lundi 6 octobre 2014

Pierre de Tender, leçons de River Dance *



 
Petits messages personnels… Merci de ne lire que ce qui vous concerne !

-   -    Monsieur « Hollandse kaas », vos emballages sont vraiment bien pensés sur le plan hygiène : on ne risque pas de les ouvrir, en tout cas pas avec une main !
-    -  Ma petite femme, je crois qu’en quittant la maison le matin du 12 juin, j’ai oublié d’arrêter l’eau du bain que je faisais couler pour toi… Peux-tu contrôler si je l’ai fait ou non, stp ?
-   -   Jean-Marcel, tu ne m’as toujours pas rendu le Playboy que tu m’as emprunté « pour une étude sociologique de l’imagerie contemporaine ». Peux-tu me le faire parvenir via Madicte, de préférence dans une enveloppe fermée (tu peux écrire sur l’enveloppe « examens juin 2014 ») ?
-    -  Brigitte, quelle couleur as-tu choisie ?
-    -  Papa, maman, c’est moi qui ai laissé la porte du poulailler ouverte la fois où vous avez puni Bernard pour ça. Mais je trouvais qu’une punition suffisait et que devoir la refaire ne vous aurait rien apporté de plus…
-   -   Cher monsieur « petites serviettes pour se rafraichir les mains après le repas », vos emballages sont très beaux ! On dirait des sachets de thé « dreams come true ». L’odeur fruitée est bien faite, mais le goût est fortement « savon », même dans de l’eau chaude.
-   -   Corinne, pour ma place « handicapé » à l’école, voici les dimensions de ma voiture : 497 x 181,6. Merci de tenir compte que je dois pouvoir ouvrir ma portière ! Il n’est plus nécessaire de garder une place « moto » (j’ai eu un accident).

Je reprends le cours de mes petites nouvelles…
Les exercices de kiné me font mal au poignet… mais je suppose qu’ici aussi je dois passer au-delà. Il m’arrive de me décourager dans mes moments de solitude. Je sais aussi que ces mois-ci sont déterminants pour récupérer de la souplesse. Il faut aller de l’avant ! Je vois que certains exercices de kiné m’aident pour certains mouvements que je devrai pouvoir effectuer pour me déplacer en chaise roulante, pour me transférer de la chaise à la toilette, au lit, etc…  Mais vraiment cette semaine, c’est trop. La motivation n’a pas suivi… je me rends compte que mon « merci » du soir était limité. On me demande d’employer au maximum une chaise roulante manuelle, mais ma main droite me fait mal. J’étais découragé en voyant que pour parcourir les 120 mètres entre ma chambre et le local des ergos, j’avais mis 6 minutes et  j’y arrivais en n’étant presque plus capable de commencer certains mouvements. Je pleure pour un rien dans des moments comme ça.
Il y a des semaines faciles, d’autres qui le sont moins. Heureusement vos visites me font tant de bien. Nos échanges, quelques nouvelles du monde extérieur, de vos familles, une blague en passant… merci pour ce que vous m’apportez. Beaucoup d’entre vous regrettent de ne pas voir Madicte en venant à Pellenberg. Vous le savez, Madicte récupère de sa première chimio. Elle ne se déplace pas tous les jours, pour diverses raisons: fatigue, Emilie n’est plus disponible pour la conduire, elle ne reconduit pas encore, horaires pas toujours compatibles avec ses repas, … Je vois son combat, je suis plein de respect pour ce qu’elle vit, pour ce qu’elle porte, pour ce qu’elle supporte. Chaque jour m’apporte une image qui renforce mon respect et mon admiration pour ma Douce. Nous nous voyons moins, mais  gardons le samedi pour nous. 

