Nous revoilà, mon écran et moi, l’un face à l’autre… lui toujours égal à lui-même et moi un peu moins.
Le temps passe et devient long. Heureusement qu’il y a
la perspective de la naissance chez Emilie et Jan (une joie attendue!), puis
vers septembre il y aura la dernière phase des travaux d’adaptation à la
maison. J’étouffe dans mon espace réduit. J’imagine certaines réactions :
« De quoi te plains-tu ? » etc… Si nous étions en appartement,
nous aurions moins d’espace et donc moins de brols. Nous avons fait le choix de
rester dans la maison et de l’adapter, en vue d’une meilleure qualité de vie,
d’un espace acceptable et agréable tant pour mes déplacements que pour profiter
des lieux. C’est l’attente qui est longue. L’hiver et le froid m’ont maintenu à
l’intérieur. Je n’ai pas eu beaucoup d’envie de communiquer mais voici que
quelques cartes postales se pressent et demandent à paraître. Voici donc en
vrac…
Carte postale « contrôle technique ».
Ma
camionnette (certains disent la voiture, mais je vous garantis que sur
mauvaises routes c’est, au mieux, une camionnette) a eu 4 ans, il a donc fallu
la passer au contrôle technique. Je prends rendez-vous via internet, c’est très
facile. Il y a une case qui me dit que si j’ai des questions à poser, je peux
le faire par téléphone. Donc je téléphone pour expliquer que je ne sais pas
placer moi-même le crochet amovible pour la remorque (quand l’attache de la
remorque est placée le lift ne sait plus fonctionner ; je dois donc entrer
avant que la boule ne soit fixée). Très gentiment on m’écoute et on me dit
qu’on va demander au chef. Après deux minutes, la personne me dit que je ne
dois pas mettre la boule avant d’arriver et que quelqu’un le fera quand je
viendrai au rendez-vous. Mais comme tout est simple parfois ! Le jour dit,
je suis dans la rangée des véhicules qui ont rendez-vous, tout seul devant la
grande porte. Un monsieur vient à moi tout souriant et me dit que je peux
descendre afin qu’il prenne le volant. Ah… je lui explique la situation. Il va
en référer au chef. Le chef revient en sa compagnie et me dit que je vais
rester au volant, juste en faisant ce qu’on me demande. Je rappelle l’histoire
du crochet de la remorque et très aimablement l’assistant attache la boule.
Mais comme tout est facile aujourd’hui. En une dizaine de minutes tous les
contrôles sont effectués (CO, klaxon, phares, clignoteurs, freins, suspension,
…). Tout est ok, je suis tranquille pour deux ans. Je vais me mettre sur le
parking et quand-même sortir du véhicule pour aller payer. Le contrôleur me dit
que je ne dois pas sortir: si j’accepte de lui confier ma carte de banque, il
ira lui-même au guichet et comme il ne faut pas de code en-dessous de 50 €, ce
sera facile. Tout est vraiment facile aujourd’hui, non ? Après une minute,
le gentil monsieur revient avec ma carte et me dit que c’est 51 € et que, sans
code, la carte n’est donc pas acceptée au-delà de 50 €. Je propose de donner un
euro en liquide et payer le reste avec la carte. Il repart donc avec mon
euro et ma carte bancaire. Le voilà qui revient: je dois aller moi-même
pour faire le code car on n’accepte pas de liquide. Il est bien embêté de
m’obliger à sortir de la voiture, je le rassure mais lui rappelle qu’il faut
enlever le crocher, sinon le lift ne descend pas. Il s’exécute bien
aimablement, je déploie le lift, sors et me dirige vers le bureau. Ah, tiens,
j’avais oublié qu’il y a des marches pour entrer dans le bureau. Plusieurs
personnes présentes proposent de soulever ma chaise… Manque de confiance de ma
part, je préfère dicter mon code devant tout le monde. Le contrôleur introduit
ma carte et me crie que je peux lui dicter le code. Parmi les spectateurs, un
comique s’amuse à répéter les chiffres, pour être certain que le contrôleur ait
bien compris. Certains rigolent, d’autres le prennent pour un demi-doux… Bonne
humeur dans la boutique, je récupère ma carte et peux rentrer à la
maison ! On se reverra dans deux ans !
Une carte postale « la boule de nœuds dans le
ventre ».
