vendredi 2 décembre 2016

Quelques nouvelles de la plaine et de la montagne



Voilà plus de deux semaines déjà que mon homme a quitté la maison et une semaine qu'il est passé dans la montagne d'en face. Je pensais donner plus vite de ses nouvelles, mais le sort en a décidé autrement...
Alors que nous savions que le cancer avait condamné inexorablement ma sœur aînée à une fin proche, le moment venu nous a laissés quand même sans voix.
Pierre et moi avons encore été la voir le dimanche 13 avant son opération, sachant qu'on ne pourrait y retourner de si tôt.
Elle est partie la nuit de vendredi à samedi 26 novembre, tout doucement dans son sommeil sans déranger personne, sur la pointe des pieds, discrète et silencieuse comme toujours. Petite tourterelle toute frêle et fragile, elle s'est envolée vers d'autres horizons plus lumineux, plus joyeux, plus heureux. Sa vie a été marquée par beaucoup de souffrances et de tristesses. Nous lui souhaitions de pouvoir partir, de lâcher sa peau de misère et de retrouver la lumière.
Je suis soulagée pour elle et pour sa fille Fanny qu'elle soit partie en transhumance. Ici il faisait trop froid, trop douloureux, trop triste.
Fanny et moi, nous avons pris le temps de préparer les adieux. Dimanche avec tous les proches, nous l'accompagnerons dans la maison de notre enfance, nous l'entourerons de nos souvenirs, de nos prières et ses cendres seront dispersées dans l'étang, témoin constant et fidèle de notre histoire familiale.

Pierre ne pourra y assister. Actuellement il n'est pas encore assez bien pour rentrer à la maison le week-end. Ce sera la première étape de son retour, on ne sait pas encore quand.
Ça fait bizarre d'être à nouveau séparés, malgré nous, mais avec notre consentement total. Cette fois-ci je ne dois heureusement pas me battre contre la maladie et ses traitements si éprouvants. Emilie et Jan occupant l'étage, le sentiment de solitude n'est pas aussi présent et puis il y a notre chat, le fameux chat de la maison qui vient se blottir contre moi quand je suis dans le sofa, qui joue avec mes pieds le soir en n'arrêtant pas de vouloir entrer puis sortir sans cesse et donc de m'obliger à me lever et sortir de mon fauteuil pour lui ouvrir la porte. On sait bien qui est le chef de la maison, ici ... (à mon avis, il sait que je dois bouger régulièrement pour éviter de trop fortes douleurs articulaires...)

Mais tout ça n'empêche que Pierre et moi, nous sommes à nouveau privés de notre complicité et de tous nos petits gestes de tendresse au quotidien.
Je sens que pour Pierre ces dernières semaines ont été très éprouvantes et nous savons bien - il faut pas se voiler la face- que les prochaines semaines ne seront pas des vacances style Club Med. Oui, il sera en montagne, mais pas question de sports d'hiver ou d'après-ski, de gastronomie ou de jacuzzi. Ça ressemblera plus aux galères, mais avec la différence que les "geôliers" sont tous et toutes des gens adorables, prévenants, professionnels qui n'ont qu'un seul objectif: aider leurs "détenus" à aller au maximum de leurs capacités afin de retrouver une vie la plus autonome possible.
Chaque nouveau jour nous rapproche de cet objectif. Je suis en admiration infinie devant le courage et la persévérance de Pierre qui, à l'image de Sisyphe repartant au bas de la montagne, doit chaque fois, après chaque opération, reprendre son courage à deux mains, supporter la douleur de ses blessures et de ses muscles ramollis, se battre contre son grand corps cassé afin d'avancer. Ne pas avancer, pour lui, c'est reculer, il n'y a pas d'autre voie.
Parfois j'aurais envie de gueuler tellement je trouve que c'est injuste, tellement mon cœur saigne à le voir si fragile, mais si fort à la fois. Il n'y a que l'Amour qui peut donner la force de se battre ainsi, jour après jour avec la force du désespoir.
Je ne sais plus qui a dit "L'humour est la politesse du désespoir". Je ne sais pas ce qui a de plus présent en nous, l'humour ou le désespoir. Mais je sais que l'humour, le rire, la bonne humeur c'est la seule façon de pouvoir continuer à supporter cela et à nous donner envie d'aimer la vie malgré tout.
Haut du formulaire

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire