vendredi 6 décembre 2019

Enfin ensemble!


Nous revoilà enfin ensemble après quatre mois de vie entre parenthèses. 
Pierre s’est débattu comme un lion contre les microbes et l’adversité, Fénix renaissant pour la deuxième fois de ses cendres. Il m’émerveille tous les jours par sa force mentale et son optimisme à toute épreuve.
Le voilà de retour à la maison et tout d’un coup la vie me semble plus légère, plus lumineuse.  Je me demande si je suis bien la même personne.  Son retour à l’effet d’un interrupteur à nouveau actionné.  Ma joie de vivre était en veille, je fonctionnais sur l’éclairage de secours. Je profitais d’une liberté maximale, libre comme le vent de mes horaires, de mes déplacements, de mes activités et pourtant, le cœur gros de vivre une solitude non choisie, habitée au début d’une sérieuse inquiétude sur son sort.   Sept interventions chirurgicales, des semaines de traitement aux antibiotiques, 12 kg de perdus l’avaient complètement mis à plat.  Les deux mois de revalidation chez ses anges préférés ont de nouveau fait des miracles. La mayonnaise a pris, on est reparti !!!
Merci à tous les anges qui ont veillé sur lui et il n’y a pas que ceux de Pellenberg à qui je pense…. Merci à nos familles et amis qui nous ont tous deux soutenus pendant ces longs mois d’épreuve !

Sa toute première sortie fut pour faire nos adieux à notre amie Marieke qui avait pris la clef des champs éternels. Elle reste présente dans nos cœurs et nos pensées, son humour, sa force mentale, son courage, son amitié tendre et drôle à la fois sont gravés en nous à jamais.  Il était prévu un lâcher de papillons à la fin de la cérémonie, mais ce n’est plus la saison des papillons et donc cela n’a pu se faire. Le 31 octobre, deux jours après ses funérailles, un papillon s’est posé près de moi.  Pour moi c’était un message de Marieke pour dire qu’elle était bien arrivée de l’autre côté, là où la lumière ne s’éteint jamais.
Ik denk niet aan wat nog komen zou
Hoe mooi het had kunnen zijn
Ik onthou liever al ben ik in de rouw
Wat prachtig was en fijn
Ik vraag me niet af waarom het was
Dat het noodlot die wonde sneed
Ik onthou liever hoe mooi het leven was
Dan al dat diepe leed
Voor duizelingwekkend groot verdriet
Bestaat geen medicijn
Want we weten maar beseffen niet
Hoe onvoorstelbaar kwetsbaar wij wel zijn
Want magische woorden zijn er niet
Het lot valt ons diep en zwaar
Niets verzacht ons groot verdriet
Dus steunen we mekaar
Al is het gemis zo triest en hard
Wij denken aan elke lach
Die blijft voor eeuwig in ons hart
En troost ons elke dag
Voor duizelingwekkend groot verdriet
Bestaat geen medicijn
Want we weten maar beseffen niet
Hoe onvoorstelbaar kwetsbaar wij wel zijn
Voor duizelingwekkend groot verdriet
Bestaat geen medicijn
Want we weten maar beseffen niet
Hoe onvoorstelbaar kwetsbaar wij wel zijn

(Bart Peeters, Wat nog komen zou)

Souvent nous nous disons que nous sommes des chançards !  L’adversité ne nous épargne pas, mais nous sommes entourés de tant de belles personnes bienveillantes et positives, gentilles et aidantes. Quel cadeau d’avoir de la famille et des amis pareils ! Merci à vous qui lisez ces quelques lignes et qui faites partie de ce cercle lumineux. Sans vous nos vies seraient bien plus sombres ! 

mercredi 4 décembre 2019

Come back

Eindelijk terug in ons kustnestje, na 4 maanden hospitalisatie!

