comme une rengaine ou dans un concerto, quand il y a des variations sur un thème musical. Mais assister en life à cette prestation, c’est splendide. On entend tout en le voyant : si j’écoutais cette œuvre  sur un CD je ne percevrais pas tel ou tel instrument. Ici on voit les percussionnistes (ils étaient 5), que ce soit dans de petits mouvements ou dans de grands gestes, discrets ou impressionnants, ou les hautbois, les cors et autres instruments à vent. Le balai des archets qui dansent ensemble, les musiciens qui tournent les pages de leur livret en même temps. On est au cœur de l’œuvre ! Toutes les nuances, grâce à la vue, passent aussi par les oreilles (c’est un peu le but quand on assiste à un concert). J’ai aussi eu le temps d’observer les musiciens :
-      Six contrebassistes ; certains d’entre eux tenaient leur archet en supination et d’autres en pronation. Curieux.
-      Les violonistes masculins étaient tous assis les jambes fort écartées, bien que n’ayant pas d’instrument (de musique) entre les jambes ; alors que leurs collègues féminines, habillées dans de longues robes cintrées, gardaient les jambes serrées. Par contre les violoncellistes, hommes et femmes devaient écarter les jambes pour y caler leur instrument. Ici les dames n’avaient pas de robes fuseaux…
-      J’ai compté huit femmes avec des lunettes, dont deux qui remontaient régulièrement leurs lunettes d’un petit geste avec le majeur… Geste formellement interdit dans les écoles !
-      Une exception dans les dames : une violoniste au troisième rang habillée aussi d’une robe fuseau, mais assez fendue quand même : dévoilant sa jambe gauche bien au-delà « de la mi-cuisse ». Ce n’est ni un péché ni une contre performance en soi, rassurez-vous ! Mais tout le monde n’en a pas profité … Il fallait être bien placé.
-      Pour continuer à propos de la tenue des musiciens : les hommes étaient tous en habit, sauf un. Certains portaient un gilet blanc, d’autres étaient équipés d’une ceinture en soie noire. Bref, un peu de tout. Ça me fait penser que dans notre Borinage natal, un habit se dit « un frac à queue », tandis qu’une jaquette se dit « un frac à pans ». Ne pas confondre !
-      D’où nous étions nous pouvions assister à de petites phases techniques que l’on ne pourrait soupçonner à l’écoute d’un CD : à un moment donné, le percussionniste de l’extrême gauche a donné à son collègue voisin ce qui ressemblait de loin à un gâteau, le tenant bien à plat avec précaution, comme pour ne pas le renverser. Le deuxième a transmis au troisième avec la même prudence. Je me demandais pourquoi cela, en plein concert… Etait-ce une surprise pour un anniversaire ? Je pensais aussi à la scène du film « La Grande Vadrouille » quand les musiciens  papotent entre eux. Mais je me suis rendu compte de mon erreur quand j’ai vu le troisième percussionniste taper sur le gâteau: ce que je prenais pour un gâteau était un tambourin.
