Nouvelles
du front (et du reste du corps)
Ce sera
un peu décousu comme texte, j’ai un peu de mal de ranger mes idées !
Ce
lundi 11 août, cela fait 35 ans que nous nous sommes rencontrés Madicte et
moi ! Je ne pensais pas fêter cela ainsi… Quel chemin parcouru…
Ces
dernières semaines, le parcours a été assez … surprenant. Ce qui nous arrive
est l’occasion d’appliquer de manière concrète tout l’optimisme, la confiance, la
sérénité que nous prônions quand tout allait bien. Ce qui nous unit renforce
notre confiance.
Comme
le disaient les philosophes Tassin, Pithiviers et Chaudard dans les années ’70
(je cite de mémoire) : « Chaque jour est à vivre dans
l’instant, même s’il nous rapproche du lendemain ; à nous de rendre l’approche
heureuse, facile, en retenant le positif de la journée, en ne qualifiant pas de
« négatives » les expériences qui nous ont mis en colère, qui nous
ont fait pleurer, qui nous ont poussés à exprimer des paroles
disproportionnées, qui nous ont poussés à agir (ou à ne pas agir) de manière
blessante pour les autres ou pour nous-mêmes. Nous avons tous en nous ce que
les croyants appellent une âme, les agnostiques « une force », qui
peut nous mener à nous dépasser en choisissant d’appliquer cela».
Parmi les
appuis qui donnent de l’eau à mon moulin, j’ai envie aujourd’hui de vous parler
de l’équipe qui s’occupe de moi (infirmières, kinés, ergos, psy, assistante
sociale, médecins, chauffeurs de navettes). Ma collègue Souha à qui je
racontais l’extraordinaire disponibilité des infirmières m’a donné une belle
comparaison : je suis comme Aladin, j’exprime un souhait et il est
exhaussé ! Et encore ! Parfois avant que le souhait ne soit clair en
moi, nos blouses blanches ont déjà mis des mots dessus. Lors de ma toilette,
j’étais couché sur le côté droit tout en papotant avec mes deux infirmières du
moment. Je leur confiais combien ce serait difficile de ne pas voir Madicte
pendant quelques jours au moment de son opération; moins d’une demi-heure
plus tard, elles revenaient en me disant que tout était arrangé pour que je
puisse rendre visite à Madicte (alors que la date de son opération n’était pas
encore fixée) : contact pris avec le service qui allait accueillir
Madicte, place réservée dans la navette entre les hopitaux, etc… Deux jours
plus tard, une infirmière vient s’accroupir près de mon lit, ma demandant si je
comptais offrir quelque chose à Madicte (parfum, fleurs, lecture,…) lors de ma
visite. Je lui ai confié mes limites en matière d’achats, pensant trouver un
fleuriste à l’entrée du Gasthuisberg. Elle m’a pris l’avant bras, ma disant que
je n’avais qu’à lui donner un budget et quelles couleurs je souhaitais. Et
avant de rejoindre ma douce, quelques jours plus tard, elle m’apportait
« le » bouquet !!! Les kinés et les ergos se sont concertées pour
me fournir une chaise électrique pour mon déplacement. Puis se sont
débrouillées pour que je garde cette chaise tant que je ne peux pas me servir
de mes mains. Ceci n’est vraiment qu’une toute petite partie de ce que je vis
ici ! Chaque personne met à notre service ses compétences, ses qualités.
Et quand je remercie tous ces anges gardiens, j’ai invariablement la même
réponse : « We doen ons best, we doen juist onze job. » Il ne se
passe pas une heure sans que je remercie quelqu’un. C’est tellement important
de manifester sa reconnaissance. Je m’attriste de ne pas encore connaître tous
leurs prénoms !