Enfin de retour dans notre abri côtier après 4 mois d'hospitalisation!



dimanche 17 novembre 2019

Mains



La main qui offre un chocolat.
La main qui a toujours froid.
La main qui se cache pour ne pas montrer qu’elle est déformée.
La main qui redécouvre le plaisir de caresser.
La main qui apporte le repas, qui aide à couper les aliments.
La main qui ne bouge plus depuis l’accident.
La main qui depuis deux jours permet au pouce de bouger.
La main qui apporte une lettre et la dépose sur l’oreiller.
La main qui lève le pouce pour te féliciter.
La main qui frotte le dos en signe d’amitié.
La main qui termine la lettre par un cœur, par un petit dessin.
La main qui aide le mouvement encore incertain.
La main qui passe le sel à table.
La main qui applaudit celui qui a enfin réussit l’impensable.
La main qui laisse s’échapper la tasse.
La main qui ramasse les morceaux de la tasse.
La main difforme gênée que l’on regarde avec curiosité.
La main qui tapera le rapport sur le PC, si celui-ci veut bien fonctionner.
La main qui n’attend qu’une chose : rentrer à la maison.
La main qui passe des heures à gratter les démangeaisons.
La main qui allume une bougie.
La main qui a mal et réclame un peu de répit et qui supplie.
La main qui sans hésiter va piquer pour enfoncer l’aiguille.
La main qui essuie une larme.
La main qui sue, qui rame. 
La main qui s’applique à écrire une carte postale.
La main réconfortante qui se pose sur l’épaule de manière amicale.
La main qui renonce à faire avancer la chaise roulante avec dépit.
La main qui ira nettoyer le vêtement souillé et le déposera durant la nuit sur la chaise à côté du lit.
La main qui se crispe à cause d’un spasme, encore une fois.
La main qui redécouvre les sensations de chaud et de froid.
La main qui jalouse l’autre main.
La main qui remet à demain.
La main qui arrive trop tard avec le mouchoir.
La main qui t’aide à couper ta poire.
La main qui retrouve une couleur normale quand les traces de brûlures disparaissent.
La main qui chaque semaine récupère force et adresse.
La main qui a renoncé à se battre.
La main qui est toujours prête à aider et qui se coupe en quatre.
La main qui tremble en portant la cuiller à la bouche.
La main qui vient te frictionner sous la douche.
La main qui t’explique pour la cinquantième fois, avec la même patience.
La main qui n’a pas encore assez confiance.
La main qui te montre par la fenêtre les beautés de l’automne.
La main qui se gante pour vider le rectum.
La main qui, de chambre en chambre va prendre la tension et la température, avec le même sourire à chaque fois.
La main qui à elle seule va couper le morceau de viande pour la première fois.
La main qui soulève péniblement les petits objets.
La main qui apporte le thé. Ah non, j’avais demandé du café, pas du thé. Mais avec du sucre et pas de lait.
La main que l’on attendait pas et qui dépose un petit cadeau sur la table de la chambre vide.
La main puissante qui te pousse quand ça monte avec ce sourire qui te déride.
La main de l’athlète paralympique que j’ai tenue dans la mienne quand nous disions à-Dieu, pour laquelle il n’y aura pas de rime et à qui je dédie ces quelques lignes.




