Petits
messages personnels… Merci de ne lire que ce qui vous concerne !
- - Monsieur « Hollandse
kaas », vos emballages sont vraiment bien pensés sur le plan
hygiène : on ne risque pas de les ouvrir, en tout cas pas avec une main !
- - Ma petite femme, je crois qu’en
quittant la maison le matin du 12 juin, j’ai oublié d’arrêter l’eau du bain que
je faisais couler pour toi… Peux-tu contrôler si je l’ai fait ou non,
stp ?
- - Jean-Marcel, tu ne m’as toujours
pas rendu le Playboy que tu m’as emprunté « pour une étude
sociologique de l’imagerie contemporaine ». Peux-tu me le faire
parvenir via Madicte, de préférence dans une enveloppe fermée (tu peux écrire
sur l’enveloppe « examens juin 2014 ») ?
- - Brigitte, quelle couleur as-tu choisie ?
- - Papa, maman, c’est moi qui ai
laissé la porte du poulailler ouverte la fois où vous avez puni Bernard pour
ça. Mais je trouvais qu’une punition suffisait et que devoir la refaire ne vous
aurait rien apporté de plus…
- - Cher monsieur « petites
serviettes pour se rafraichir les mains après le repas », vos emballages
sont très beaux ! On dirait des sachets de thé « dreams come
true ». L’odeur fruitée est bien faite, mais le goût est fortement
« savon », même dans de l’eau chaude.
- - Corinne, pour ma place « handicapé »
à l’école, voici les dimensions de ma voiture : 497 x 181,6. Merci de
tenir compte que je dois pouvoir ouvrir ma portière ! Il n’est plus
nécessaire de garder une place « moto » (j’ai eu un accident).
Je
reprends le cours de mes petites nouvelles…
Les
exercices de kiné me font mal au poignet… mais je suppose qu’ici aussi je dois
passer au-delà. Il m’arrive de me décourager dans mes moments de solitude. Je
sais aussi que ces mois-ci sont déterminants pour récupérer de la souplesse. Il
faut aller de l’avant ! Je vois que certains exercices de kiné m’aident
pour certains mouvements que je devrai pouvoir effectuer pour me déplacer en
chaise roulante, pour me transférer de la chaise à la toilette, au lit, etc… Mais vraiment cette semaine, c’est trop. La
motivation n’a pas suivi… je me rends compte que mon « merci » du
soir était limité. On me demande d’employer au maximum une chaise roulante
manuelle, mais ma main droite me fait mal. J’étais découragé en voyant que pour
parcourir les 120 mètres entre ma chambre et le local des ergos, j’avais mis 6
minutes et j’y arrivais en n’étant
presque plus capable de commencer certains mouvements. Je pleure pour un rien
dans des moments comme ça.
Il y a
des semaines faciles, d’autres qui le sont moins. Heureusement vos visites me
font tant de bien. Nos échanges, quelques nouvelles du monde extérieur, de vos
familles, une blague en passant… merci pour ce que vous m’apportez. Beaucoup
d’entre vous regrettent de ne pas voir Madicte en venant à Pellenberg. Vous le savez,
Madicte récupère de sa première chimio. Elle ne se déplace pas tous les jours,
pour diverses raisons: fatigue, Emilie n’est plus disponible pour la
conduire, elle ne reconduit pas encore, horaires pas toujours compatibles avec
ses repas, … Je vois son combat, je suis plein de respect pour ce qu’elle vit,
pour ce qu’elle porte, pour ce qu’elle supporte. Chaque jour m’apporte une
image qui renforce mon respect et mon admiration pour ma Douce. Nous nous
voyons moins, mais gardons le samedi
pour nous.
Nous
sommes conscients qu’une nouvelle vie commence. Lors de la visite de Vincent,
nous parlions d’une nouvelle vie, d’une re-naissance. Beaucoup est à
reconstruire. Je me souviens d’une époque où les enfants allaient recevoir un
bateau de pirates Lego pour leur Saint Nicolas. Madicte et moi avons passé
plusieurs soirées en cachette à construire ce bateau. Les premiers assemblages,
en suivant les plans, ne nous donnaient pas l’image finale, le résultat auquel
nous allions arriver. Je pense que nous sommes entrain d’assembler des pièces
mais qu’il est beaucoup trop tôt pour imaginer ce que sera cette nouvelle vie.
