jeudi 25 septembre 2014

Bombardement chimique




"Il n'y a point de bonheur sans courage, ni de vertu sans combat." (J.Jacques Rousseau)

Cela fait presque une semaine maintenant que la première offensive chimique a commencé. Je ne m'attendais pas à me sentir aussi mal ....
Ce qui est assez paradoxal, c’est que je ne me sentais pas malade quand j’avais le cancer et que maintenant qu’il est enlevé et qu’on fait un traitement préventif je me suis sentie vraiment moche, surtout les 24 premières heures.  C'est une sensation très bizarre comme si votre énergie vous file entre les doigts et qu'on ne peut rien y faire. J'avais des médicaments contre les nausées, mais à part la première nuit, ce n'est pas ça qui était le plus inconfortable.  A partir du 4ième jour j'ai repris du poil de la bête, (il y en a encore jusqu'à présent ;-) )  mais je sens quand même une forme de fragilité qui m'a envahie. 
Comme la chimio diminue fortement l'immunité, il est conseillé d'être très prudent par rapport aux milieux pathogènes et d'avoir une hygiène soutenue. Se laver très souvent les mains, ne pas se trouver en contact avec des personnes malades, enrhumées, etc. ce sont des précautions à prendre, car il ne s'agit pas de se ramasser un virus ou un microbe qui m'affaiblirait davantage et qui allongerait la durée totale de la thérapie. 
Je ne vais pas devenir une ermite, mais je devrai quand même éviter les lieux de rassemblement, surtout quand la période des rhumes et de la grippe reviendra en hiver.
Mais bon, je sais que je dois passer par là.  L’oncologue m’a parlé de 6 traitements de chimio espacés de 3 semaines puis encore pendant 1 an des baxters toutes les trois semaines d’un autre produit (Herceptine, je crois) mais qui n’a pas les effets secondaires de la chimio.  Pour les rayons je semble être un cas limite, je pense donc que je vais manœuvrer pour les éviter, car vu qu’on m’a enlevé le sein entier, je ne vois pas ce qu’on pourrait encore zigouiller à part des cellules saines.... Enfin, on verra, chaque chose à son temps.

Mais passons aux bonnes nouvelles...  pour commencer, Emilie vient de décrocher un boulot comme consultante dans un bureau d'intérim après 7 mois de recherches d'emploi soutenues.  Elle a eu le courage de continuer à chercher malgré les nombreuses lettres de sollicitations restées sans réponse, les démarches prometteuses qui finissaient par aboutir sur un "Désolé vous n'avez pas assez d'expérience,  ou "Vous habitez trop loin", ou "Vous êtes trop tributaire des transports en commun" etc.
Ce n'est pas une sinécure de trouver du boulot quand on est jeune, Emilie avait beau avoir un diplôme universitaire et être parfaite trilingue, elle a eu du mal à trouver et a accepté un job sous sa qualification.  Les employeurs cherchent des personnes avec plusieurs années d'expérience. On se demanderait bien comment les jeunes qui sortent des études peuvent avoir une chance si on part du principe qu'il faut déjà avoir travaillé dans le secteur pour pouvoir y accéder.

Autre bonne nouvelle: Pierre pourra passer une journée à la maison le 4 octobre et par après, si tout se passe bien on pourra envisager un week-end.  Il faut juste encore surélever le lit, le petit ascenseur pour le déplacer du lit au fauteuil et du fauteuil au lit a été livré aujourd'hui.
Hier il a pu prendre une douche, aidé par un ergo et pour y aller il a pu utiliser une chaise roulante manuelle avec laquelle il a pu avancer tout seul avec ses mains comme seul moteur.
Nous on voit les progrès, le staff médical voit le chemin encore à parcourir, parmi les kinés certains son impatients et voudraient un peu forcer la marche en utilisant des médicaments pour dépasser davantage le seuil de la douleur lors des exercices. Nous avons clairement exprimé notre désaccord face à cette proposition.  Heureusement, le médecin traitant semblait soutenir notre point de vue, et le chirurgien orthopédiste l'a confirmé. Nous savons qu'il s'agit d'une revalidation de longue durée et il faudra prendre le temps nécessaire en évitant de provoquer des dégâts sur les lésions existantes.  Si la mutuelle rechigne à prolonger la période prévue initialement, on verra bien avec notre avocat ce qu'on peut faire.  De toute façon, c'est l'assurance de la partie tierce, responsable de l'accident qui doit en assumer toutes les conséquences. Nous, on n'a pas demandé de se retrouver dans cette galère, mais entretemps, on rame.. (je visualise une page d'un album d'Astérix; nous notre potion magique, c'est vous qui nous la donnez avec tous vos petits et grands signes de solidarité et d'amitié).
Je pense à l'histoire de ces deux grenouilles qui étaient tombées dans un seau de lait.  L'une se décourageait et arrêtant de se battre, elle s'est noyée, l'autre n'a pas cessé de se débattre pour essayer de sauter hors du seau, jusqu'au moment où le lait est devenu du beurre...
Je ne sais pas si Pierre et moi nous nous débattons encore dans du lait ou de la crème fraîche, mais en tout cas on garde la tête hors des flots.

Autre bonne nouvelle: incroyable, mais vrai, la Direction des Accidents du Travail des Personnels de l'Enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (essayez de dire ça d'une traite et vous comprendrez pourquoi c'était compliqué) a enfin après 3 mois décidé de reconnaître que l'accident de Pierre a bien eu lieu sur le chemin du travail.  Je vous épargne des anecdotes multiples et kafkaïennes qui ont illustré toute la lourdeur et la pesanteur des rouages administratifs et je garde surtout ma gratitude sincère auprès des personnes tenaces et efficaces qui ont mis toute leur bonne volonté et leur cœur pour que ce dossier aboutisse enfin. Ces personnes-là savaient qu'il y avait un ami et sa famille qui étaient dépendants de ce dossier et qu'il ne s'agissait pas de paperasses portant un numéro qu'on pouvait laisser sans état d'âme aux oubliettes.
Je me suis demandé s'il n'y avait pas une stratégie volontaire pour faire traîner les choses.  Tant qu'il n'y a pas reconnaissance, on ne peut pas introduire les factures d'hospitalisation etc. et la Fédération ne débourse rien.
Ils font comment les gens qui n'ont pas de bas de laine avec quelques réserves? Les créanciers ils n'attendent pas, eux.

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