mercredi 13 novembre 2019

Life’s a piece of shit, just remember the last laugh is on you


Voilà, je suis à Pellenberg depuis le 23 septembre ! Le début de mon séjour en revalidation a été ponctué par quelques retours originaux à Gasthuisberg. Retours variant entre petit passage aux urgences et en urologie ou encore séjour « pour examens complémentaires » suite à des infections, des variations anormales de tension et des poussées de fièvre. Avant cela, il y a eu les 4 semaines qui ont suivi la dernière opération qui ont été très monotones : d’abord une dizaine de jours devant rester uniquement sur le côté droit, puis un peu à la fois la chirurgienne m’a autorisé à me mettre sur le dos. Mais sans avoir l’occasion de sortir de ma chambre, sauf une fois, quelques jours avant mon transfert : un contrôle urologique m’a amené au rez-de-chaussée. C’est ce qui m’amène à ma première carte postale… qui n’en n’est pas une, car c’est une non-histoire.
Nous sommes dans un long corridor, la dame de la logistique pousse mon lit (tous mes déplacements durant cette période se faisaient en lit) et arrive face à nous un groupe de policiers. Immédiatement j’échafaude un mini scénario qui, selon moi, devrait faire sourire. Donc je commence par imaginer que je vais disparaître sous ma couverture et trouver une phrase à dire. Quelque chose du style « Dis-leur que tu ne m’as pas vu ! », ou alors « C’est pas moi, j’vous jure ! », ou peut-être « Je ne parlerai qu’en présence de mon avocat »… Ayant un choix à faire rapidement et le groupe de policiers se rapprochant, je me suis dit que j’allais laisser tomber ma tentative. Grand bien m’en pris… Le groupe de policiers accompagnait un homme menotté que je n’avais jusque-là pas remarqué. Comme quoi, parfois, le silence est le meilleur des choix.
Carte postale « accueil à Pellenberg » : Je suis impressionné par le nombre d’infirmières, aides-soignantes, de kinés et ergos qui m’attendaient. Il y a eu une sorte de défilé dans ma chambre les deux premiers jours. Un mot d’accueil sur le petit tableau en face de mon lit. Sans compter la visite surprise de Koen, un ancien compagnon de revalidation d’il y a 5 ans. Il passait par là et a appris que je séjournais à nouveau dans la section 233.
Ma nouvelle adresse est donc :

Revalidatiecentrum UZ Pellenberg
Eenheid 233 – kamer 1
Weligerveld 1
3212 Lubbeek – Pellenberg

Ma revalidation a réellement démarré voici 4 semaines. La force faisait défaut, les muscles recommencent à travailler. Il faut réapprendre les transferts, les manœuvres avec la chaise roulante. Et… réapprendre à avoir confiance pour tout cela ! La condition physique est déplorable, je n’ai plus aucune résistance à l’effort. On y va progressivement.
J’ai quelques cartes postales que je vous partage volontiers.



La première a trait au départ de Marieke Vervoort. Il y a 5 ans, elle a fait un séjour de quelques semaines à Pellenberg et nous y avons fait connaissance. Elle m’a tiré la tête hors de l’eau à une époque un peu difficile, elle m’a botté le derrière lorsqu’il le fallait. Nous avons gardé le contact et sommes allés régulièrement chez elle à Diest, ou lui rendre visite lors de ses nombreux séjours en clinique à Diest ou à Jette. Elle nous a partagé sa décision de se faire euthanasier. Un jour nous lui avons proposé de l’aider à élaborer la cérémonie d’à-Dieu, lors de son enterrement, ce qui nous a donné de vivre de beaux moments de proximité et de partages. Lors de mon dernier séjour à Gasthuisberg, Madicte et moi avons eu le privilège de la rencontrer, chacun séparément, alors qu’elle y était elle-même hospitalisée. Moments intimes, intenses. Connaissant la date fixée pour son envol, nous savions que c’était pour chacun le dernier « au-revoir ». Les mots, les gestes de ces moments-là sont dans le coffre « secrets du cœur » et ne seront pas dévoilés. Au moment de son euthanasie, j’étais dans ma chambre avec Emilie et Jan, ce qui m’arrangeait bien pour ne pas trop y penser. Avant leur arrivée, j’avais choisi d’écouter JJ Goldman sur Youtube. J’ai laissé défiler les chansons et à l’arrivée de Jan et Emilie je n’ai pas coupé la musique, j’ai juste diminué le son pour avoir une musique de fond. A l’heure où Marieke quittait cette Vie a commencé la chanson « Puisque tu pars », chanson que j’associais à Marieke à cause de certaines paroles :
« cette force de penser que le plus beau reste à venir »
« puisque ta maison aujourd’hui, c’est l’horizon »
« sache qu’il reste de toi comme une empreinte indélébile ».
« nous t’aimons trop pour te retenir »
Bien que cette chanson ait été écrite lorsque son fils a voulu quitter la maison, certains mots peuvent être détournés en leur donnant la signification que l’on désire. Je ne m’en prive pas.
Le lendemain matin je partageais cela avec une infirmière, qui m’a dit que lors de son dernier séjour à Pellenberg, Marieke occupait la chambre où j’étais, son lit étant juste à l’endroit du mien. Il n’y a pas de hasard ! Je crois à ces signes de la Vie ! Voilà, je ne vais pas m’éterniser davantage sur ce sujet . Il y a certainement encore beaucoup à dire, à débattre à propos de l’euthanasie… Je pense qu’une personne médiatique comme Marieke aura secoué le cocotier.