Vous me direz que pour assister à un concert, si je ne fais qu’observer de la sorte, je ne profite pas vraiment de la musique. Détrompez-vous, c’est un vrai bonheur que d’assister à un concert, j’ai l’impression d’être un peu normal. J’ai le bonheur de profiter de ce plaisir en compagnie de Madicte, nous avons de temps en temps de petits regards complices, nous faisons encore des choses ensemble. L’avantage est que cela se passe à 15 km de chez nous : Madicte, qui a horreur des déplacements en voiture, n’a même pas le temps de commencer à souffrir lors de si petits trajets. Et pour ce qui est d’observer les musiciens, dans ce cas-ci, c’est certainement du au fait que je ne savais pas me laisser bercer et entrainer par la mélodie. Je tiens peut-être cela de papa : il lui arrivait en rentrant de la messe de nous faire part de ses statistiques : autant de femmes, autant d’hommes, autant du village, autant de villages voisins. Mais jamais de commentaires ou de paroles malveillantes à propos des personnes. Parfois une description comique sur un vêtement.
Carte postale « tout ça pour rien » : les kinés de Pellenberg m’ont proposé, ainsi qu’à d’autres ex-revalidants, de participer à un essai d’exosquelette. Il s’agit d’une espèce d’armature fixée aux jambes, au bassin et en partie sur le tronc qui nous permet de marcher grâce à une fine motorisation au niveau des articulations. J’avais déjà vu cela il y a trois ans : un petit film avec Marieke Vervoort équipée de ce genre d’appareil. A l’époque, cela ressemblait presque à un pantalon fait de deux Tours Eiffel. Maintenant c’est une très légère armature, vraiment discrète. Donc… je commence par remplir un questionnaire, il faut aussi l’avis de mon kiné et de notre médecin de famille. Arrivé sur place le jour prévu, je rentre mon dossier, on me propose de m’installer sur une table, on prend des tas de mesures (longueur tibias, fémurs, etc…), on me pose quelques questions. Et on termine par : « Votre poids ? » Je réponds en toute franchise « 103 kg ». Ah ben c’est bête hein ! La machine est faite pour les personnes de moins de 100 kg. Je peux donc revenir lors du prochain essai, avec 3 ou 4 kg de moins !
Une carte postale « le danger est partout » : il y a quelques jours Madicte me disait avoir vu une grosse guêpe dans le couloir menant à notre chambre. Les jours ont passé, elle a disparu (la guêpe, pas Madicte). Or… voilà que, devant plusieurs fois par jour faire usage de gants pour me sonder, je plonge la main dans la boîte de gants médicaux, en sors un gant et… une guêpe qui avait commencé son hibernation! Ça jette un froid ! Elle était en effet très grosse, mais un peu étourdie, ce qui a facilité son exécution et son décès subséquent a logiquement entraîné ses obsèques. Pas fier, le Pierrot ! Si la bestiole avait été dans le gant, que serait-il arrivé de mon doigt ? Et si elle était restée hors du gant sans que je la voie, à quelle partie de mon anatomie se serait-elle attaquée pendant que je me sondais ? Les plus optimistes d’entre vous diront que je suis de toute manière complètement insensible de ce côté-là…

