mardi 28 juin 2016

“… reprenez à Fa Mi Fa Mi Ré…” « … et chaque fois que je l’entends c’est le printemps… »



Voilà… c’est fait, c’est fini. L’opération s’est bien passée, le Professeur est content. Le patient aussi ! Je suis surpris par ma sérénité avant l’opération, pas d’angoisse ou de panique. Il y avait de la résignation mais aussi une volonté d’aller de l’avant, sachant ce qui m’attendait quand on m’a annoncé que sans cette opération je finirais tétraplégique. Mon bras gauche était déjà sur le déclin, sans parler des douleurs dans la nuque. Voilà donc, si pas une épine hors du pied, à tout le moins un drain dans la colonne vertébrale.
A nouveau nous nous sommes retrouvés dans une situation bien connue : Madicte seule à la maison, croulant sous les nouvelles démarches administratives qui arrivent comme les inondations en cette saison. Seule avec les idées qui tournent dans sa tête : elle me voit souffrant sur mon lit, nuit et jour, impuissante à diminuer ma douleur. Et moi de mon côté, bien entouré, chouchouté par les anges en blanc. Les premiers jours ont été très douloureux ; je n’ai de ma vie jamais avalé autant d’antidouleurs et de médicaments. J’ai dû rester les trois premiers jours complètement à plat sur le dos, sans pouvoir bouger, tirer ou pousser sur mes bras. C’est long, trois jours !!! Puis mon infirmière a commencé à me redresser prudemment. Quelques étapes bien pensées jusqu’à m’amener assis au bord du lit pour faire ma toilette. Puis j’ai pu dormir sur le côté, ça fait du bien.

Me retrouvant en clinique, j’ai revécu certaines sensations, ce que l’on pourrait appeler  des « déjà vu » :
-les tranches de pain emballées dans le cellophane
-les barres froides en inox du lit
-un bracelet au poignet, pour m’identifier en cas de perte ou pour identifier mon cadavre
-les bruits du couloir, typiques d’un hôpital. Etant bloqué dans mon lit, je ne sais ni ne vois rien de ce qui se passe à l’extérieur de ma cellule.
-une très gentille dame qui est venue m’apporter la communion dimanche. Avec juste une parole « Je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Nom di djo ! quand je serai Pape, je changerai ça !!! C’est quoi ça ? Nous ne sommes pas dignes de Dieu ? Et dans le même temps nous proclamons que Dieu est Amour. S’il nous aime et que nous ne sommes pas dignes de cet Amour, je propose de fermer la boutique : il travaille pour rien… J’ai quand-même des difficultés avec « ma » religion !
Tiens, une différence avec Pellenberg : ici les chambres ont un crucifix ! Je me souviens d’une conversation à ce sujet avec un responsable de Pellenberg. On avait supprimé les crucifix parce qu’ils choquaient certains patients non croyants, ou juifs ou musulmans… Mais nom de Djeu, un établissement, une institution qui se dit chrétienne, qui soigne tout le monde en s’efforçant, dans la manière d’attribuer les soins, de respecter certaines traditions, certaines croyances propres aux patients, peut quand-même afficher son orientation philosophique! Le crucifix n’est pas une injure que l’on crache à la figure des patients ! Il ouvre ses bras en signe de bienvenue ! On ne ressort pas infecté d’un local où il y a un crucifix me semble-t-il. Pourquoi s’effacer, gommer ce que l’on est « en signe de respect pour les autres » ? Ne peut-on les respecter en restant ce que l’on est ? Il est loin le temps où la Chrétienté avait aussi comme objectif de convertir un maximum de personnes « engagées sur la mauvaise voie ». Quand viendra le temps de supprimer le mot « saint » du vocabulaire ? les noms de villes, de villages, de lieux-dits vont finir par se voir raboter. On a déjà transformé les noms des congés scolaires, qui étaient trop à consonance religieuse. Le congé de Toussaint est devenu le Congé d’Automne (congé d’automne qui est fixé en fonction d’une fête chrétienne… et d’une commémoration plus universelle – le jour des morts). Le congé de Noël est devenu Vacances d’Hiver (mais dont les dates sont fixées en fonction d’une fête chrétienne ET d’une fête laïque – Nouvel An) ; qui plus est Noël n’est pas le nom de la fête chrétienne, c’est la Nativité, Noël s’adressant à tout le monde. Le congé de Carnaval a lui fait les frais de cette rage de tout laïciser : il est devenu congé de … (oublié) alors qu’il n’a jamais été nommé en fonction de la célébration chrétienne qui se situe en son milieu. Le congé de Pâques est devenu Vacances de Printemps. Printemps… ah ah ah ! même quand la date du printemps n’est pas comprise dans le congé ! La date de Pâques peut varier: après différentes tentatives d’unification, les chrétiens ont choisi de fixer (si l’on peut dire) la date de Pâques au dimanche qui suit la première pleine lune du printemps (ce qui rend la date de Pâques très variable: entre le 26 mars (1989) et le 23 avril (2000)!! ). Le congé de "ex-Carnaval" commence donc 47 jours avant cette date mobile.
L’idée de tout laïciser devient surtout une obsession de faire table rase ! Si on change les noms des congés, mais que les dates des mêmes congés ne changent pas, c’est un peu risible.

Mais je m’excite un peu trop ! Je n’avais pas pris mon clavier pour vous parler de ça…
J’en reviens à notre vécu… Quand je suis à la maison, je vois bien comme je suis limité physiquement. Quand je suis au lit, il m’est difficile de me tourner sur le côté pour donner un bisou à Madicte, ou lui faire un câlin. D’où frustration ! Se blottir l’un contre l’autre nous manque à tous les deux, la tendresse est en manque. Je me dis parfois qu’il y a des situations injustes dans la Vie : il m’est plus facile d’avoir des contacts avec notre chat sur mes genoux qu’avec Madicte. A travailler, tout peut changer !!!

Ce mercredi, je rentre à la maison : YOUPIE ! Il y aura du boulot… On a un peu étiré et déplacé certains muscles du dos, il leur faudra du temps pour retrouver leur taille normale et leur place… Je ne sais pas encore rester plus d’une heure dans ma chaise.
Comme j’ai hâte de revoir le jardin, de m’endormir auprès de ma douce. Ce n’est que l’ordre chronologique, hein ! Je ne vais pas rentrer, me mettre au lit et le soir aller voir le jardin !

J’avais une liste de titres à retrouver sur Youtube, mais elle est restée sur mon bureau ; ce sera pour une autre fois.
Le mot MERCI est vraiment celui qui revient le plus souvent. Merci la Vie, merci les familles, merci les amis ! Vous êtes présents, vous nous soutenez ! Pas un jour sans un signe !
Merci !

C'est ma chaise!!!


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