Une carte postale « maison » : ces  deux derniers WE je suis rentré à la maison. Beaucoup de bonheur, de plaisir d’être là avec Madicte. Peler ensemble les légumes pour le potage, faire la vaisselle, prendre une douche (avec la présence rassurante de Madicte !), prendre le petit déj du dimanche avec Emilie et Jan, avoir le chat qui revient spontanément sur mes genoux, recevoir la visite de Geneviève, nous rendre à l’anniversaire d’amis, … J’ai presque l’impression d’avoir une vie normale ! J’ai aussi vu où étaient mes limites à la maison, les domaines où je dois encore progresser avant un retour définitif. En circulant dans le village j’ai vu des changements: une maison qui était en démolition il y a trois mois a fait place à une belle pelouse ; une autre maison a maintenant une nouvelle brique de façade ; le Centre de Rencontre du village est terminé: la vieille école a fait place à un bâtiment multifonctionnel, le trottoir a été réparé, … On s’absente trois mois et le monde change ! (un peu). Sans parler des surprises concoctées derrière mon dos: la cuisine a été repeinte ! A mon arrivée, un ruban me barrait l’entrée de la cuisine. J’ai inauguré la cuisine définitive ! Merci à Charly d’avoir donné du temps et de l’huile de bras pour finaliser les travaux ! Autre surprise : Madicte a organisé un repas d’anniversaire avec les enfants ! Je ne me doutais de rien et nous nous nous sommes retrouvés ensemble à table pour la première fois depuis le mois de juin !

Une carte postale de « ma rue » à Pellenberg : je retrouve mes infirmières, mes kinés, mes ergos, mes thérapeutes sportifs. Que du bonheur nom didjo ! Il n’y a que parmi les revalidants qu’il y a de nouvelles têtes (pour moi), mais on fait connaissance lors des séances de torture chez les kinés, les ergos ou dans la salle de sport. Beaucoup de messages passent dans un regard, dans un sourire complice ou dans des encouragements, des félicitations pour celle ou celui qui a franchi une étape insurmontable la veille encore. Il y a des personnes attachantes, quelqu’un de plus fermé, qui a sans doute du mal d’accepter sa situation, il y a toujours dans le tas l’un ou l’autre que je ne comprends pas parce que nous ne parlons pas la même langue de Vondel. Il y a une dame francophone qui s’exprime avec un accent liégeois très prononcé. Il y a quelques jours, au réfectoire, elle demandait « du péh » à l’infirmière. Celle-ci s’est tournée vers moi, le regard interrogateur… La dame demandait du pain.

Depuis mon arrivée fin juillet à Gasthuisberg, je n’ai pas posé les fesses sur une chaise roulante durant 2 mois. Les premiers tours de roues furent prudents, voire alarmants, tant je n’osais rien comme manœuvres. Je n’osais plus rien. La technique était dans ma tête, mais passer à la pratique était une toute autre histoire ! Ce mardi 5 novembre, jour de mes 61 ans, j’ai eu un cours de chaise roulante avec une de nos thérapeutes sportives. En une heure j’ai rattrapé le temps perdu ! Tout est revenu ! Confiance en moi, évaluation des difficultés, dosage de la force nécessaire. Ouf ! Maintenant il me faut entretenir cela. Il y a 5 ans, on me disait que ce n’est qu’après avoir franchi 1000 fois un obstacle qu’on peut prétendre être capable de le franchir…
J’ai appris que mon retour définitif à la maison est prévu pour le vendredi 29 novembre ! Le compte à rebours a commencé !