vendredi 7 septembre 2018

Touze palles pour fous, touze palles pour fous



L’occasion se présente, je la saisis au bond. Voici une carte postale toute chaude de ce mercredi, imprimée à Pellenberg. J’ai  Vraiment envie de vous partager ce bonheur !
Passant dans le coin, je me suis rendu à Pellenberg. C’est toujours un bonheur de revoir mes anges d’il y a 4 ans: kinés, ergos, infirmières, aide-soignantes, technicienne de surface, profs de sport… Certes leurs horaires font que je ne peux plus les rencontrer toutes et tous. Mais m’asseoir à table avec quelques-unes pour le repas, ça fait du bien un peu partout ! Marc, l’infirmier en chef, m’a informé qu’une de mes demandes avait abouti. Il y a quelques mois je l’avais rencontré pour lui soumettre des projets, des remarques, dont celle-ci: j’avais vu Selma, une revalidante musulmane, prier dans la salle de TV. Sa prière finie, je lui ai demandé pourquoi elle priait là, et pas dans un endroit plus tranquille. Elle m’a dit qu’il n’y avait pas grand-chose à la disposition des musulmans dans ce bâtiment. M’est alors venu l’idée de partager la chapelle. Je lui ai dit qu’elle pouvait aller y prier, que je lui en donnais l’autorisation (parfois on a le droit, intérieurement tout de pourpre vêtu, de se sentir investi d’une autorité universelle), que je l’invitais à s’y rendre. J’ai donc proposé que l’on aménage un espace pour les musulmans dans la chapelle. Et Marc vient de m’annoncer que c’est fait ! J’ai donc été voir: un grand drap sobre (pas un drap de clinique) sépare un espace près d’une des fenêtres. Il y a un panneau indiquant qu’on doit enlever ses chaussures et deux illustrations montrant un homme et une femme en prière (deux illustrations séparées, of course). Je suis très heureux de ce résultat, de ce sens de l’accueil. On pourrait encore y consacrer d’autres espaces (juif, bouddhiste, laïc …) tant il y a de la place ! Bref, un bonheur à partager !

