vendredi 16 décembre 2016

ça vous gratouille, ou ça vous chatouille?





Chers tous, revoici le temps des cartes postales !
La première m’est parvenue de manière originale… je me suis rendu à la chapelle. On y avait installé la crèche. C’est fou… depuis que les crèches existent, le monde chrétien prépare le lit du petit Jésus, souvent quelques semaines à l’avance. Si il y a 2000 ans Marie et Joseph en avaient fait autant, ils n’auraient pas eu de problèmes de logement en arrivant à Bethléem. Manque de prévoyance ? Jeunesse et insouciance de jeunes mariés ? Booking.com n’existait pas encore ? En tout cas, cela n’arriverait plus maintenant. Bref, j’en reviens à la crèche dans la chapelle. Les personnages déjà présents sont deux poupées semblables habillées différemment. Visiblement ce sont deux femmes (les pommettes maquillées de rouge, pas de barbe, doigts très fins, cils très longs), l’une blonde et l’autre noire. Erreur de casting ? Position de l’Eglise en faveur des couples du même sexe ? Humour de notre équipe pastorale ? (il y a peut-être deux Joseph ailleurs dans une autre chapelle, attendant aussi leur bébé adopté…) Préparation d’un grand jeu des vacances de Noël « trouvez l’erreur » ? Toujours est-il que les deux mamans ont le même regard très tendre. Je leur souhaite plein de bonheur avec leur petit Jésus.

Autre carte postale : Cette semaine nous a vus fêter St Nicolas et deux jours plus tard on commençait la décoration de Noël. Une stagiaire avait en charge le sapin de la salle de TV ( donc moi je donnais les conseils et elle exécutait ). Pas de disputes, mais beaucoup de bonne humeur. Cela m’a rappelé cette petite anecdote, lors de mon séjour ici il y a deux ans. Les stagiaires kinés, un vendredi, avaient moins de patients (certains étaient rentrés chez eux dans l’après-midi du vendredi). L’un des stagiaires terminait un rapport à l’ordinateur, un autre frottait les tables sans grande conviction, deux autres papotaient, et deux autres se proposaient d’aider la dernière pour s’occuper de moi. Une fois installé sur la table, mes trois stagiaires ont vu que ce n’était pas possible de s’occuper à trois d’un seul patient. Donc l’une travaille et les deux autres participent à la conversation. A un moment, je leur ai dit que je venais de trouver le boulot que j’aimerais exercer après ma revalidation. On a joué à deviner de quel métier il était question. Après quelques minutes, ne trouvant pas, elles ont donné leur langue au chat. Je leur ai donc dit, en regardant tout autour de moi vers les stagiaires, que le seul métier que je serais capable d’exercer, c’était « STAGIAIRE » apparemment pas trop dur. Pour revenir à la stagiaire-décoratrice : à un moment donné, un stagiaire médecin est arrivé et a commencé à engager la conversation, mais uniquement avec la jeune stagiaire. Je n’entrais pas dans son espace. Sentant bien qu’il voulait s’accaparer la demoiselle, je me suis éclipsé sur la pointe des pieds (c’est une image, hein !). Plus tard dans l’après midi, la demoiselle est venue voir si je n’étais pas fâché, ou vexé ; cela l’embêtait que je sois ainsi jeté par l’autre coco. Je lui ai dit que coco et moi avions des objectifs différents ; moi j’étais là pour partager un moment de bonne humeur, sans plus.

Je partage ma chambre avec un jeune homme… J’ai beaucoup de mal à le comprendre : nous ne parlons pas le même néerlandais. Chaque matin quand les infirmières viennent nous réveiller, je lui adresse un grand « Goeie morgen Michaël ! ». En réponse j’ai toujours droit à ce vibrant, chaleureux et sincère « Yeoooow… ».

Je me retrouve dans des situations très proches de celles vécues il y a deux ans, avec la nuance que maintenant je sais à quoi tel ou tel mouvement va servir. Ca ne diminue pas les douleurs, mais je sais quelle est la finalité des exercices, c’est une fameuse motivation. J’ai commencé l’endurance… hé ben, je ne suis pas fier ! Plus de souffle, plus de résistance. On va reconstruire tout ça, je m’y engage à fond (avec mon équipe). Heureusement je vois des progrès ici et là : la force revient dans les doigts. Je suis parvenu à me recouper les ongles des deux mains (tout seul), je peux à nouveau ouvrir une bouteille d’eau. Ma première leçon de chaise roulante a été efficace, le prof m’a félicité. Mais je sais aussi que certains gestes, certaines manœuvres ne sont pas envisageables tout de suite par manque de force dans le bras gauche. Donc il faut travailler la musculation. C’est le plus douloureux ! Je pense que les suites de cette opération sont plus douloureuses que celle de juin (à l’époque je n’ai pas eu de revalidation). En ce qui concerne la chaise roulante, je me rends compte que je manque de confiance en moi, je n’ose pas me lancer, j’ai peur à certains moments. C’est idiot, j’ai la preuve que je peux y arriver, je sais que la peur est mauvaise conseillère ; à moi de travailler mon problème. J’ai un programme de plus en plus chargé. Mes deux premières semaines étaient un petit échauffement, un round d’observation. Cette semaine est un démarrage style « 24 h du Mans » : on fonce !!!
Il faut vous partager une bonne nouvelle : j’ai appris que je peux rentrer à la maison durant le WE !!! Donc cette semaine d’efforts a été payante. Enfin ! Dormir chez soi ! M’endormir auprès de ma belle, me réveiller près d’elle ! Ces petits plaisirs de la vie qui nous permettent d’aller de l’avant.
J’ai demandé à mes infirmières-anges gardiens si je pouvais gérer seul mes médicaments (on m’apporte chaque matin mon potiquet rempli de pilules). Il y a deux ans je recevais la dose pour la semaine, avec mission de prendre le nombre correct chaque jour. Une infirmière m’a demandé si vraiment j’en serais capable, on a un peu échangé sur le sujet puis elle m’a demandé que faire si je me trompais dans les doses. Je lui ai répondu que je ne pouvais pas me tromper, j’ai un système infaillible : le lundi je prends toutes les pilules blanches, le mardi toutes les pilules oranges, le mercredi toutes les pilules vertes, etc… Son regard effrayé a duré quelques secondes avant de réaliser que je la taquinais… Bref, je devrais recevoir mon demi-kilo hebdomadaire en fin de semaine.
Il y a parmi les revalidants une jeune dame de confession musulmane. Nous avons sympathisé assez vite (je suis le seul à lui servir un « salam aleikoum »). Elle m’a demandé en néerlandais où j’avais appris sa langue… Hum, je lui ai sorti tout mon répertoire (choukran, avec l’accent des arabes liégeois ; kif kif, avec l’accent d’Antwerpen ; mismillah, avec l’accent d’Ottignies ; Inch’Allah, avec l’accent de Fernandel dans le film Ali Baba et les 40 voleurs ; chouf, avec un mauvais accent marseillais ; yalla ! avec l’accent franco-égyptien de sœur Emmanuelle). Rires, bonne humeur, … et depuis nous nous parlons en néerlandais.
Je reste toujours aussi reconnaissant pour vos paroles et gestes de soutien. Nous sommes portés par tant de gens ! Ik voel me een beetje schuldig om zo weinig in het Nederlands te schrijven; ik weet dat het gemakkelijker is om te babbelen dan schrijven. Maar is dat een excuse? Dikke dikke dikke knuffel voor jullie allemaal!

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