Une idée musique : Rondo Veneziano ! Musique entrainante, virevoltante, douce aussi ! L’idéal pour lire un livre.



lundi 26 août 2019

Séparer, on ne le pourra jamais, oh non non, on ne pourra jamais les séparer...




Voici les dernières nouvelles du front hospitalier:
Pierre a subi vendredi passé sa 7ième, et nous l’espérons, dernière intervention chirurgicale.  Cette fois-ci c’est la chirurgie plastique qui a été appliquée.  On a dû faire une nouvelle incision afin d'étirer un muscle existant pour recouvrir le trou.  Les chirurgiens sont contents de leur œuvre d’art et espèrent que tout va bien tenir et se refermer. Si j’ai bien compris, je crois qu’il a deux smileys dans le dos maintenant. Les deux semaines qui suivent cette opération seront inconfortables, car Pierre doit rester allongé sur le côté droit.  Le voilà bloqué et fort limité dans ses mouvements déjà restreints.  Manger et boire ce n’est pas une sinécure, comme il n’a pas fait de latin en secondaire, il n’a pas appris comment manger couché (moi j’ai beau avoir fait mes  latines, je ne ferais pas mieux…).  Il a l’épaule, la main et le bras droits quasi immobiles, c’est avec la main gauche qu’il doit se débrouiller comme il peut.  Bref, pas facile d’utiliser son Smartphone, de lire ou d’écrire.   Si vous voulez lui téléphoner, envoyez-lui d’abord un sms ou un message Whatsapp, comme ça il a le temps de prendre l’appareil en main.  Il somnole bcp pendant la journée car les  nuits ne sont pas blanches, mais pas de tout repos non plus.  Il continue de recevoir toutes les 6 heures un antibiotique par intraveineuse et ceci jusqu’au 11 septembre.  Pour ce qui est de la kiné, c’est une charmante stagiaire qui s’occupe de lui, mais le mot d’ordre est PRUDENCE, tout doit se faire à petits pas, surtout pas d’étirements qui pourraient nuire à la cicatrisation de la plaie.


Demain ça fera déjà 4 semaines qu’il a été hospitalisé. Nous n’avons actuellement encore aucune idée de la durée que prendra ce séjour.  On nous a dit que ce serait long (Qu’il est long, qu’il est long le chemin, papa…) Mais c’est quoi exactement long ?  En 2014-2015 Pierre a passé 10 mois à l’hôpital, dont 9 en revalidation.  Nous nous doutons bien qu’ici aussi les montagnes vont se succéder: Gasthuisberg puis Pellenberg, sans doute.  Et ce ne sont pas de vraies vacances, quoiqu’on y soit logé, nourri et blanchi et que les GO soient très gentils.  Mais les activités ne sont pas vraiment celles du Club Med.  Ici pas de pétanque, bien qu’on ait eu vachement les boules…
Ne vous imaginez pas que, puisqu’on en a fait l’expérience il y a cinq ans, Pierre et moi supportons mieux de vivre séparés.  C’est sans doute ce qui nous pèse le plus à tous les deux.  Ensemble on est fort, on supporte plus facilement les aléas de la vie, on sait mieux se résigner à accepter tout ce qu’on a perdu, on sait rire ensemble de nos malheurs, mais si en plus il nous faut vivre chacun seul dans son coin, c’est durdur et vraiment pas rigolo.
Chacun essaie de tenir comme il peut, on ne va pas rendre la situation encore plus difficile à l’autre en craquant. Donc, on tient le coup parce qu’il le faut bien et qu’on se dit que face à l’adversité on ne peut faire qu’une chose, c’est l’affronter ensemble séparément.  Et puis, comme le disait si joliment Maurane :
 « Ils sont faits l’un pour l’autre
Comme le ying pour le yang
Comme le goût pour la langue
L'un pour l'autre
Ils sont faits l'un pour l'autre
Comme le bleu pour la mer
Comme un Dieu pour la terre
L'un pour l'autre
Crève les yeux tellement c'est clair
L'un pour l'autre….
Séparer Séparer Séparer Séparer
On ne le pourra jamais, oh non non
On ne pourra jamais les séparer….»  