Certains d’entre vous ont réagi il y a longtemps à la liste « c’était comme ça avant ». Alors je continue cette liste avec plaisir :
Les voitures démarraient avec un starter, ou un choke. Les Coccinelles avaient un starter automatique, le régime du moteur diminuait de lui-même. Les premières voitures de papa avaient encore un trou dans la calandre pour démarrer avec une manivelle (Juvaquatre, 2 CV). La gendarmerie avait des gyrophares rouges et la police des gyrophares bleus. On communiait agenouillé derrière un banc de communion. La mayonnaise se vendait en tubes, pas en pots. Le changement de vitesse de presque toutes les motos était au guidon, poignée de gauche, couplé avec l’embrayage. Ma première boite de crayons de couleur était de la marque Caran d’Asche. Il n’y avait pas d’heure d’été et d’heure d’hiver. Les vélos avaient une plaque annuelle obligatoire qui était en fait une taxe provinciale… On était fier quand on pouvait en mettre plusieurs en éventail, ça voulait dire qu’on roulait depuis longtemps. On devait acheter un ticket de quai pour accompagner quelqu’un sur le quai de la gare, ou pour accueillir quelqu’un à sa sortie du train. Au début des années soixante sont apparus les œufs en chocolat Suchard. A cette époque on trouvait encore des œufs de Pâques mi-chocolat, mi-sucre. Quand on achetait un cornet de frites, on allait toujours à la friture; ce n’est que vers les années 1970 qu’on a commencé à souligner l’erreur de français: on ne pouvait plus aller à la friture, on devait se rendre à la friterie !!! Je suppose que vous avez tous une table de nuit…. Quand je repense aux tables de nuit dans les maisons de la génération de nos grands-parents, ces meubles avaient principalement deux fonctions : support pour une lampe de chevet et derrière la petite porte on trouvait un pot de chambre, le plus souvent en porcelaine. On disait aussi un vase de nuit. Occasionnellement, chez certaines personnes, on pouvait y voir de fausses dents tremper dans un verre. Je me demande qui emploie encore sa table de nuit pour ces deux fonctions… Vous pouvez me le faire savoir via mon mail, c’est plus discret. Je respecterai l’anonymat mais je publierai les résultats ! En ce qui nous concerne, table de nuit = lampe de chevet + une véritable bibliothèque (dessus et dedans). On y trouve parfois du chocolat, un emballage vide du dernier réveil acheté, l’un ou l’autre bibelot à ranger (prochainement), et des tas d’autres choses que ma femme m’a demandé de ne pas divulguer. On recevait un stylo et un réveil lors de notre première communion; et une montre pour la confirmation. Quand nous étions en séjour à Wasmes, chez les grandes-tantes, il y avait vers 14.00 h à la radio l’énoncé des cotations de la bourse: une voix monocorde citait par ordre alphabétique l’ensemble des actions en donnant leur valeur et ce qu’elles avaient gagné ou perdu en %. Il arrivait encore à cette époque que l’on détricote un pull pour réemployer la laine pour un autre usage. Je vois encore le détricotage, la boule de laine que l’on faisait. Puis, je ne sais plus dans quel ordre, on nettoyait la laine, on l’enroulait au dossier d’une chaise pour rendre le fil plus droit. Petit souvenir en mémoire de Proust: moudre du café dans un vieux moulin… L’odeur et le bruit me reviennent comme si je le faisais encore maintenant. Il y avait des frontières entre les pays ; ces frontières étaient très marquées par la présence de douaniers. Franchir une frontière était certes légal, mais surtout une chose très sérieuse. Le souvenir que j’en garde, c’est que nous avions tous, toujours des têtes de coupables. Que cachions-nous ? A quel trafic nous adonnions-nous ? Il y avait entre la Belgique et la France, une douane réputée très perméable: Cul-des-Sarts, pas loin de Couvin. On quittait la civilisation pour aller à Cul-des-Sarts. Ce lieu était connu comme celui emprunté par tous ceux qui avaient des choses louches à transporter. Les autres points de passages étaient bien huilés : on sortait de Belgique en franchissant d’abord la douane belge. Les douaniers jetaient un coup d’œil dans la voiture par les fenêtres et nous faisaient signe de passer. Un peu plus loin nous entrions en France. Là, en plus de marquer l’arrêt, papa ouvrait la fenêtre. « Rien à déclarer monsieur ? Cigarettes, alcool, vins, spiritueux ? » « Non, rien de tout ça, nous partons en vacances » « Vous pouvez passer Monsieur, bonne route ». A nos yeux d’enfants, c’était du sérieux. Une fois, jeunes mariés, nous avons été passer un WE à Paris. Dans le train, des douaniers nous ont fait ouvrir notre valise. N’ayant rien à nous reprocher nous trouvions cela étrange, déplacé. A l’école primaire, au village, le matériel était encore archaïque. Je me rappelle qu’en 3ième et en 4ième primaires, nous avions une ardoise qui servait de cahier de brouillon. On écrivait avec une touche, on effaçait avec une petite éponge que l’on rangeait dans un boîtier en plastique, pour garder un peu d’humidité (cela puait la rage !). Venant d’un collège bruxellois où l’on avait un cahier de brouillon (en 1ière et 2ième primaires) et arrivant dans la petite école du village, cela me semblait très vieux, mais en même temps amusant. Nous avions des cours de calligraphie… Un élève distribuait l’encre à chaque banc, dans un petit récipient où l’on trempait notre plume. On apprenait à faire des déliés, des pleins. Et des taches ! On ne demandait pas pour aller à la toilette (à Bruxelles on employait ce mot), au village on demandait pour « aller à la cour ». Pour le petit bruxellois que j’étais, c’était assez spécial… Il y a avait la cour de récréation. Et dans cette cour, il y a avait « la cour », le bâtiment des toilettes. Tout était spécial à la campagne… Voilà… petites cartes postales du temps passé. Sans nostalgie.