Une certitude, c’est que nous la vivrons ensemble. Nous avons l’expérience de
notre « première Vie » qui va nous aider pour celle qui s’annonce. Beaucoup
de choses seront différentes ; nous allons revivre des fiançailles
(fiançailles : fête de la confiance) pour continuer, pour repartir après
ce changement de cap. Nous aurons encore besoin de vous ; ne croyez pas
vous en tirer comme ça ! Votre Amitié, votre soutien, sous toutes ses
formes, vos prières, votre énergie, … nous en aurons encore besoin. Jusqu’au
jour où, à votre tour, vous pourrez frapper à notre porte si besoin s’en
faisait sentir!
Ce
samedi 4 est une journée à marquer d’une pierre blanche : mon premier vrai
retour à la maison ! Le matin, pendant ma toilette, Mieke, une infirmière
est arrivée dans ma chambre avec un air sérieux pour confier à sa collègue que
tous les ascenseurs étaient en panne. Donc pas de possibilité de rejoindre le
rez-de-chaussée. Pas une fraction de seconde je n’ai cru à cette affirmation et
lui ai montré d’un regard que son humour me plaisait. C’est la blague
traditionnelle faite à tous ceux qui rentrent pour la première fois chez eux
pour passer la journée. Préparez-vous-y, si un jour vous venez séjourner à
Pellenberg… Moments émouvants en arrivant… Nous avons vécu quelques bonnes
heures ensemble. Mano qui travaillait ce samedi était avec nous dans nos cœurs.
Frédéric nous avait préparé de la lasagne. Emilie courait pour nous trouver une
batterie pour le lift qui me permet d’aller de ma chaise au lit. Je me suis
rendu compte de beaucoup de limites dans ma future vie à la maison, mais quand
je serai dans une chaise manuelle, mon autonomie sera plus grande ! Le
soir Madicte est revenue avec moi à Pellenberg. Comme elle le dit
« l’automne a commencé », ce qui signifie que ses cheveux ont
commencé à tomber suite à la chimio. Ce dimanche après midi, c’était donc la
séance « coiffeur » : son amie Véra lui a coupé les cheveux dans
ma chambre. Je pensais que ce moment serait plus difficile, mais l’ambiance
était sereine et souriante. Après divers avis échangés, entre autres avec des
infirmières, Madicte ne portera pas tout le temps sa perruque. La tondeuse a
laissé 6 mm de cheveux, ce qui lui donne un visage de petite fille et une coupe
moderne. Quand les cheveux s’en iront en laissant des trous, ce qui risque
d’arriver, Madicte pourra encore choisir de porter sa perruque ou l’un ou
l’autre couvre-chef. Les chapeaux, les casquettes, les foulards, … tout lui
va !
Avant
de quitter le clavier, j’ai envie de vous partager un beau moment, une carte
postale. Ce mercredi, un beau soleil s’annonçait à travers la brume matinale.
Par ma fenêtre, j’admirais depuis mon lit cette belle lumière brumeuse qui
évoluait de minute en minute lorsqu’un un envol d’oies sauvages a percé la
brume et est apparu entre les arbres. Elles venaient de décoller. Comme ma
fenêtre donne plein sud, je les ai vues s’envoler, trouver leur direction en se
mettant en formation, puis rapidement disparaître de mon champ visuel. Elles
ont aussi un fameux chemin à parcourir ; elles y arriveront grâce à leur
solidarité ! Ce n’est pas le hasard qui m’a donné de les voir et de voir
cette image symbolique cette semaine !
Une
chanson pour la semaine : « Driving the last spike » de
Genesis ; la voix de Phill Colins donne des ailes.
*Selon
une nouvelle méthode révolutionnaire basée sur l’observation de films et vidéos !
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