Ça fait tout juste 40 ans que nous nous sommes rencontrés et que notre histoire d’amour est née. Que d’aventures…  que de  bonheurs aussi !  Ceux-là on ne pourra jamais nous les enlever, ils sont gravés à l’encre indélébile dans nos cœurs.
Gracias a la vida que me ha dado tanto.

mardi 20 août 2019

Post tenebras lux




Voilà… mes journées passent lentement ici à Gasthuisberg. Actuellement ma blessure ne demande pas de soins quotidiens, juste une intervention sur le billard plus ou moins tous les 5 jours.
Donc je vois les infirmiers, infirmières pour la toilette, les repas, les prises de sang, les doses d’antibiotiques toutes les 6 heures, le contrôle de la température et de la tension. Pas d’activités physiques, pas de chaise roulante, pas de kiné, de natation, pas de basket, je me mets moi-même en mouvement avec les bras pour ne plus perdre trop au niveau des muscles. Donc pas mal de moments de solitude, que je vis plutôt bien.
Voici quelques extraits de messages envoyés à l’un ou l’autre, cela vous donnera une idée de mon quotidien :

-En faisant très court  c'est une infection d'une blessure à la fesse qui m'a amené aux urgences. Le côté sournois de cette infection est que ça s'est surtout développé en profondeur, quand on l'a vue en surface l'os était atteint. Il a fallu plusieurs opérations pour nettoyer et assainir la plaie. Ce 15 août  ce sera la 5ième fois que je passe sur le billard. Chaque opération en prépare une autre, l'objectif étant de prendre un morceau de muscle ailleurs pour "boucher le trou ". Mais pour cela il faut que l'intérieur de la plaie soit impeccable, disons même à l'image de Marie,  qu'elle soit immaculée (ah ah, référence au 15 août), mais en ce qui me concerne on ne met pas de majuscule.   
Madicte est formidable,  d'une patience d'ange,  avec la force de l'amour,  elle est à la fois active,  présente,  efficace,  souriante, courageuse,  disponible, et j'en passe. 

C'est amusant, je préfère parler de ma femme plutôt que de mes fesses et pourtant il me faut moins de mots pour y arriver... 

-Ici la vie monacale donne le rythme (en gros, frénésie style escargot). Plus de fièvre, les opérations se succèdent, le moral est bon.
-Mes journées sont plutôt plates… sans grand intérêt. Ce qui est encore le plus passionnant, ce sont les jours d’opérations, hormis le fait de rester sans manger et sans boire, car je vois du monde : d’abord la personne du service logistique qui vient me chercher. Pendant le trajet de la chambre à la « salle d’attente », on papote. Ces personnes-là, qui ne font que véhiculer les gens toute la journée, parcourent sans problème 18 à 20 km par jour ! Puis il y a l’infirmier / ière de la « salle d’attente » qui me demande mon nom, ma date de naissance, pourquoi je suis là, si on m’a bien dessiné une flèche au marqueur indiquant où je dois être opéré (contrôle visuel), si je n’ai pas de fausses dents, si j’ai des allergies (c’est tout un protocole, qui devient un rituel pour moi – j’ai une fois demandé pourquoi on posait toujours ces questions-là, et pas par exemple quel est le nom de votre chat, ou de votre chien. Résultat, une infirmière que j’ai vue plusieurs fois m’a demandé la dernière fois comment s’appelle mon chat !). Puis j’arrive dans la salle d’opération… où l’on me repose exactement les mêmes questions avec en plus un contrôle buccal : il faut ouvrir la bouche bien grande! Il y a certaines personnes que je reconnais, entre autres des anesthésistes. La première fois que je suis arrivé là, je me sentais stressé et j’ai demandé si personne n’avait une blague à raconter. Dans chaque équipe, il y a le comique de service, j’ai donc eu droit à ma blague. Et lors de mes deux derniers passages sur le billard, ils connaissent leurs dossiers, j’ai été accueilli par un « Mijnheer de Tender ! Wij hebben een goeie voor U ! » (Nous en avons une bonne pour vous). C’est là qu’on se sent vivre! Good vibrations!