 Je ne résiste pas à l'envie de vous repartager la deux vidéo suivante qui a été faite le 13 juillet 2014, veille du départ de Pierre en revalidation à l'UZ Pellenberg. L'hilarothérapie faisait déjà partie de notre panoplie ...





lundi 3 septembre 2018

Lao Tzeu l’a dit: “Il faut trouver la Voie”. Moi je l’ai trouvée. Pour vous aider à la trouver je vais vous couper la tête.



Nous revoici, toujours en chemin vers un « mieux ». Ces derniers temps je repense à tout le chemin parcouru depuis l’accident.
En premier lieu, il y a le chemin de la revalidation. Je me revois ne sachant pas déboucher une bouteille d’eau, ou tenir mon gsm, incapable d’ouvrir le tube de dentifrice. Je me rappelle quand je tournais de l’œil quand on essayait de m’asseoir dans mon lit ou, couché sur la table de kiné, incapable de relever la tête sans la soulever à l’aide d’une main. Il y a eu la période de remusculation, où tous les muscles que l’on remettait en route me faisaient mal.
Il y a eu le chemin vers l’autonomie : au début on me déplaçait dans mon lit (vers les salles d’examens, vers la salle de kiné, …), puis dans une chaise « passive » que l’on devait pousser (la première fois que j’ai vu le paysage complet, du sol jusqu’au ciel, depuis les fenêtres des kinés; la première fois que l’on m’a conduit à la chapelle (dank U Leen, ik zal het nooit vergeten); la première sortie à l’air libre …). Puis il y a eu une chaise électronique, spécialement affrétée pour aller rendre visite à Madicte à Gasthuisberg le lendemain de son opération. Il y a eu les difficultés vaincues pour arriver à manger seul. Puis tout le chemin parcouru avec la chaise roulante « active » (quelle patience l’équipe a eue envers moi; mais aussi quelle confiance pour y croire et m’accorder plusieurs mois de plus que la moyenne afin d’y arriver !)
Il y a eu le chemin du mental ! Soutenu par tant de personnes, par les blouses blanches, par d’autres patients (petite pensée pour Gunther). Mes peurs qui freinaient les progrès (dank U Frederik : niets laten passeren, je was veeleisend met mij: zo werkt het, zo kregen we resultaten !). Il y a eu le soutien par vos prières, tous les messages, les visites, la présence discrète ou envahissante, les cadeaux, … J’ai cru longtemps que je  pourrais retrouver l’usage de mes jambes et donc, pendant cette période, j’étais moins poussé à progresser, me disant que j’allais quand-même ressortir de Pellenberg sur mes deux jambes (après 4 mois j’ai compris que cela n’arriverait pas, j’avais perdu l’usage de mes deux jambes et de tout ce qu’il y a entre ces deux jambes). Il y a eu la peur du regard des autres, la peur d’être inutile une fois rentré à la maison. Bien sûr personne ne savait qu’en rentrant à la maison la syringomyélie faisait déjà ses ravages (dank U dokter Kiekens: op tijd gezien ! Dank U prof van Calenberg: twee operaties later voel ik me echt goed. Wel beperkt, maar actief en autonoom!). Je dois “faire avec” les infections urinaires, les muscles trop sollicités, les exigences des kinés, les contrôles en clinique et ceux que je dois faire moi-même (contrôle des pieds, des fesses, etc… pour éviter et prévenir les champignons, les blessures); je dois m’imposer des temps de musculation, de stretching. Je dois veiller à ne pas trop laisser de traces de mon état dans la maison, donc veiller à ranger tout mon matériel pour ne pas encombrer le mental de ma douce épouse.
Tout ce chemin me fait dire chaque jour que j’ai beaucoup de chance ! Je vois ce qui n’est plus, mais je suis conscient de tout ce qui reste, de tout ce qui est à venir. Physiquement je peux encore m’améliorer. Il y a tant de chemin à parcourir encore. Avec  Madicte à mes côtés, avec ce que chacun et chacune, famille, amis, nous apporte je sais que je vais encore progresser ! Chaque jour je dis merci pour ce chemin. Sans pour autant négliger ma colère envers l’assurance de la partie adverse !

Tiens, une petite carte postale « communication conjugale »: Nous nous préparions à passer quelques jours à Koksijde et je me voyais déjà préparer le premier repas (à Koksijde, tout est adapté, c’est tellement plus simple). J’avais donc fait part à Madicte de mon menu: crêpes fourrées avec soit des poireaux soit des épinards et lardons, le tout dans une petite sauce béchamel et de la noix de muscade. J’en salive encore. Lors de nos achats, Madicte me propose d’acheter des wraps tout faits (gains de temps). J’accepte. Rentrés à l’appartement nous reparlons du repas et elle me demande si on va réchauffer les wraps, tout en me disant que nous avons du chou et un peu de salade et que ce serait mieux froid. Je m’énervais intérieurement car on passait de ce que j’avais prévu (crêpes chaudes fourrées lardons-poireaux-béchamel) à ce qu’elle me proposait (wraps froids salade-choux). Je me voyais entrer en Carême avant l’heure, avec la face-qui-va-avec ! Pourquoi ne pas remplacer le thé par de l’eau chaude et le chocolat par des chips de kiwi (‘tit clin d’œil à Marie-France) ? Ce que j’ignorais (parce que non dit), c’est qu’elle pensait y ajouter du saumon et des crevettes et sa spécialité: la vinaigrette Madicte! Comme quoi… la communication complète, c’est important (même en-dehors du Carême).