Nous sommes conscients qu’une nouvelle vie commence. Lors de la visite de Vincent, nous parlions d’une nouvelle vie, d’une re-naissance. Beaucoup est à reconstruire. Je me souviens d’une époque où les enfants allaient recevoir un bateau de pirates Lego pour leur Saint Nicolas. Madicte et moi avons passé plusieurs soirées en cachette à construire ce bateau. Les premiers assemblages, en suivant les plans, ne nous donnaient pas l’image finale, le résultat auquel nous allions arriver. Je pense que nous sommes entrain d’assembler des pièces mais qu’il est beaucoup trop tôt pour imaginer ce que sera cette nouvelle vie. Une certitude, c’est que nous la vivrons ensemble. Nous avons l’expérience de notre « première Vie » qui va nous aider pour celle qui s’annonce. Beaucoup de choses seront différentes ; nous allons revivre des fiançailles (fiançailles : fête de la confiance) pour continuer, pour repartir après ce changement de cap. Nous aurons encore besoin de vous ; ne croyez pas vous en tirer comme ça ! Votre Amitié, votre soutien, sous toutes ses formes, vos prières, votre énergie, … nous en aurons encore besoin. Jusqu’au jour où, à votre tour, vous pourrez frapper à notre porte si besoin s’en faisait sentir!

Ce samedi 4 est une journée à marquer d’une pierre blanche : mon premier vrai retour à la maison ! Le matin, pendant ma toilette, Mieke, une infirmière est arrivée dans ma chambre avec un air sérieux pour confier à sa collègue que tous les ascenseurs étaient en panne. Donc pas de possibilité de rejoindre le rez-de-chaussée. Pas une fraction de seconde je n’ai cru à cette affirmation et lui ai montré d’un regard que son humour me plaisait. C’est la blague traditionnelle faite à tous ceux qui rentrent pour la première fois chez eux pour passer la journée. Préparez-vous-y, si un jour vous venez séjourner à Pellenberg… Moments émouvants en arrivant… Nous avons vécu quelques bonnes heures ensemble. Mano qui travaillait ce samedi était avec nous dans nos cœurs. Frédéric nous avait préparé de la lasagne. Emilie courait pour nous trouver une batterie pour le lift qui me permet d’aller de ma chaise au lit. Je me suis rendu compte de beaucoup de limites dans ma future vie à la maison, mais quand je serai dans une chaise manuelle, mon autonomie sera plus grande ! Le soir Madicte est revenue avec moi à Pellenberg. Comme elle le dit « l’automne a commencé », ce qui signifie que ses cheveux ont commencé à tomber suite à la chimio. Ce dimanche après midi, c’était donc la séance « coiffeur » : son amie Véra lui a coupé les cheveux dans ma chambre. Je pensais que ce moment serait plus difficile, mais l’ambiance était sereine et souriante. Après divers avis échangés, entre autres avec des infirmières, Madicte ne portera pas tout le temps sa perruque. La tondeuse a laissé 6 mm de cheveux, ce qui lui donne un visage de petite fille et une coupe moderne. Quand les cheveux s’en iront en laissant des trous, ce qui risque d’arriver, Madicte pourra encore choisir de porter sa perruque ou l’un ou l’autre couvre-chef. Les chapeaux, les casquettes, les foulards, … tout lui va ! 

Avant de quitter le clavier, j’ai envie de vous partager un beau moment, une carte postale. Ce mercredi, un beau soleil s’annonçait à travers la brume matinale. Par ma fenêtre, j’admirais depuis mon lit cette belle lumière brumeuse qui évoluait de minute en minute lorsqu’un un envol d’oies sauvages a percé la brume et est apparu entre les arbres. Elles venaient de décoller. Comme ma fenêtre donne plein sud, je les ai vues s’envoler, trouver leur direction en se mettant en formation, puis rapidement disparaître de mon champ visuel. Elles ont aussi un fameux chemin à parcourir ; elles y arriveront grâce à leur solidarité ! Ce n’est pas le hasard qui m’a donné de les voir et de voir cette image symbolique cette semaine !

Une chanson pour la semaine : « Driving the last spike » de Genesis ; la voix de Phill Colins donne des ailes.

*Selon une nouvelle méthode révolutionnaire basée sur l’observation de films et vidéos !

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