J’avais écrit des cartes postales au début de mon séjour, les voici seulement.
Carte postale « ombres chinoises » : ce dimanche, le soleil termine sa course entre les immeubles de Gasthuisberg et arrive jusqu’à notre chambre. Comme l’infirmière soigne ma blessure et change les pansements, elle a tiré le rideau entre mon voisin et moi. Je suis allongé sur le côté droit et après quelques minutes je découvre l’ombre chinoise de mon voisin, couché sur son lit… Contrairement à moi, il n’est pas inactif: il va chercher de la matière première dans son nez puis commence un minutieux travail de façonnage : il roule ladite matière entre le pouce et l’index pour former une petite boulette (ça dure au moins 30 à 45 secondes par boulette). Puis, avec la désinvolture de l’artiste parvenu au sommet le la gloire, il laisse son chef d’œuvre tomber sur le sol. Comme ça ne fait pas de bruit, je ne sais rien vous décrire de la chute. Bloqué au lit, je ne risque pas d’être somnambule et de détruire cet art éphémère en le piétinant durant la nuit…

Une carte postale « solidarité » : en juin, nous sommes partis avec trois couples d’amis dans une maison dans le Gard. Nous y sommes déjà allés l’an passé, invités par les amis et cousins proprios des lieux. Parmi les activités auxquelles j’ai participé, il y a eu deux mémorables tournois de pétanque. Le premier sur la place du village, le second dans le jardin de la maison (un vrai boulodrome !). Très heureux de notre position de derniers au classement à l’issue du premier tournoi, Martine et moi avons refait équipe pour la suite. J’ai signalé que mes mauvais résultats étaient dus à ma position assise ; le groupe a alors suggéré que tout le monde soit mis sur un même pied d’égalité et l’on a amené une chaise à côté de moi. Nous avons tous joué assis ! Cela a juste confirmé notre position de derniers au classement…



Carte postale « on ne va tout de même pas demander à un handicapé ! » : Madicte et moi revenions du village (toujours en France) ; elle photographiant fleurs et autres beautés de la nature sur les bas-côtés, moi prenant quelques mètres d’avance à chacune de ses haltes. Soudain une voiture venant vers nous s’arrête à ma hauteur, la fenêtre passager s’ouvre et une jeune dame commence à me demander quelque chose dans un langage très simple (toi comprendre moi ? Moi pas parler trop vite ? – j’exagère à peine!). Juste au milieu de la question, Madicte surgit derrière moi. Aussitôt le chauffeur interrompt sa passagère et dit qu’on va demander à la dame. Il ouvre sa fenêtre et se penche en faisant signe qu’il faut venir écouter de son côté. Ce n’est pas la première fois que ça arrive : les gens s’adressent plus facilement à l’accompagnateur qu’à la personne en chaise roulante…

Actuellement, il n’est pas question que je quitte le lit, je ne sais donc rien de ce qui se passe dans le couloir. Il y a des bruits, des rencontres, des conversations mais auxquelles je ne participe pas. Ce n’est pas ma rue, c’est juste un couloir. Un peu isolé de l’animation, je prends cela avec philosophie.

On pense que l’infection est arrivée suite au travail préparatoire à une coloscopie (du grec Kolos, qui veut dire géant ; et du wallon Co pis, qui signifie encore plus grave – une coloscopie est donc un contrôle afin de s’assurer que rien n’est disproportionné - dans la tuyauterie).


samedi 17 août 2019

Entendre ton rire qui lézarde les murs, mais qui sait surtout guérir mes blessures




Nous revoici… Il y a bien longtemps que nous ne nous sommes plus exprimés via le clavier. Or de nouvelles fraîches sont arrivées ces dernières semaines.
Depuis le mardi 30 juillet Pierre est hospitalisé en Traumatologie à l’hôpital universitaire de Leuven (Gasthuisberg).  Je vous passe les détails, mais je peux vous dire qu’il est passé de justesse à côté d’une septicémie à cause d’une plaie à la fesse qu’il traîne depuis 5 mois qui s’est infectée et d’un manque de discernement et de prévention lors d’une consultation d’urgence en dermatologie une semaine plus tôt.