Une carte postale côtière maintenant: j’ai fait une longue balade seul en handbike. C’est assez amusant de voir le regard des gens: il y a les intrigués, qui regardent visiblement la machine; certains ont un regard curieux, parfois admiratif. Puis il y a ceux qui se sentent pris en défaut de curiosité et qui détournent le regard dès qu’ils croisent le mien, qui est pourtant en général amusé et souriant. Ensuite il y a les enfants, les plus spontanés « C’est quoi ce drôle de vélo maman ? » ou ceux qui osent demander directement « Pourquoi t’as un vélo comme ça ? », avec ceux-là la conversation s’engage facilement, ils sont curieux mais en même temps respectueux et spontanés. Il y a ceux qui sourient, alors on se salue de la main, d’un clin d’œil. Puis il y a les pires: ceux qui s’adressent à leurs enfants, à voix haute en me montrant du doigt, dans le genre « Regarde, regarde le mec là ! » comme pour dire qu’on a bien fait de se lever le matin car on aura vu un truc bizarre aujourd’hui et qu’on aura des choses à raconter après les vacances. Ceux-là souvent je les imite: je refais leur geste, je redis leurs mots… mais je doute que le message passe.

Une carte postale « animaux à protéger » : Un soir, juste avant de quitter l’autoroute à hauteur de Tirlemont, nous avons vu des cigognes perchées sur les poteaux d’éclairage (vous savez, ces poteaux qui n’éclairent plus, qui sont un souvenir de l’époque où la Belgique dépensait sans compter, sans savoir qu’il y aurait un futur). En arrivant à la maison, Madicte sort de la voiture et voit passer un vol d’oies juste au-dessus de nos têtes ! Waow ! Deux beaux spectacles en 30 minutes ! Puis, il y a quelques jours j’ai eu l’immense plaisir de revoir une espèce que je croyais complètement disparue. Elle a fait le bonheur des générations qui nous ont précédés, les jeunes de 60 ans et plus l’ont bien connue. On la trouvait le long de la route, dans les villages surtout. Penchées en avant dans une position très peu ergonomique, entrain de désherber l’entrée du garage, de la cour ou le trottoir … Souvent munies d’un couteau élimé, ces dames (oui, je parle bien de dames !) nous offraient le spectacle de leurs jambes, de leurs bas mal attachés. L’éternel tablier bleu sans manches avec des motifs de fleurs blanches, boutonné par devant. Cette espèce a survécu durant des dizaines d’années, mais la position penchée (très mauvaise pour le dos) aura eu raison de l’espèce. Il en reste l’une ou l’autre, très difficiles à photographier.

Une carte postale « parking d’autoroute » : je revenais de chez maman et me suis arrêté sur le parking Carpooling de Tienen pour un arrêt pipi. Me sonder dans la voiture est assez facile et discret. Il faisait très chaud ce soir-là, j’ai donc ouvert les fenêtres à l’avant de la voiture et ai reculé le siège chauffeur vers l’arrière de l’habitacle, pour disparaître dans la discrétion des vitres teintées. L’opération allait se dérouler normalement lorsqu’une voiture est venue se parquer à ma gauche. Nous sommes en démocratie, donc je laisse faire. Mais le chauffeur de ce véhicule avait un sérieux torticolis, il ne regardait que vers sa droite, visiblement dans ma direction (sans pouvoir me voir). Quelques secondes d’observation puis il a redémarré, a fait un tour complet du parking et est revenu  se parquer au même endroit. Il est alors sorti de sa voiture et s’est avancé, relax et tout sourire vers l’avant de ma voiture. J’imagine qu’il ne pouvait voir que ma tête via la fenêtre ouverte (pour me sonder je dois m’allonger sur le siège, presque à plat). J’ai alors agité mon petit sac et lui ai dit assez clairement « Je suis en train de me sonder, j’aimerais continuer en paix. Et tout seul ! ». Le très gentil monsieur a alors continué le tour de sa voiture, est remonté dedans et est reparti. Définitivement. Peut-être suis-je passé à côté d’une belle amitié naissante ? Mais en tout cas j’ai pu achever l’activité pressante à mon aise…

J’ai une pensée amicale et pleine d’énergie envers tous les collègues qui ont repris le chemin de l’école ! Je suis officiellement pensionné depuis le 1ier août.
Une idée musique ? Il y a longtemps que je n’avais plus entendu de chansons de Donovan… Colors par exemple. Mais je ne sais pourquoi ça n’a pas bien vieilli. Nous sommes dans le Folk des années ’60 et ’70.

