samedi 30 août 2014

Cliniquement vivant ! / Klinisch levend !




Voici plus de deux mois que mon accident est arrivé.   Deux longs mois mais en même temps courts par rapport à ce qui m’attend…
Ce dernier mois m’a surtout vu admirer Madicte face à tout ce qu’elle vivait ; je me suis senti impuissant, désarmé, parfois tout petit à côté d’elle. Puis un jour je me suis dit que me sentir « tout petit » ne m’apportait rien de bon, ne m’aidait pas à aller de l’avant, surtout que dans le même temps Madicte me disait trouver son énergie en moi (entre autres). Moi qui n’arrête pas de dire à mes élèves que cela n’apporte rien de se comparer aux autres, il est temps que j’applique au moins une fois tout ce que j’enseigne !!! Donc, plutôt que de me minimiser, j’ai regardé les évènements autrement. J’ai repris confiance en moi, surtout après l’opération. Les exercices de kiné évoluent, je vois les progrès. En conclusion, je retiens mon admiration pour ma douce. Nous pouvons nous épauler, compter l’un sur l’autre.
Nous avons découvert qu’il nous fallait du temps à deux, c’est ainsi que nous nous réservons le samedi, jour où Madicte reste loger à Pellenberg. Ce sont des moments importants pour nous. J’ai aussi limité les visites à deux par jour, pour profiter de chacun de vous. Cela permet une rencontre plus longue aussi, ce que j’apprécie ! Ne vous inquiétez pas d’arriver les mains vides : vous êtes le cadeau ! Cela fait un peu cliché, mais c’est sincère ; de plus je croule sous le chocolat ! Si j’ai la simplicité de vous le dire, ne vous vexez pas ; je pense que dans ce cas la franchise est importante. Quand vous venez, vous pouvez toujours me demander un peu à l’avance si quelque chose me ferait plaisir, ou me manque. Bien que mes besoins matériels soient limités ici (on est proche de l’ascétisme !)
En ce moment, ce qui est le plus dur, c’est de ne pas rentrer à la maison. Je sens que le jardin me manque, le chat sur mes genoux, l’ambiance de chaque pièce, … je sais aussi que cela fait partie de mon chemin. Dans beaucoup de domaines je suis patient ou, plus exactement, je prends ce qui vient au jour le jour. Est-ce cela la patience ??? Mes journées se remplissent de plus en plus ; en plus des séances de kiné et d’ergo, il y a des activités de groupes (atelier d’écriture, cours divers; je vais regretter l’enseignement et ses congés…). L’horloge du living s’est arrêtée (c’est moi qui la remonte) il y a plus de deux mois. Madicte attend mon retour définitif à la maison pour que le temps reprenne son tic tac dans la maison. Moi de mon côté je vis sans mon alliance depuis l’accident ; Madicte me la conserve avec soin et Amour pour me la rendre quand les circonstances seront favorables. J’aimerais nous « remarier », reprenant en partie le texte de notre engagement d’il y a 32 ans, et en l’adaptant à notre actualité.
Je reste impressionné par vos messages, par tout ce que vous exprimez. Je n’arrive pas à répondre à chaque message et m’en excuse auprès des « sans réponses ». Je loupe systématiquement vos appels téléphoniques. Je n’arrive pas à prendre mon gsm en main quand il sonne et à décrocher à temps. Mes deux poignets limités dans leurs mouvements me permettent d’envoyer des sms. Je peux à l’occasion envoyer un mail, mais il faut que toutes les conditions soient réunies : ordinateur à portée de mains, quand j’ai une heure libre, cela vaut la peine de demander à mes anges gardiens en blanc de m’installer l’engin, de me le mettre sur ma petite tablette qui sert pour les repas, etc… Travailler sur une table est exclu (chaise électrique trop longue, pas proche d’une table).
On ne sait toujours pas si je retrouverai l’usage de mes jambes, même si la probabilité est très faible. Je vis au jour le jour, me concentrant sur les progrès en kiné et en ergo. Cela ne veut pas dire que je mets mes jambes de côté, mais ce n’est pas la priorité du moment. Je suis conscient que des signes de mobilité devraient apparaître dans les deux à trois mois après l’accident ; nous sommes à deux mois et demi… Ne pouvant renforcer mes bras (à cause des deux poignets immobilisés), ça avance lentement. L’évolution se voit dans des exercices de maintien en équilibre ou de redressement (j’en suis au niveau de tout petits enfants dans leur parc, entourés de coussins et de couvertures pour ne pas se faire mal quand ils tombent en cherchant leur équilibre…). Je tiens sans problème redressé sur une table (de redressement) pendant 20 minutes à condition d’avoir les jambes en mouvement, stimulées par une machine qui reproduit les mouvements de la marche. La circulation du sang étant meilleure, je ne tombe plus dans les pommes. Chaque jour m’apporte sa petite victoire. Les personnes qui m’entourent et me soignent sont terriblement motivantes, apportent leur expérience à chaque instant, me conseillent, relancent la machine. CHAPEAU à TOUTE l’équipe ! MERCI à TOUTE l’équipe ! Je peux dire de chaque personne qu’elles colorent mes journées de par leurs qualités, leurs attentions, leur prévenance, leur qualité d’écoute. La communication est extraordinaire d’un service à l’autre, d’un switch à l’autre. Je ne sais pas si ce que je vais dire est correct : j’ai deux vies. L’une ici à Pellenberg, où je suis porté, soutenu, soigné, encouragé, poussé, … par tout le personnel. L’autre, c’est ici à Pellenberg, où je suis porté, soutenu, encouragé, poussé, … par vous tous ! Je voudrais citer cette grande dame, Annaïck Laborné, qui parle des relations humaines en les comparant aux édifices religieux. Chaque pierre a sa raison d’être ; si on en enlève une, l’édifice risque d’être déséquilibré. Chaque pierre est solidaire des autres (solidaire : solides, ensemble !). Ensemble, nous formons un bel édifice ! Et pour les amis laïcs qui seraient troublés par l’idée de former un édifice religieux, imaginez un autre bâtiment moyenâgeux de votre choix ! J
Madicte est allée se reposer quelques jours à la mer avec Marie-Claire. Elle en est revenue avec une mine superbe ! Ce jeudi 28.8, nous avons été en consultation à Gasthuisberg pour elle, pour voir la suite du programme préventif. C’est dur pour elle, mais elle vous en parle elle-même. Merci pour toutes les pensées pour elle à cette occasion !
Je m’arrête ici : il y a trop longtemps que ce texte est en chantier ; il faut maintenant vous le livrer ! Chacune et chacun se retrouvera dans ce dernier mot : MERCI !

(deux chansons que j’écoute beaucoup ces derniers temps « Simply the Best » de  Tina Turner et « you’ll never walk alone » de Elvis Presley. Seuls les titres m’intéressent, ainsi que la mélodie.)

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