vendredi 12 décembre 2014

Le 12 décembre, 6 mois plus tard...




Le 12 juin, C'était une belle journée qui invitait les motards à remonter en selle sur leur montures galvanisées et profiter des bienfaits du soleil et des parfums du printemps. 
Le matin, encore en pyjama j'avais assisté au harnachement de mon preux chevalier qui partait semer la bonne parole auprès de ses ouailles enfantines. Je me rappelle nos bisous envoyés de la main avant que la porte du garage ne se referme entre les nounours entourés de petits cœurs de ma tenue nocturne et son équipement en cuir renforcé qui devait lui servir de protection.
L'après-midi  il y a eu le sommeil de la sieste qui ne voulait pas de moi, une sensation bizarre de malaise dont je ne comprenais pas la cause.  La sonnerie du téléphone fixe qui m'a sortie du lit et l'annonce de la prise en charge de Pierre aux services d'urgence suite à un accident. Il était conscient, mais il ne sentait plus ses jambes.  Alors que j'étais en partance, une heure plus tard une camionnette de police s'est arrêtée devant la maison.  Les policiers apportaient la même nouvelle, mais ont ajouté que Pierre n'était pas hors de danger. Ils ont insisté pour que je ne parte pas seule pour l'hôpital.  J'ai fini par prévenir Emilie et lui demander de m'accompagner.  J'ai envoyé un sms à Bernard, le frère de Pierre.  Je savais que je pouvais compter sur lui.
 En route vers les urgences de St-Pierre à Ottignies, le coeur lourd et anxieux sachant que la vie de mon amour était en suspens, nous avons été bloquées un instant pour laisser passer des services de secours appelés pour un autre motard qui gisait sur le sol. Quelques heures auparavant c'était mon amour à moi qui était ainsi désarçonné et embarqué sur une civière...
Ce jour-là plusieurs motards ont été fauchés sur la route. Que sont-ils tous devenus? Sont-ils encore vivants, rétablis ou comme Pierre, meurtris à vie?
C'est comme si c'était hier et en même temps j'ai l'impression qu'il y a une éternité de cela.
Il s'est passé tant de choses depuis.  Au bord de la frontière vers l'autre côté du décor, Pierre s'est battu avec la force de l'espoir et a fait reculer sa dernière heure de plusieurs années.  Il avait tant de belles choses à vivre encore. L'amour est plus fort que la mort. (Je vous donne raison, Françoise Hardy).
Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille et elle joue aux montagnes russes avec mon tendre motard fauché, mon hêtre foudroyé.  Heureusement, il résiste et il a le crâne dur comme du bois.  Ça n'empêche que nous n'ayons même plus besoin de voir des films à suspens, le taxi driver du week-end se charge d'augmenter notre taux d'adrénaline. On s'en passerait bien....
Ce matin, alors que nous avions eu notre cours d'accompagnateur de chaise roulante la veille, c'est la fièvre qui a terrassé notre homme et l'a mis KO.  Pour la x ième fois, il se retrouve de nouveau avec une infection urinaire qui l'empêche de rentrer le week-end à la maison.  Il y a des jours comme ça où la pluie est si forte qu'elle finit par ruisseler sur nos joues, on se demanderait bien pourquoi...  et ce n 'est pas uniquement à cause des funérailles de Fabiola.
Allez, courage, demain ça ira mieux. Mais la crème fraîche est tenace et tarde à se transformer en beurre.


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