mardi 7 août 2018

Trois jours et je vous donne un monde




Ik ben te lang gebleven zonder nieuws te geven. Nu doe ik het!
Het laatste verhaal ging over de 20 km van Brussel… daarna hebben we iets fijns kunnen doen, Bénédicte heeft het verteld in haar vorige tekst: we zijn een week in de Provence geweest. Een neef heeft zijn vakantiehuis vernieuwd en ook aangepast voor mensen in een rolstoel! Niet speciaal voor mij hoor; de bedoeling is het huis aan meer mensen te kunnen verhuren. We hebben wel tips gegeven voor de slaapkamer, de badkamer, enz… We waren wel de proefkonijnen (vooral ikke!), en het is perfect geweest! Zelfs het zwembad was aangepast! Ik ben ook aan het stuur gebleven de hele rit (970 km), met af en toe een pauze (voor diverse vloeistoffen in-of-uit). Eerste keer in 4 jaar dat ik buiten Belgïe ging: ook een uitdaging… Kon ik nog spreken gelijk ze dat doen in Frankrijk? (veel eindigen hun zin met “putain, con, merde, …”).
Ik probeer hier en daar Bénédicte te helpen, maar ik word het beu om bijna niets te kunnen doen in de keuken! Een gewone afwas duurt 4 keer meer dan normaal, en mijn mouwen zijn nat tot aan de elleboog. Ik kan niet kalm blijven als we praten over de tegenpartij.
Een postkaart van vorige WE: ik ben met Bernard (mijn broertje) naar de 24 u van Francorchamps geweest. Het plezier om tussen broers te zijn, een frietje samen eten, en een wafel, en het geluid van de motoren! Ik herken geen Ferrari en een Maserati, of een Buggati… geen belang: we waren samen, als twee kinderen die plezier hebben. We hebben ingangen gekregen dankzij Mathieu, een goeie vriend die behoort tot deze wereld. Toffe momenten samen. Om binnen het circuit te komen zijn er strenge controles: “Rugzak openen aub mijnheer” Alleen mijn broer… Ik niet! Ik zei tegen de controleur “Een gezicht van een gehandicapte is heel anders dan een gezicht van een terrorist, hé?” Hij heeft niet gelachen. De dag erna kwam ik terug (tja, ik ging terug thuis slapen). Een ander controleur zei mij dat ik niet binnen mocht met de Swisstrac en toonde mij een pictogramme van “geen fiets binnen”. Ik zeg dat een fiets 2 wielen heeft, en ik heb er 6… Niks willen weten…. Maar… het was een jonge student, afkomstig uit Afrika. Duidelijk met veel humor. Ik ging hem zeggen dat ik klaar was om een matabich te betalen juist wanneer hij begon te lachen en zei dat ik mocht door gaan. In Francorchamps is het stillekes aan’t evolueren: rolstoelen kunnen bijna overal (liefst met een Swisstrac, want de hellingen zijn straf!). Er zijn nu vaste gebouwen met toiletten, ook voozien voor rolstoelgangers. Zaterdag wouw ik er een proberen. Beeld U in: een deur, dan een kleine hall met links voor mannen en rechts voor vrouwen. De 2 deuren (links en rechts) blijven open tegen de muur tegenover de ingang. Ik vraag waar de toilet voor rolstoelgebruikers is, want ik zie niets. “Achter de deuren die open zijn is er een deur, maar het is normaal dat u ze niet zie. Oh, ja, ik moet eerst al ons kuismateriaal verhuizen, anders kunt u niet gebruik maken van het toilet. Excuseer mijnheer!”