Il m’arrive à l’occasion de devoir lâcher prise dans des situations
qu’autrefois je gérais seul. C’est très dur, encore maintenant. Il y a quelques
jours, nous devions aller prendre livraison d’une bâche (4 m x 8 m) pour
la piscine. Un gros rouleau de 4 m de long pas trop lourd, mais que je ne sais
pas manipuler seul, comme je le faisais il y a 10 ans. Madicte accepte
évidement de m’accompagner (en fait je dois juste servir de chauffeur). Je
propose d’employer la remorque (ce qui sous-entend que je reste au volant sans
rien voir de ce qui se passe à l’extérieur – pour ceux qui ont suivi, quand il
y a une remorque, tout se passe sans moi qui suis bloqué au volant), en y
fixant l’échelle pour soutenir le rouleau. Dans ma tête « il suffit »
de fixer l’échelle de telle sorte qu’elle passe au-dessus du toit de la
camionnette. Pour cela, l’échelle ne doit pas appuyer sur le sol à l’arrière de
la remorque, mais bien davantage vers le centre, ainsi le haut de l’échelle
dépasse de loin la hauteur du véhicule (pour moi c’est clair). Arrivés chez le
fabriquant de bâches, un ouvrier arrange le tout à sa sauce ; j’appelle de
temps en temps Madicte pour demander si on tient compte de ce que je souhaite
comme montage. Parfois elle m’entend, mais parfois pas (trafic routier
bruyant). L’ouvrier propose de mettre un coussin mais je ne vois pas ce qu’il a
en tête, je dois laisser faire. Je demande à Madicte de faire quelques photos,
qui ne me rassurent pas vraiment. « Voilà Monsieur, c’est bien attaché,
vous pouvez y aller ». Je démarre avec un nœud dans le ventre, je ne sais
rien ou presque de ce qui a été installé derrière moi ! Dur, très dur de
lâcher prise ! Ceci est un exemple, il y en a régulièrement. Et pourtant
je sais que Madicte veille à me laisser un espace pour certaines choses à
organiser, elle essaye de comprendre ce que j’ai en tête mais si je m’énerve,
les mots sortent de manière décousue et je ne suis pas assez clair !
Pffffft…
Une carte postale « qui fait du bien ».
Madicte, Emilie et moi étions sur la terrasse au soleil… nous parlions du bébé
et à un moment donné Madicte a demandé si elle pouvait toucher le ventre
d’Emilie, espérant percevoir les mouvements de notre petit-fils. C’était
l’heure de sa sieste je suppose, car elle n’a rien senti cette fois-là. Puis
Emilie m’a demandé si je voulais aussi poser mes mains sur son ventre. Oh que
oui alors ! Bébé dormait, je ne l’ai pas senti bouger mais je touchais ma
fille ! Depuis combien de mois ne nous sommes nous plus embrassés ou donné
un câlin ??? Toujours lié à la future naissance : je nous vois déjà,
les deux grands-pères, partir en virée à Francorchamps avec le petit (surtout
pour une gaufre et un sachet de frites ! c’est une ambiance particulière
de savourer ça dans le bruit…). Je ne sais même pas si Roland, l’autre
grand-père, sera d’accord. De leur côté, j’imagine que les deux grands-mères
auront aussi à cœur de faire des activités avec le petit. Ce sera certes moins culturel,
moins éducatif… dans le genre bébés nageurs…
Carte postale « on recommence ».
Le 19 mars, je repassais sur le billard… petite intervention chirurgicale… On
me rend à mes foyers (ceux qui ont connu le service militaire connaissent
l’expression) et pendant 6 jours j’ai été fort angoissé (saignements,
constipation, … mais « tout ça c’est normal monsieur »). Une semaine
de récupération et de repos avec une femme formidable, patiente, attentive et aussi
inquiète que moi. Je suis étonné de la facilité avec laquelle on m’a laissé
quitter Gasthuisberg malgré mes appréhensions. Je revis toutes les peurs du
passé, mais cette fois sans la présence rassurante des infirmières, kinés,
coaches sportifs, ergos. Les lessives se succèdent: vêtements, draps de lit… Et
toujours le sourire de ma douce ! Mais que de peurs durant ces quelques
jours .
Une petite carte postale « méfiez-vous du
flacon ».
J’étais sous la douche, profitant comme un bienheureux de l’eau chaude, je
tendais la main vers la petite étagère où se trouvent les flacons et sans être
fort attentif, j’ai pris le plus grand flacon avec l’idée de me faire un
shampooing. Tiens, c’en est un que je n’utilise pas souvent : il ne
s’ouvre pas comme les autres. Tiens, le liquide n’a pas la même texture que les
autres. Tiens, il a une odeur pas comme les autres. Ah, c’est normal, c’est du
Cif ! Oublié par erreur après le nettoyage de la salle de bains.
Une carte postale « On se moque de
qui ? ».
Nous avons tous vu ces images à la télévision : avec l’arrivée du soleil,
une foule qui se précipitait vers la côte , faisant la file pour monter dans
les trains, à l’aller comme au retour. Puis une réaction des bourgmestres de
certaines villes côtières demandant d’éviter de prendre le train ; et la
SNCB essayant d’imposer un nombre limité de voyageurs dans ses trains. Et dans
le même temps, une publicité passait sur les ondes de la Première :
Bernard va acheter sa sole à Ostende, en prenant le train, car il n’y en a plus
chez son poissonnier à Bruxelles. Je ne comprends pas très bien notre Belgique…
Une dernière carte postale pour cette fois-ci :
« la honte ».
Vous avez vu comme moi les images de nos plus grands représentants européens
chez Erdogan ? L’attitude de Charles Michel est vraiment honteuse ! A
ce niveau de pouvoir, on ne peut se permettre de telles gaffes ! Il devait
céder son siège à sa collègue ! Il a, volontairement ou non, fait le
jeu du Pouvoir turc. Charles Michel est au respect de la Femme ce que son frère
Mathieu est à la connaissance du néerlandais.
Une idée musique… Le premier concerto pour piano de Tchaïkovski,
avec Lang Lang. Un moment de bonheur !
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