Autre
chose que j’ai envie de vous partager : nous vivons ici comme dans un
internat. Nous partageons certains « cours », certains
« profs ». Le vendredi l’internat se vide ; quelques-uns restent
sur place pour le WE. On fait connaissance lors d’une séance de kiné, ou lors
d’une sortie à l’ombre des arbres. Des liens se nouent (parfois pas…) ; ce
qui me frappe, c’est à quel point chacun est à l’écoute de l’autre… On n’a pas
envie de raconter son histoire. On écoute d’abord. Et TOUS nous sommes sans
voix quand nous voyons dans la salle de kiné ce petit garçon qui, à mon avis,
n’a pas trois ans. Il n’a plus de pieds. Il passe dans sa chaise roulante près
de chaque personne quand il a fini sa séance pour nous faire un signe de la
main. Nous ne nous sentons pas petits à côté de lui : nous sommes boostés,
portés de l’avant. Dans cette salle de kiné, on voit tant de souffrances, mais
surtout tant d’énergie, de patience, de courage. Je ne vous le souhaite pas,
mais il faut le vivre pour le comprendre avec ses tripes.
A côté
de notre petite communauté, il y a tout ce que je reçois de chacun (e) de vous.
Chaque jour m’apporte son lot de mails, de sms, de réactions sur le blog, sur
Facebook, les courriers postaux (si si, ça existe encore !), les coups de
fil (souvent ratés : je n’ai aucune dextérité pour attraper mon gsm quand
il sonne !!!). Une seule fois, j’ai comptabilisé tous ces messages sur une
journée ; je garde le nombre pour moi, tant il est impressionnant. Mon
retard à essayer de répondre à chacun augmente de jour en jour (voyez Gaston
Lagaffe et son courrier en retard). Pouvez-vous vous imaginer l’importance de
vos messages, de vos prières ? Madicte, moi et les enfants sommes portés
par vous tous, par vous toutes ! Je puise mon courage dans ce que nous
vivons Madicte et moi, mais il est clair qu’avec vous, cela met du vent dans
les voiles !!!
Nous
recevons régulièrement des messages du genre « Vous nous donnez tellement,
vous ne vous rendez pas compte de ce que vous partagez, de ce que vous êtes, de
ce que vous rayonnez… » (et j’en passe). Peut-être sommes-nous portés par
une grâce ? Peut-être sommes-nous confiants ? Je ne sais pas
exactement (je cherche à mettre les mots justes, mais je n’y suis pas encore
arrivé), mais retenez surtout que nous accueillons toutes ces phrases avec
humilité. C’est aussi une expérience de Vie que de passer par là ! Ces
derniers temps les expériences se sont succédé assez rapidement. Je vois
certains aspects de la Vie différemment, de manière bien simplifiée. Dans tous
les domaines : la Foi, les relations, la patience, la réconciliation, … (La
Vie est bien plus simple que ce que nous en faisons ; comme disait le sage
Miych Demof : « Je crois que le plus compliqué, c’est de ne pas
compliquer la Vie. ») Si certains d’entre vous puisent dans ce que nous
partageons de quoi aller plus loin, qu’ils se servent abondamment, et qu’ils en
fassent profiter leur entourage. Nous ne faisons que vous dire, vous partager
notre vécu. Il n’est pas facile, mais ce chemin est vécu dans la Confiance,
dans la joie de vivre. A cette période de notre Vie, le terreau était favorable
pour y planter de tels évènements. Nous ne savons pas ce que donnera la
récolte, mais j’y pressens du très bon !
Merci
pour les visites ! Continuez ! Elles me font tant de bien !
J’adapte juste le rythme à mes facilités et à mes besoins. J’ai découvert qu’il
me faut du temps pour moi, qu’il nous faut du temps à deux ou avec les enfants.
C’est pourquoi nous organisons deux visites par jour ; ce qui nous permet
d’en jouir sans restrictions ! Le temps d’attente est peut-être plus long
(pour les visiteurs comme pour les visités !!!), mais la qualité est là à
chaque fois ! Je me garde le samedi pour moi (lecture, méditation, sieste,
visite de Madicte qui reste parfois dormir, …). Mais n’oubliez pas : je
vous attends, vos visites sont très importantes !!! N’ayez pas peur
d’arriver les mains vides ; ou en ayant demandé ce qui pourrait faire plaisir
(parfois il y a quelque chose qui trotte dans ma tête et que j’aimerais avoir).
Votre présence est le cadeau !!!
Soyez
heureux,
Saint
Pierre-la-Chance
Lieve vrienden, weet dat ik het niet vertik om de teksten te vertalen, maar ik ben voor het ogenblik nog te moe om lang achter de pc te zitten. Ik hoop dat ik mijn schade later zal kunnen inhalen. Bedankt voor jullie begrip. Bénédicte
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