Depuis sa prise en charge il est déjà passé cinq fois sur le billard afin d’assainir cette plaie.  Il est sous antibiotiques massifs et devra encore subir plusieurs interventions chirurgicales avant qu’elle ne soit fermée.  Comme d’habitude, il est d’un courage, d’un optimisme et d’une patience infinis, mais je ne vous cache pas que nous sommes tous les deux fort affligés, sachant qu’il en a pour des semaines, voire des mois, d’hospitalisation.
Il est très vulnérable, le staf a décidé de le mettre dans une chambre privée pour raison médicale. Il dort beaucoup, mais est heureux de recevoir des mails, messages et visites.
Il n’est pas toujours dans la possibilité de répondre au téléphone, c’est pourquoi nous vous demandons de privilégier d’autres modes de communication (sms, Whatsapp, Messenger, mails). Si vous souhaitez lui rendre visite, veuillez svp le contacter à l’avance.  Il vous dira s’il est en état de vous recevoir.
Pour moi aussi, il est plus facile de réagir à des messages plutôt qu’au téléphone, car je suis souvent au four et au moulin en même temps. C’est plus facile pour moi de réagir à vos messages quand je suis vraiment disponible.
Nous avons un sentiment de « déjà vu » : il y a tout juste 5 ans Pierre était à Pellenberg après son accident et moi j’avais quitté Gasthuisberg.  Notre vie n’est vraiment pas un fleuve tranquille, mais nous sommes conscients que nous ne pouvons garder la tête hors de l’eau qu’en acceptant notre destin et en trouvant de la bonne énergie dans l’amour, l’amitié, l’humour et tant de belles choses qui effleurent nos âmes.


We zijn terug van weggeweest.  We hebben van lang al geen nieuws meer gegeven, maar jammer genoeg hebben we geen goed nieuws.
Sinds dinsdag 30 juli is Pierre opgenomen op de dienst Traumatologie/Heelkunde in het UZ Leuven, Gasthuisberg. Ik bespaar u de details, maar hij is nipt ontsnapt aan een bloedvergiftiging o.w.v. een geïnfecteerde wonde aan zijn bil die maar niet genas (5 maanden) en aan een spoedconsultatie in Dermatologie een week voordien die zonder de nodige ernst en vooruitzicht is gebeurd. 

Sinds zijn opname heeft hij reeds 5 heelkundige ingrepen ondergaan om deze wonde te zuiveren.  Hij zit onder zware antibiotica en zal nog verschillende keren ingrepen moeten ondergaan vooraleer de wonde dicht zal zijn. Zoals altijd is hij zo moedig, geduldig en positief, maar ik moet wel toegeven dat we het allebei zwaar hebben, wetende dat hij weken/maanden zal opgenomen blijven.
Omdat hij kwetsbaar is heeft de staf beslist hem voor medische redenen in een privékamer te leggen.  Hij slaapt veel, maar is blij mailtjes, berichtjes en bezoeken te ontvangen. Hij is niet altijd in de mogelijkheid zijn telefoon op te nemen, daarom vragen wij hem eerder via sms, Whatsapp, Messenger of mails te contacteren. Wil je hem graag een bezoekje brengen, gelieve hem op voorhand te contacteren, hij zal je dan kunnen zeggen of hij zich goed genoeg voelt om u te ontvangen.
Voor mij is het ook gemakkelijker te reageren op berichten eerder dan via telefoon, want ik heb het zeer druk en reageer liever wanneer ik echt beschikbaar ben.
We hebben een ‘déjà vu’ gevoel : juist 5 jaar geleden lag Pierre in Pellenberg na zijn ongeval en ik was terug van Gasthuisberg.
Ons leven is verre van een pad bezaaid met alleen bloemen, er zitten veel doornstruiken en distels tussen. Gelukkig kunnen we het hoofd boven water houden door ons lot te aanvaarden en goede energie te vinden in liefde, vriendschap, humor en zoveel mooie dingen die onze ziel raken.