vendredi 26 décembre 2014

Quand lama fâché, lui toujours faire ainsi !





Me revoilà, après quelques hésitations, je reprends le clavier pour vous parler de Gunther.
Quand je suis arrivé à Pellenberg, Gunther a été le premier, parmi les revalidants,  à m’accueillir. Il s’est présenté, m’a demandé comment je m’appelais; il m’a mis à l’aise; lui sur sa chaise roulante, moi encore dans mon lit… Ses mots sonnaient justes, il a trouvé les sujets de conversation qui nous rapprochaient, il a gentiment souligné qu’on entendait que je ne suis pas néerlandophone… On avait un peu le même humour.  Impossible de l’oublier. Il n’est pas resté longtemps après mon arrivée; peut-être trois ou quatre semaines. Puis il a pu rentrer chez lui, à Hasselt. Ce lundi 22 décembre il a été enterré : il a choisi de ne plus se battre, sa Vie était trop dure, il n’en pouvait plus, limité par son corps prisonnier. Je n’ai jamais rencontré personne de sa famille (sa femme et ses deux filles), je n’ai que des images qui se sont estompées avec le temps. Voilà comment une image de quelqu’un de fort me rappelle qu’il y a aussi des limites à cette force.
Dans ma rue, il y a un autre « cassé » comme moi, arrivé il y a plus ou moins 6 semaines. Il m’a expliqué que la première semaine après son accident, il ne voulait plus vivre. Il se demandait comment il serait possible de continuer. Il est marié et a trois enfants âgés de 5 à 10 ans. Maintenant il veut vivre, être le plus possible présent à sa femme et à leurs enfants.
Deux vies, deux parcours…
Je n’ai jamais songé au suicide ! (enfin… pas au mien !) Tant de lumières me sourient, me réchauffent. Avec ou sans jambes.  Vivre, c’est une aventure magnifique, c’est une croisière qui nous fait découvrir des mondes nouveaux, à commencer par notre propre monde intérieur. J’ai l’immense chance d’avoir Madicte, les enfants, la famille, les amies et les amis, les collègues et les enfants dans les écoles. Et moi aussi ! J’ai le luxe d’avoir une chapelle à ma disposition ici à Pellenberg. J’aime y  passer, que ce soit pour confier mes larmes, ou mes sourires. Je sais aussi combien je peux me confier à vous tous !
En ces jours qui précèdent Noël, je sais à quel point Madicte est efficace et envoie nos vœux à tous. Elle est super organisée. Chapeau, chère Madame. Tes journées sont bien remplies, entre l’administratif, les mails, le ménage, les moments de repos volés au temps qui fuit. Merci pour tout ce que tu fais ma Douce !!!
En rentrant ce mercredi à la maison pour ce long WE de Noël, j’ai eu une fameuse surprise: au living pendaient des dizaines de cartes de vœux. Emilie a contacté la radio Joe FM, en expliquant que son papa avait eu un accident de moto, qu’il croit fermement aux anges gardiens, qu’il est en chaise roulante. Elle voulait me faire la surprise de recevoir des cartes avec des illustrations d’anges. Des dizaines et des dizaines d’auditeurs ont envoyé des cartes ! WAOW ! Des inconnus pour la plupart, mais aussi des amis. Il y a des cartes uniques (faites par les personnes elles-mêmes), des dessins, des textes touchants de motards, … La Vie est belle !!!
Nous avons fêté Noël à Zepperen, avec ma famille. Je me sentais peu utile ou efficace pour la préparation… Pas de soucis, la main-d’œuvre n’a pas manqué ! A 11.30 h, les neveux, enfants et beau-frère ont déplacé fauteuils, table, canapé et ont rallongé la table, déplacé des chaises d’un peu partout dans la maison. Et la fête a commencé ! Lors de leur départ, tout avait regagné sa place ! Madicte avait en plus prévu la visite d’Olivier  (qui m’a sauvé la Vie) et de sa compagne. Quand je vous dis qu’elle est terrible !
Nous avons souvent, Madicte et moi, des moments d’émotion en pensant à tout ce que vous êtes, à tout ce que vous faites pour nous ! La Vie est une leçon d’humilité ! Nous recevons tellement, de manières si différentes, parfois inattendues. C’est la main sur le cœur que nous vous disons MERCI ! Dans le même temps, nous pensons et prions si souvent pour ceux et celles qui rament, qui se battent. Je me permets de citer Annick, Anne-Sophie, Filip, Anne, Etienne, Kathleen et forcément toutes vos familles qui vivent au quotidien ces luttes de géants. Don’t give up ! Stay fighting ! Je ne doute même pas qu’il y en a parmi vous qui luttiez en silence, en secret. Vous êtes aussi présents dans notre prière ! Je pense parfois à cette sentence lue sur un document scolaire de notre grande tante Margueritte ( qui était à l’internat en Allemagne avant la première guerre mondiale) : « Aimer, sourire, souffrir et se taire ». Je suis passé par toutes sortes de réflexions par rapport à ces mots. Faut-il taire sa souffrance ? Pourquoi ? Pour quoi ? Faut-il se cacher derrière le sourire ? Ne peut-on confier, partager à l’un ou l’autre ? Chacun a sa réponse, sa ligne de conduite, ses raisons
Ces derniers temps, la progression dans la rééducation est un peu moins rapide (douleurs musculaires, prise de conscience de tout ce qui ne sera plus, …), parfois c’est décourageant. Même s’il n’est pas encore question de me renvoyer définitivement à la maison, j’appréhende un peu ce retour : serai-je suffisamment autonome ? A Pellenberg, chacun donne le maximum pour nous, les « cassés ». A nous ensuite de poursuivre ce qui nous a été donné. C’est là que la Foi, la force personnelle, le soutien, l’Amitié prennent le relai !
A tous ceux qui soupirent, nous disons : Courage ! Les jours rallongent !
Pour terminer j’ai envie de reprendre cette phrase qui figure sur les vœux de Virginie et Jacques :
« Family, where Life begins and Love never ends »
Que la joie de Noël vous couvre et vous entoure de tous ses bienfaits. Là où fragilité et force cohabitent, les promesses de Vie, d’Amour, d’Amitié, de Paix sont présentes. Pour vous tous !

Une idée musique ? Le CD de Lynda Lemay « Feutres et Pastels » : un vrai coup de cœur !

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