. In een paar seconden wordt alles geduwd onder en rond de lavabo. Voilà, ik mag binnen! ‘T is proper, maar nipt. Ik heb alles kunnen doen, met speciaal zorg voor hygiëne (publieke toiletten… hum…). Ik wil het zakje spoelen, maar de lavabo is niet meer bereikbaar. Ik duw alles als een Caterpilar, met mijn voeten naar een andere kant: karton met producten, emmers, borstels, …  De lavabo is nu vrij. Ah ah ah… geen water! Dus ik zal alles weggooien: sonde, handschoenen, doekjes, zakje. Hé hé hé… geen vuilbak! Potferdekke! Ah, maar, in de rommel die ik pas weggeduwd heb is er een rol vuilniszakken. Oef. Ik neem er één, zet al mijn brol erin. Ik laat die naast het toilet, voor de volgende. Nu moet ik eruit: ik duw de deur, die vast blijft want mijn deur komt tegen de twee andere deuren, van mannen en vrouwen, die terug open zijn. Iemand hoort het en komt vriendelijk alles deblokkeren. We lachen. Dat was zaterdag.
Einde van het verhaal? Nee…
Zondag kom ik terug op dezelfde plaats, voor dezelfde reden. “Oh, mijnheer, ik ga vlug ons materiaal verschuiven! ‘T is hier, achter de twee deuren die ik effekes zal toe doen, dan kunt u binnen”. Anderen mensen, anderen manieren om alles te verplaatsen. Kartonnen achter het toilet, borstels tegen de lavabo, enz… Ah! Mijn vuilniszak van gisteren is er nog! Tiens, nieuw materiaal vandaag: laders voor GSM, en een tablet. De operatie zelf gebeurt heel goed, als gisteren. Alles in de vuilniszak, zonder naar de lavabo te gaan. Ik heb een fleske alcoolgel mee, tis genoeg. Een beetje duwen tegen de deur, een vriendelijke onbekende helpt mij… Ik ben vrij! Buiten vraag ik aan de jobstudenten als er veel rolstoelen gebruik maken van deze toilet. “Nee, juist een gisteren.(tijdje stil…) Ah u was het mijnheer!
Een paar uren later is de course gedaan, ik ga terug naar de parking. De ingang is nu een uitgang geworden. Minder controle, maar in plaats van een grote ouverture is een serieus hek toe. In het hek zelf is er een deur open. Dus een per een kunnen de mensen weg. Maar, maar… die deur komt niet tot tegen de grond: een dertigtal cm boven, met een trap. De jonge juffrouw die controleert zegt mij dat ik niet zal kunnen doorgaan. Ik antwoord dat we hetzelfde denken. Waar kan ik weg? “Er is een uitgang voor voertuigen 300 m ver van hier, dan een toertje van 500 m en u komt aan uw auto (die 20 m ver van hier is)”. Ok, ik ga proberen. Ik ik bied me aan de controle een beetje verder. “Ah, mijnheer, hier is het voor de voertuigen, U mag hier niet langs! U moet bij de voetgangers 300 m ver van hier.”  Waalse humor? Nee: ik weet wat het is! Deze studenten zijn op stage “Belgïe leren beheren”…

Andere postkaart: begin juli zijn we een fietstocht gaan doen, Bénédicte en ik. We vertrekken langs een straat die ik weinig gebruik, omdat het begint met veel schokken (wegdek echt niet aangenaam). Ik heb het niet gevoeld, maar ik was helemaal scheef in mijn rolstoel. Na 25 km komen we terug. En pas ‘s avonds ziet Bénédicte dat ik een serieuze blaar heb op de zijkant van mijn bil: 8 cm lang. We zijn nu een maand later en tis nog niet genezen. We zijn begonnen met een nieuwe zalf, met honing… Zullen zien als het vlugger geneest.
Ik ben ongeveer 4 maanden gebleven met een blaasinfectie… Antibiotica genomen zonder effect, behalve vermoeidheid. Nu gaat het veel beter in drie dagen tijd dankzij homeopathie. Ongelooflijk!
Ik ben blij dat ik deze tekst in de taal van Suske en Vondel heb kunnen schrijven. Jullie zijn even veel aan’t lezen in het Noorden dan in’t Zuiden. Ik doe het te weinig, sorry! Altijd schrik om fouten te schrijven…